Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Loire. 42 (suite)

Le département s’insère parfaitement dans la région Rhône-Alpes et dans l’orbite de Lyon grâce à l’orientation privilégiée des axes de communication (Saint-Étienne vers Lyon et vers Roanne), à l’aéroport de Bouthéon et à l’implantation d’universités. Malgré une carence de personnel tertiaire dans la région (33 p. 100 des actifs, 57 p. 100 dans le secondaire), Roanne (56 498 hab.) et la conurbation stéphanoise (440 000 hab.) confirment leur vocation industrielle, tout en favorisant le tourisme moderne par le lac de Grangent et le parc régional du Pilat.

R. D.-C.

➙ Rhône-Alpes (Région) / Roanne / Saint-Étienne.

Loire (Haute-). 43

Départ. de la Région Auvergne ; 4 965 km2 ; 205 491 hab. Ch.-l. Le Puy. S.-préf. Brioude et Yssingeaux.


Il correspond à l’ancienne province du Velay (à laquelle s’ajoute une partie de la Basse-Auvergne [Brivadois]). Le relief est, dans l’ensemble, élevé et compact. Les seuls reliefs en creux, peu étendus, sont assez hauts : limagne de Brioude, bassin de Paulhaguet (où se maintiennent des marnes et calcaires de l’Oligocène, 430 à 550 m) et bassin de Langeac (simple creux dans le socle, avec un lambeau de schistes houillers, qui furent exploités) sur l’Allier ; bassin du Puy (dont le fond oligocène est à plus de 600 m et est encombré de reliefs résiduels volcaniques bien plus élevés, jusqu’à 900 m) et petites dépressions de l’Emblavès et de Bas-en-Basset sur la Loire. La place du volcanisme est grande. À l’est, le puissant massif du Mézenc-Mégal (sommets entre 1 300 et 1 754 m) s’est formé au Miocène supérieur et au Pliocène. Il comprend quelques plateaux basaltiques (Fay, Saint-Front, Champclause), morcelés par les rivières du réseau de la Loire (Lignon), mais surtout de puissants appareils, répartis en deux bandes de direction armoricaine (nord-ouest - sud-est) culminant au Mégal au nord, au Mézenc au sud, et principalement formés de phonolites très dures, souvent découpés en prismes et écailles, et ceinturés d’énormes éboulis. Entre Loire et Allier, sur plus de 60 km de long et 15 à 20 de large, s’étend le Devès, formé au Villafranchien. De vastes plateaux basaltiques (Cayres à l’est, Saint-Jean-Lachalm à l’ouest) sont surmontés de cônes alignés nord-sud. Certains de ceux-ci sont complexes (la Durande, les Sucs de Breysse) ou assez vastes (cratère du lac du Bouchet), mais la plupart sont de modestes hauteurs aux pentes adoucies et cultivées (les Gardes). Des coulées tardives se sont édifiées dans la vallée de l’Allier déjà creusée (Prades-Monistrol-d’Allier). Le socle occupe cependant l’essentiel. À l’ouest, c’est la lourde échine de la Margeride, dissymétrique, frangée, sur son flanc oriental adouci, d’encoches — tel le bassin de Saugues (950 m alors que la ligne de faîte est à plus de 1 400 m). Elle domine, au nord, la plate-forme du plateau de Montchamp (Cantal). Au nord et à l’est, les plateaux de La Chaise-Dieu, Craponne-sur-Arzon, Yssingeaux (800-1 000 m) ondulent lourdement entre les vallées mûres et quelques gorges.

Le climat est de nuance semi-continentale : précipitations très modérées (700 à 1 000 mm) à répartition saisonnière, hiver rude, mais peu neigeux (la hauteur cumulée de neige est inférieure de moitié à celle du Cantal ou des monts Dore), ensoleillement élevé (2 000 heures), mais faible au printemps, été chaud, importance relative de types de temps stables. De telles conditions sont favorables au pin, typique dans le paysage vellave, et avaient permis l’extension d’une agriculture peuplante, fondée sur le champ de blé ou de seigle, les fèves, les lentilles, complétée par l’élevage du mouton sur des landes soumises aux essarts temporaires et par des industries à domicile (broderie, passementerie, tissage) ou en ateliers ruraux dispersés (travail des métaux en Yssingelais). Cela n’excluait pas les différences régionales. La Margeride au sol très maigre avait bien peu de cultures et recevait les moutons transhumants du Languedoc. Le Brivadois et les gorges de l’Allier (Saint-Ilpize) virent se développer la vigne, qui atteignit son plus grand développement à la fin du xixe s. Les bassins étaient très polyculturaux et laissaient une place notable aux noyers et autres arbres fruitiers. L’Yssingelais, plus tardivement colonisé, avait par la suite davantage développé les industries sous l’influence stéphanoise. Ainsi, la Haute-Loire put atteindre près de 50 habitants au kilomètre carré au xviiie s. et 65 lors du maximum (320 000 hab.) de 1886, avec, d’ailleurs, des différences de temps dans l’accroissement : un déclin se manifeste dès la première moitié du xixe s. dans les vallées de l’Allier et de l’Alagnon, tandis que l’Yssingelais prolonge longtemps son augmentation. La chute, depuis, est importante, et, entre 1968 et 1975, la Haute-Loire a été un des rares départements français à perdre encore des habitants (3 000). En 1975, la population des communes rurales atteint encore 58 p. 100 du total, et les villes n’ont gagné que 9 000 habitants entre 1968 et 1975. L’agriculture tend à s’homogénéiser (disparition de la vigne, extension de l’élevage — surtout bovin naisseur et mouton — sur les plateaux cristallins). Des progrès ont été faits (le Devès, ancien ségala, assure de bons rendements en blé), mais les transformations agricoles sont handicapées par l’éloignement des marchés (viande et beurre expédiés vers Saint-Étienne, mais aussi vers les villes du Midi, Lyon, Paris) et par l’insuffisance des services en milieu rural plus que par la taille trop modeste des exploitations. L’essor certain du Puy est dû davantage au commerce et au rôle de relais dans l’émigration qu’à l’industrialisation. L’industrie moderne, surtout mécanique, apparaît dans l’orbite de Saint-Étienne (Aurec-sur-Loire, Sainte-Sigolène) ou de Clermont-Ferrand (matériel chimique à Brioude), mais ponctuellement et avec une ampleur limitée. L’enclavement, auquel on essaye de remédier par l’aménagement des R. N. 102 (vers Clermont) et 88 (vers Saint-Étienne), est accru par l’abandon progressif des lignes de chemin de fer. Le tourisme populaire diffus a pris une grande extension, surtout dans l’est et le sud, où il attire de nombreux Stéphanois, Méridionaux et Lyonnais.

P. B.

➙ Auvergne / Puy (Le).