Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Los Angeles (suite)

L’industrie

La fonction industrielle tient la première place dans les activités économiques, représentant une valeur ajoutée de 10 milliards de dollars, et fait de cette agglomération le troisième centre industriel des États-Unis, après celles de New York et de Chicago. L’industrie constitue la première source d’emploi (817 000 personnes, soit 28,2 p. 100 de la population active). Il en est de même dans la conurbation d’Anaheim - Santa Ana (122 000 personnes). L’industrie est au second rang dans celle de San Bernardino - Riverside (53 300 emplois).

Les branches industrielles les plus anciennes et encore les plus importantes sont la construction aéronautique, la construction automobile et la production cinématographique. À elle seule, la construction aéronautique fournit 32 p. 100 des emplois industriels. Cette industrie s’est fixée et développée en Californie du Sud grâce aux conditions climatiques : le grand nombre de jours de ciel clair favorisait les vols d’essai, et l’absence de rigueurs hivernales permettait le montage des avions en plein air. L’industrie aéronautique, dont les débuts remontent aux années 1910, prit une certaine importance pendant la Première Guerre mondiale ; au cours de la Seconde Guerre mondiale, notamment du fait des opérations dans le Pacifique, elle connut une grande expansion. L’après-guerre fut une période de concentrations successives au profit des deux principales entreprises actuelles, North American Rockwell, à El Segundo (sur la côte), qui emploie 130 000 personnes et fabrique des avions militaires et des équipements de véhicules spatiaux, et Lockheed Aircraft, à Burbank (nord de Los Angeles), qui emploie également 130 000 personnes et produit des avions militaires. Ces usines utilisent d’ailleurs des éléments fabriqués dans d’autres centres industriels (des moteurs surtout). Avec la construction des avions à réaction et éventuellement des appareils supersoniques, cette industrie se déplace progressivement vers le désert Mojave (où elle trouve plus de place tout en éloignant les zones de bruit des aires urbanisées).

La construction automobile date de 1917 ; elle est peu à peu tombée sous la dépendance des grands de l’automobile de Détroit et des métallurgistes de Chicago et de l’Ohio, qui fournissent coques, moteurs et pièces à une dizaine d’usines où on les assemble en voitures particulières, camions, engins de travaux publics, semi-remorques et maisons-roulottes (trailers).

Au début de ce siècle, l’industrie du cinéma s’est fixée en Californie du Sud grâce à la qualité originelle du climat. Hollywood connut son âge d’or entre les deux guerres ; 100 000 personnes travaillaient dans ou pour les studios de cinéma. Depuis 1950, on a assisté, d’une part, à la dispersion de ceux-ci dans l’agglomération (San Fernando, Burbank, Culver City) et les États voisins (dans l’Arizona, où l’on tourne les westerns) ; d’autre part, à une conversion partielle du film commercial au film de télévision.

Une série d’industries sont nées comme « sous-produits du cinéma », celles des produits de beauté et cosmétiques, de la confection, de l’impression et de l’édition, des appareils d’optique, d’enregistrement et de télécommunication, de l’ameublement, des matériaux de construction (bois importés), de l’électroménager. Après avoir travaillé surtout pour une clientèle de luxe, elles desservent aujourd’hui un gigantesque marché local et une grande partie de la Californie et des États de l’Ouest.

Les industries alimentaires se sont développées en même temps que l’agriculture irriguée de la Californie méridionale. Si la plupart des vergers, des cultures et de l’élevage laitier de la plaine littorale et des vallées de San Bernardino et San Fernando ont disparu par suite de l’expansion urbaine, la Vallée Impériale, la vallée de Santa Clara et le sud de la Vallée centrale fournissent la matière première des conserveries de Los Angeles ; les États de l’Ouest livrent moutons et agneaux aux abattoirs d’une ville qui consomme beaucoup de viande ovine ; les pêcheries alimentent les conserveries de thon et de sardine de San Pedro.

Los Angeles est aussi un siège d’extraction pétrolière ; les puits se dispersent dans l’agglomération elle-même, à Signal Hill, Torrance et Culver City ; des raffineries se dressent à Redondo Beach, Wilmington, Long Beach.

Des industries chimiques (plastiques, caoutchouc synthétique) sont nées à l’ombre des raffineries (Los Angeles est le deuxième centre de fabrication de pneus après Akron). Les évaporites de sodium, potassium, brome extraites des déserts de Californie méridionale et des États voisins alimentent d’autres industries.

Par suite de l’expansion des industries utilisatrices de métal (construction automobile et aéronautique, exploitation minière, construction d’autoroutes intra-urbaines, d’aéroports, d’aqueducs et d’oléoducs), l’agglomération consomme de très grandes quantités de métaux légers et surtout d’acier. Longtemps tributaire de l’Est pour l’acier, elle possède depuis la guerre des hauts fourneaux et laminoirs (usine Kaiser à Fontana dans la conurbation de San Bernardino) ; les États voisins, notamment l’Utah, fournissent le charbon à coke, le calcaire et le minerai, mais les aciéries consomment aussi beaucoup de ferrailles (carcasses d’autos).


Le rôle commercial

Par son poids démographique et industriel, Los Angeles exerce une influence économique sur tout le Sud-Ouest des États-Unis — jusqu’au domaine commercial de Dallas et de Denver, dont elle a capté la partie occidentale —, sur les États intérieurs et sur une grande partie de la Californie. De cet arrière-pays, elle tire les matières premières, y compris l’eau, le pétrole et le gaz naturel, ainsi que les denrées agricoles (légumes, fruits, viande, lait) réclamées par sa population et ses industries. À son arrière-pays, elle vend ses produits manufacturés (autos, pneus, produits chimiques, appareils de radio, de photo, de télévision ; conserves ; avions ayant un marché national) ainsi que le pétrole raffiné. Aussi est-elle un grand centre commercial possédant sociétés de transport, maisons de gros, banques, compagnies d’assurances. C’est un nœud ferroviaire et routier dont l’importance est due moins à la situation de Los Angeles qu’à son poids économique. L’agglomération est dotée d’un grand aéroport international et, pour la desserte nationale et locale, d’une douzaine d’aéroports publics ou privés.