Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Lombards (suite)

La fin de l’État lombard

Converti officiellement au catholicisme par Aribert Ier (653-661), unifié par l’ancien duc de Bénévent, Grimoald (662-671), l’État lombard met fin en 680 au conflit qui l’oppose aux Byzantins et en 698 au schisme d’Aquilée sous les règnes de Perctarit (671-688) et de Cunincpert (688-700). La paix est maintenue par Aribert II (701-712), mais elle est rompue par Liutprand (713-744), qui occupe temporairement Ravenne de 732 à 733 et assiège Rome en 739. Ratchis (744-749), incapable de poursuivre cette politique, est éliminé par son frère Aistolf (749-756), qui s’empare enfin de Ravenne en 751. Contraints de restituer au pape leurs conquêtes à l’issue des deux expéditions de Pépin le Bref en Italie en 754 et en 756, les Lombards sont finalement vaincus par Charlemagne, qui se substitue à leur dernier roi, Didier (756-774), et qui oblige le dernier duc de Spolète, Hildebrand, à faire sa soumission.

Mais il faut attendre 1047 pour qu’achève de disparaître avec la dynastie ducale de Bénévent la dernière trace du peuple lombard, dont la langue survit dans les seuls toponymes en -fara et en -engo.

P. T.

➙ Barbares / Italie.

 E. Schaffran, Die Kunst der Langobarden (Iéna, 1941). / B. Löfstedt, Studien über die Sprache der langobardischen Gesetze (Stockholm, 1961). / L. Musset, les Invasions, t. I : les Vagues germaniques (P. U. F., coll. « Nouvelle Clio », 1965). / G. Barni, la Conquête de l’Italie par les Lombards (A. Michel, 1975).

Lombardie

En ital. Lombardia, région du nord de l’Italie.



La géographie

La Lombardie est la première région économique italienne. S’étendant sur 23 834 km2, elle rassemble plus de 8,8 millions d’habitants (la densité moyenne, supérieure à 370 habitants au kilomètre carré, est, après celle de la Campanie, la plus forte densité régionale du pays). Divisée en neuf provinces (Bergame, Brescia, Côme, Crémone, Mantoue, Milan, Pavie, Sondrio et Varese), elle a pour capitale Milan*. Elle est limitée au nord par la Suisse, à l’ouest par le Piémont, au sud par l’Émilie, à l’est par la Vénétie.


Le milieu

Les données physiques sont un élément d’explication de la prospérité lombarde. Elles se caractérisent par une grande variété avec de nombreuses potentialités économiques. Sur le plan du relief, comme de la structure, la Lombardie présente trois grandes unités d’extension inégale : la montagne (40 p. 100 de la superficie), les collines (14 p. 100) et la plaine (46 p. 100). La partie nord de la région est occupée par une zone montagneuse dans laquelle serpente la frontière italo-suisse. La structure est complexe, et la variété lithologique très grande. Elle se divise en deux unités : les Alpes Lépontiennes et Rhétiques, aux confins de la Suisse (avec de nombreux sommets entre 3 000 et 4 000 m), et les Préalpes, plus au sud. L’action de l’érosion glaciaire, alliée à des phénomènes structuraux, a mis en évidence de grandes vallées (comme celle de l’Adda : la Valteline) et a créé de grands lacs (Majeur, Côme, Iseo, Garde). Ces montagnes apportent à l’économie régionale, outre les produits de la montagne (élevage, bois, industries extractives), l’hydro-électricité et sont animées par le tourisme. Elles sont parcourues par des voies de communication essentielles pour l’Italie et qui aboutissent à des passages transalpins ; l’axe majeur est ici la route du Saint-Gothard (en territoire suisse). En contrebas des Alpes se localisent des collines morainiques disposées en arcs autour des lacs. La plaine leur succède au sud, divisée en deux bandes distinctes. Au nord de Milan s’étend la « haute plaine », formée d’alluvions grossières ; sèche et perméable, de faible valeur agricole, elle est le lieu préférentiel des implantations industrielles. Au sud de Milan, les horizons monotones de la « basse plaine » (moins de 100 m d’altitude) s’abaissent lentement vers le Pô ; imperméable à cause des fines alluvions qui la constituent, humide, intensément irriguée grâce aux résurgences des eaux infiltrées dans la haute plaine (les fontanili), la basse plaine est très riche sur le plan agricole. Collines et plaine sont traversées par des cours d’eaux abondants (Tessin, Adda, Brembo, Serio, Oglio, Mincio). Sur l’ensemble de la région règne un climat assez rude, de type continental, avec des hivers froids, des étés chauds et humides, des brouillards fréquents. Ce climat s’aggrave en montagne avec l’altitude ; par contre, il s’adoucit considérablement sur les rives des lacs subalpins, où la présence des masses d’eau lacustres atténue les effets de la continentalité (d’où l’essor précoce du tourisme dans ce secteur).


L’économie

Ces conditions favorables, les Lombards ont su remarquablement les exploiter au cours des siècles. La Lombardie, héritière d’un prestigieux passé médiéval, a été une terre disputée. Son passage sous la domination autrichienne a été marqué par la transformation de l’agriculture (cadastre, grande agriculture fondée sur l’élevage dans la basse plaine et développement du mûrier, et donc du ver à soie, dans la haute plaine). Des capitaux et des hommes se sont ainsi accumulés. Après l’unité italienne, l’ouverture du Saint-Gothard (1882), l’utilisation de l’électricité (société Edison en 1884), la Lombardie est devenue cette éminente région économique que l’on observe aujourd’hui. Elle attire à elle des travailleurs de toutes les autres régions italiennes, surtout vers les foyers urbains de la plaine. Elle groupe aujourd’hui 15 p. 100 de la population italienne, mais participe pour 21 p. 100 à la formation du revenu national ; le quart des dépôts bancaires du pays, le cinquième des voitures, les deux cinquièmes des sociétés par actions... se trouvent en Lombardie. Dans tous les domaines de la vie économique nationale, la région occupe une place de choix.

Sur le plan agricole, la Lombardie vient au deuxième rang, après l’Émilie. La présence de vastes exploitations, le haut niveau de mécanisation, le recours intensif aux engrais chimiques, un dense réseau de canaux d’irrigation confèrent à cette agriculture un caractère très moderne. Avec 6 p. 100 de la main-d’œuvre nationale, la région assure 10 p. 100 de la valeur totale de la production agricole. Dans la montagne, à côté de l’exploitation forestière, on pratique surtout l’élevage bovin et les cultures céréalières, ainsi que, là où les conditions climatiques s’y prêtent, l’arboriculture fruitière et la viticulture (dans la Valteline par exemple). Avec des nuances, un tableau analogue s’observe dans les collines (fruits et vigne du sud de la province de Pavie, l’« Oltrepo pavese »). La prospérité agricole s’affirme surtout dans la basse plaine. Les céréales n’occupent pas la plus vaste superficie, mais, grâce à de forts rendements (55 q/ha pour le blé), la Lombardie tient la première place en Italie pour la production de maïs et la deuxième pour celle de blé et celle de riz. Il y a d’autres cultures, comme celles de la betterave à sucre et des légumes. Les plantes fourragères sont encore bien plus importantes. Le système d’irrigation par l’eau à température constante issue des fontanili (sans gel hivernal) permet sept ou huit fauches par an. L’élevage bovin (près de 20 p. 100 du troupeau italien), qui en bénéficie, place la région au tout premier rang pour le lait, le beurre, le fromage ; l’élevage porcin est aussi développé (18 p. 100 du pays). Un dernier trait à relever est l’extension des peupliers dans la basse plaine.