Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Luxembourg (grand-duché de) (suite)

L’histoire récente

Elle est marquée par les deux invasions allemandes (1914 et 1940) et leurs conséquences. Pendant la Première Guerre mondiale, le pays est occupé, mais l’État subsiste et les institutions continuent à fonctionner. En 1919, le Luxembourg dénonce l’union douanière avec l’Allemagne et, devant un refus français, conclut une union économique avec la Belgique (1922), qui est toujours en vigueur et qui a donné satisfaction aux deux partenaires. Un référendum organisé en 1919 sauve la monarchie, un moment menacée, et lui assure une large assise populaire.

En 1940, la grande-duchesse Charlotte (de 1919 à 1964) et son gouvernement prennent le chemin de l’exil ; les Allemands procèdent à une annexion de fait et poursuivent une politique de germanisation forcée qui se heurte à la résistance tenace de la population (nombreuses exécutions et déportations massives). L’expérience de la guerre a profondément marqué le patriotisme luxembourgeois. Après la Seconde Guerre mondiale, le Luxembourg abandonne son statut de neutralité, entre dans le Benelux, l’O. N. U. et les grandes organisations internationales, ainsi que dans le système des alliances occidentales (O. T. A. N.) et de l’intégration européenne (C. E. C. A. et C. E. E.), ardemment désirée par les dirigeants politiques et la population. La ville de Luxembourg est le siège de certaines institutions européennes (Cour de justice, Banque européenne d’investissement, etc.).

L’évolution politique intérieure est marquée par la stabilité gouvernementale et par la prédominance du parti de la droite, devenu en 1944 parti chrétien social, au pouvoir (en coalition) de 1919 à 1974 sauf pendant une courte interruption en 1925-26. Quatre présidents du gouvernement couvrent presque toute la période : E. Reuter (1919-1925), Joseph Bech (1926-1937 et 1953-1958), Pierre Dupong (1937-1953) et Pierre Werner (1959-1974). Les élections de mai 1974 marquent un tournant : le parti chrétien-social passe dans l’opposition. G. Thorn (démocrate-libéral) forme un gouvernement de coalition avec les socialistes. Les sièges à la Chambre se répartissent ainsi : chrétiens-sociaux, 18 ; socialistes, 17 ; démocrates-libéraux, 14 ; sociaux-démocrates, 5 ; communistes, 5.

Les problèmes économiques et sociaux priment les problèmes politiques ; les groupements professionnels (syndicats ouvriers : L. A. V. socialiste et L. C. G. B. chrétien ; Centrale paysanne ; associations de fonctionnaires et d’employés, etc.) déterminent de plus en plus la politique. Sauf deux grandes grèves (1917 et 1921), la paix sociale n’a pas été menacée (système des contrats collectifs en métallurgie). Grâce à d’importants investissements, la sidérurgie luxembourgeoise a pu rester concurrentielle : 5,5 Mt d’acier en 1972. Une importante législation sociale correspond à la recherche de la sécurité, qui semble caractériser le peuple luxembourgeois. Ainsi s’explique peut-être (avec le haut niveau de vie) la grande faiblesse de la natalité : 11,8 p. 1 000 en 1972. Seul l’apport étranger empêche la mortalité de l’emporter sur la natalité. L’économie luxembourgeoise dépend de plus en plus de l’immigration étrangère, qui pose des problèmes d’intégration.

Conscientes de la faiblesse structurale de l’économie, les autorités essayent une politique de diversification industrielle. Grâce à des capitaux étrangers, le plus souvent américains, de nouvelles industries se sont installées ; c’est une véritable deuxième révolution industrielle en train de se faire. Parallèlement s’opère une importante reconversion agricole. De 1950 à 1970, la population active agricole a diminué de 60 p. 100. Un vaste mouvement de concentration s’opère au profit des exploitations supérieures à 50 ha (surface moyenne de l’exploitation en 1970 : 21 ha).

Dans le domaine religieux, on peut constater à la fois la grande vitalité du catholicisme luxembourgeois (nombreuses organisations et publications ; le plus grand journal du pays est d’inspiration catholique ; fidélité saisonnière [baptême, mariage et enterrement religieux]) et un sensible recul de la pratique religieuse (dominicale et pascale), doublé d’un rapide déclin des vocations religieuses.

Le Luxembourg d’aujourd’hui se retrouve le mieux dans son dialecte, qui, protégé par une frontière nationale, a pu progresser au point de jouer dans la vie pratique le rôle d’une langue à part entière. Il est désormais d’un usage exclusif entre Luxembourgeois ; il a fait son apparition à la Chambre des députés, à l’église, à la radio et à la télévision.

G. T.

 A. Herchen, Manuel d’histoire nationale (Soupert, Luxembourg, 1918 ; nouv. éd., Linden, 1969). / J. Meyers, Geschichte Luxemburgs (Bruck, Luxembourg, 1939 ; nouv. éd., 1972). / P. Weber, Geschichte des Luxemburger Landes (Bruck, Luxembourg, 1939 ; 3e éd., 1948 ; trad. fr. Histoire du grand-duché de Luxembourg, Office de Publicité, Bruxelles, 1939 ; 3e éd., 1957) ; Histoire de l’économie luxembourgeoise (Impr. Bruck, Luxembourg, 1951). / E. Donckel, Die Kirche in Luxemburg (Luxembourg, 1950). / A. Mast, les Pays du Benelux (L. G. D. J., 1960). / G. Trausch. Problèmes agraires à travers l’histoire du Luxembourg (Saint-Paul, Luxembourg, 1974).
On peut également consulter Bibliographie luxembourgeoise (Bibl. nat., Luxembourg, 1945 et suiv.) et la Bibliographie zur Geschichte Luxemburgs (Bibl. nat., Luxembourg, 1964 et suiv.).

Luxembourg

Capit. du grand-duché de Luxembourg ; 76 000 habitants.


L’agglomération compte plus de 90 000 habitants. L’accroissement de population de la ville est réduit aujourd’hui, mais la population des communes suburbaines a doublé entre 1945 et 1970. Malgré un chiffre de population relativement faible, Luxembourg a une grande allure urbaine par son cadre, ses monuments, son animation. À travers toute son histoire, la ville a séduit ses visiteurs.

Luxembourg occupe trois plateaux, dont l’altitude oscille de 320 à 350 m, séparés par des vallées encaissées d’une soixantaine de mètres : celle de l’Alzette, qui coule du sud vers le nord, et celle de son affluent la Pétrusse, qui vient de l’ouest. Les versants sont très raides, et la pente a parfois été accentuée dans un but stratégique.