Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Linder (Max)

Acteur et metteur en scène de cinéma français (Saint-Loubès, Gironde, 1883 - Paris 1925).


Issu d’une famille de riches viticulteurs, très vite passionné par le théâtre, le jeune Gabriel Leuvielle, après avoir fait ses débuts sur une scène bordelaise, part en 1904 à la conquête de Paris. Mais la capitale n’est guère tendre pour ce petit provincial idéaliste : après avoir échoué au Conservatoire, il n’obtient que de maigres rôles au théâtre de l’Ambigu dans le répertoire boulevardier. S’il interprète quelques pochades cinématographiques chez Pathé (son premier essai, la Première Sortie d’un collégien, date de 1905), c’est semble-t-il plus par nécessité économique que par conviction profonde. Mais sans doute se trompe-t-il sur ses véritables dons : celui qui vient d’adopter le pseudonyme de Max Linder (en référence aux noms et prénoms de deux comédiens qu’il admire : Marcelle Lender et Max Dearly) n’est pas un tragédien, pas même un comparse de mélodrame. Il a le talent d’un clown, mais d’un clown qui aurait choisi délibérément de rompre avec la tradition de l’ « amuseur de music-hall », sorte de pochard dépenaillé dont les répliques et les mimiques étaient à l’époque stéréotypées à l’extrême. Max Linder invente un personnage comique quelque peu anticonformiste : il sera un jeune bourgeois coquet et fort soigné de sa personne (jaquette, pantalon rayé, chapeau haut de forme, souliers vernis, guêtres, gants blancs, canne à la main) qui réclamera du public une attention et une complicité plus profondes. Pendant neuf années, de 1905 à 1914, il va interpréter de très nombreux petits films sous la direction de Lucien Nonguet, Louis Gasnier, Ferdinand Zecca, Albert Capellani, Georges Monca et René Leprince. Sa popularité, déjà grande à l’époque des Débuts d’un patineur (1907), s’amplifie lorsque son grand rival, André Deed, décide de poursuivre sa carrière en Italie. Le jeune « gandin » (dandy à la fois galant, cynique et maladroit) devient une vedette internationale, et sa gloire parvient aux oreilles des producteurs américains. En 1916, alors qu’il fait une cure à Contrexéville — les problèmes de santé ne vont plus guère le quitter et contrecarreront désormais profondément tous ses projets —, il rencontre George K. Spoor, qui lui propose de venir en Amérique. Spoor cherchait surtout à freiner la gloire naissante de Charlie Chaplin (qui venait de quitter la firme Essanay pour la Mutual) en lançant sur le marché américain une autre grande vedette comique. Parti pour les États-Unis en octobre 1916, Max Linder tourne Max en Amérique (Max comes across), puis Max veut divorcer (Max wants a Divorce), mais sa santé est de plus en plus chancelante. Il quitte bientôt Chicago pour la Californie, où il est le héros de Max en taxi (Max in a Taxi). Mais l’association Max Linder - Essanay est un échec commercial. Entre Charlie Chaplin et le Français s’établissent alors des rapports relativement amicaux, qui pourtant ne sont pas dépourvus d’ambiguïté (Chaplin reconnaîtra plus tard ce qu’il devait à Linder sur le plan artistique, mais refusera toujours de s’étendre sur la période où ils furent directement concurrents). De retour en France en juillet 1917, Max Linder passe quelque temps dans un sanatorium en Suisse, joue un rôle dans le Petit Café de Raymond Bernard, repart pour Hollywood en 1919 réaliser pour le compte des Artistes associés Sept Ans de malheur (Seven Years Bad Luck, 1921), Soyez ma femme (Be my Wife, 1921) et l’Étroit Mousquetaire (The Three Must-Get-There, 1922).

Ces trois œuvres (la dernière surtout, où triomphe le gag anachronique) remportent un grand succès d’estime. Mais peut-être la gloire arrive-t-elle trop tard ? Max Linder revient une nouvelle fois en France, tourne Au secours (1923) sous la direction d’Abel Gance, réalise le Roi du cirque (1925) à Vienne avec la collaboration d’Édouard-Émile Violet, commence l’Évasion du chevalier Barkas, puis abandonne le film après quelques prises de vues. Neurasthénique, préoccupé par divers problèmes personnels (il avait épousé Helene Peters en 1923, et cette union, combattue par la famille de sa femme, ne sera guère heureuse), il semble perdre peu à peu son enthousiasme créateur. Au moment où la presse annonce un dernier projet (le tournage du Chasseur de chez Maxim’s avec Max Dearly), Max Linder se suicide en compagnie de son épouse le 31 octobre 1925.

Première grande vedette internationale comique, Max Linder n’a pas toujours été apprécié à sa juste valeur. Si ses premiers sketches peuvent paraître relativement peu inventifs, c’est qu’on est tenté de les juger par rapport à l’exubérance de certaines bandes burlesques américaines postérieures qui s’en sont pourtant largement inspirées. Mais, dès qu’il eut défini avec précision son personnage, Max Linder acteur, scénariste, réalisateur peut être avec justice considéré par certains comme un créateur à part entière et comme le grand pionnier du rire cinématographique. Louis Delluc, dans un mouvement d’enthousiasme, n’hésitait pas à affirmer en 1919 qu’il était « le grand homme du cinéma français ».

J.-L. P.

 C. Ford, Max Linder (Seghers, 1966). / J. Mitry, « Max Linder », dans Anthologie du cinéma, t. II, (C. I. B., 1966).

linéaire (application)

Application f d’un espace vectoriel E dans un espace vectoriel F, tous deux construits sur le même corps commutatif K, telle que :

∀ : « pour tout », ou « quel que soit », est le quantificateur universel ; ∈ : signe d’appartenance à un ensemble ; si u ∈ E, f (u), image de u par f, appartient à F.


Les égalités (1) et (2), traduisant le caractère linéaire de l’application f, peuvent être résumées en une seule :

en effet, l’égalité (1) s’obtient en prenant dans (3) λ = μ = 1, et l’égalité (2) en prenant μ = 0, λ ≠ 0.

Exemples.

1. L’application f : ℝ → ℝ (ensemble des nombres réels) telle que est linéaire.

2. Dans le plan, l’homothétie qui à tout point M de ce plan associe le point M′ tel que O étant un point fixe et k un réel non nul, est linéaire (E = F = le plan euclidien).