Louisiane (suite)
En 1698, le problème de la pénétration française est repris : Pierre Le Moyne d’Iberville (1661-1706) est chargé de fonder une colonie à l’embouchure du fleuve. En mars, il construit le fort Maurepas, au nord-est de cette embouchure (auj. à Ocean Springs, en face de Biloxi, Mississippi). En 1700, un deuxième fort est établi sur le Mississippi même, et, l’année suivante, le fort Saint-Louis est édifié sur le site de l’actuelle Mobile. En 1702, le frère d’Iberville, Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville (1680-1708), est nommé gouverneur du nouveau territoire. Il s’attache à développer la ressource essentielle de celui-ci, le trafic des fourrures. Une nouvelle étape de la mise en valeur est esquissée en 1717, avec l’entrée en jeu d’une compagnie de commerce organisée par John Law* : on cherche à favoriser l’arrivée des premiers contingents notables de colons, en même temps que celle des esclaves noirs. La Nouvelle-Orléans* est fondée en 1718, en l’honneur du duc d’Orléans. Quelques plantations d’indigo commencent à fournir une ressource complémentaire à cette lointaine colonie, qui reçoit un nouvel apport de peuplement, bien modeste, avec l’expulsion des malheureux Français de l’Acadie*. L’immense territoire n’en végète pas moins, et son abandon par la France ne soulève pas de grands regrets : en 1762, la partie située à l’ouest du fleuve est, avec la capitale, cédée à l’allié espagnol, et les régions orientales reviennent à l’Angleterre par le traité de Paris l’année suivante. Mais le premier gouverneur espagnol est expulsé par les habitants de La Nouvelle-Orléans en 1768 : il faut attendre 1769 pour que soit établie l’autorité de Madrid.
L’hostilité de l’Espagne envers l’Angleterre amène cette première à soutenir les insurgents à partir de son nouveau territoire. Les suites d’une autre révolution, celle de 1789, vont mettre encore en question l’équilibre politique de la région ; par la convention secrète de San Ildefonso (1800), Bonaparte se fait céder la Louisiane occidentale par Charles IV d’Espagne, ce qui provoque un vif émoi aux États-Unis : en effet, en 1795, les Américains avaient obtenu des Espagnols de pouvoir disposer librement du Mississippi et de son embouchure pour leur commerce. Ces avantages considérables étaient donc remis en question. Jefferson joue alors sur la menace d’un certain rapprochement avec la Grande-Bretagne, ce que redoute particulièrement Bonaparte en cette période où la tension se développe. Aussi, avec réalisme, celui-ci est-il conduit à revenir sur l’acquisition : la Louisiane est revendue aux États-Unis pour 15 millions de dollars (traité du 30 avril 1803) ; la région, qui s’étendait jusqu’à l’actuel Dakota du Nord, doublait ainsi la superficie des États-Unis... à un prix inférieur à trois cents de l’acre.
S. L.
La littérature
V. francophones (littératures).