Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

ligne latérale (suite)

Les mécanorécepteurs du système latéral des Vertébrés aquatiques sont fondamentalement identiques à ceux de l’oreille interne ; comme eux, ils sont sensibles aux vibrations, et ils jouent donc un rôle acoustique souvent fort important, surtout chez les Poissons, où l’oreille interne reste essentiellement un organe statique. Les neuromastes des Requins sont sensibles aux vibrations sonores comprises entre 20 et 1 000 Hz, et ceux des Poissons osseux aux vibrations comprises entre 50 et 400 Hz. Il s’agit donc, dans tous les cas, de sons relativement graves.

On associait autrefois au système acoustico-latéral les ampoules de Lorenzini des Sélaciens et les vésicules de Savi des Torpilles. On a récemment montré qu’il s’agissait là d’électrorécepteurs sensibles aux champs électriques. (V. électricité animale.)

R. B.

 P. P. Grassé et C. Devillers, Précis de zoologie, t. II : Vertébrés (Masson, 1965). / P. H. Cahn (sous le dir. de), Lateral Line Detectors (Bloomington, Indiana, 1967).

lignite

Charbon de couleur souvent brune, riche en eau et à forte teneur en matières volatiles. Son pouvoir calorifique est faible, le tiers en moyenne de celui de la houille.


Les auteurs étrangers distinguent souvent les lignites proprement dits, ou charbons bruns, et les lignites noirs. Ces derniers, plus pauvres en eau et en matières volatiles, forment transition avec les charbons bitumineux.

Les gisements de lignite sont d’âges variés, généralement secondaire ou tertiaire, et les réserves les plus importantes se trouvent dans des zones de plaine ou de bassins. La transformation de la matière organique a été moins profonde que dans les gisements soumis à des pressions ou des températures plus élevées, si bien que la structure demeure proche de celle de la matière végétale, qui a donné naissance aux couches productives.

Les réserves mondiales de lignite sont difficiles à évaluer : les attributions sont parfois imprécises. Les réserves de charbon, très considérables, de l’Ouest américain sont comptées tantôt comme charbon, tantôt comme lignite. Au total, il semble que les réserves de lignite soient plus faibles que celles de charbon, si l’on fait abstraction de l’Amérique du Nord.

Avec des propriétés très inférieures à celles de la houille et des hydrocarbures, des réserves médiocres, un faible pouvoir calorifique qui interdit les transports à longue distance, on pourrait s’attendre à une extraction faible et à une sensibilité très grande à l’égard des énergies concurrentes. Il n’en est rien. Alors que la production mondiale de charbon n’est que de 50 p. 100 supérieure à celle de 1929, celle de lignite a crû de 250 p. 100.

Les avantages du lignite tiennent aux conditions mêmes de la mise en place des gisements. Il s’agit généralement de couches déposées au Tertiaire, par bancs très épais, dans des zones dont la structure est calme. L’extraction peut se faire à ciel ouvert, en utilisant des moyens mécaniques qui permettent une productivité élevée. Il faut avoir vu les carrières de la Ville, à l’ouest de Cologne, pour mesurer la puissance des équipements mis en œuvre : on décape 100 m de morts-terrains sur plusieurs kilomètres de front pour atteindre le lignite et l’on utilise une gamme extraordinaire d’engins lourds, de suceuses, d’excavatrices.

La facilité d’extraction ne suffirait pas à faire de la production une affaire avantageuse s’il fallait transporter le lignite sur de longues distances. On a appris en Allemagne, depuis le début du siècle et surtout entre les deux guerres mondiales, à l’utiliser sur place. On le brûle dans des centrales thermiques et on l’utilise comme matière première de l’industrie chimique.

Jusqu’en 1940, l’extraction du lignite est demeurée une spécialité allemande : le pays fournissait près de 80 p. 100 des 250 Mt alors produits dans le monde grâce aux gisements du bassin de Cologne, de Saxe et de Lusace. Depuis la Seconde Guerre mondiale, la production a progressé notablement en Allemagne fédérale (123 Mt environ) et a fait un bond prodigieux en Allemagne de l’Est (246 Mt, 30 p. 100 d’une production mondiale voisine de 850 Mt). Ce dernier pays a réussi à construire une économie industrielle puissante sans disposer d’autres sources d’énergie, et son industrie chimique est presque totalement dépendante du charbon brun.

Dans les pays de l’Est, on a compris la leçon allemande. Le centralisme économique permet d’engager les investissements massifs que nécessite la mise en valeur des gisements. Les ressources sont abondantes dans les plaines et les bassins des pays danubiens, dans le monde hercynien ou dans la plaine du Nord. La Tchécoslovaquie (86 Mt) a fait un très gros effort dans ce domaine. La Pologne, la Bulgarie, la Yougoslavie, la Roumanie et la Hongrie sont des producteurs moyens. En U. R. S. S., on a poussé la mise en valeur du gisement de Toula, au sud de Moscou, et des gisements de l’Oural.

Ailleurs, la production de lignite demeure négligeable. Certains pays sont incapables de se donner les structures concentrées que nécessite l’exploitation des gisements, ce qui explique la médiocrité de l’extraction dans les pays du tiers monde qui possèdent des ressources. L’Europe occidentale est peu dotée. La France exploite pourtant le bassin de Gardanne (près de Marseille) et celui d’Arjuzanx (dans les Landes). Ailleurs, les bassins sont souvent trop loin des zones de peuplement pour que la production électrique y soit intéressante (c’est le cas de l’Amérique du Nord). L’Australie, dont les gisements sont dans l’Est, fait exception.

Le lignite est une source d’énergie de substitution. Il ne convient pas à la sidérurgie (malgré les expériences allemandes ou soviétiques), et la production d’essence synthétique est peu économique. Le lignite permet de créer des bases énergétiques électriques puissantes ou d’alimenter une industrie chimique organique. Les nuisances sont élevées et elles ont été longtemps sous-estimées : la pollution atmosphérique est particulièrement grave en Allemagne de l’Est et en Tchécoslovaquie dans les régions de forte concentration de la production. Un peu partout, les zones bouleversées par l’exploitation se révèlent difficiles à récupérer et à remettre en valeur.

P. C.

➙ Électricité / Énergie / Houille.