Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

ligne électrique (suite)

Pour les lignes à très haute tension, on est obligé d’utiliser des câbles creux de très fortes sections, ayant un diamètre extérieur supérieur à celui d’un câble plein, mais, comme le gradient de potentiel est diminué, on peut conserver un écartement entre conducteurs acceptable. En basse tension, on utilise des lignes aériennes isolées, tandis qu’en haute tension on fait appel à des conducteurs nus. En moyenne tension, on emploie de plus en plus des torsades isolées.


Armement

On appelle ainsi la disposition des conducteurs entre eux, qui doit être telle que le coefficient de self et le coefficient de mutuelle induction soient identiques par phase pour que les chutes de tension par phase soient égales. Les conducteurs doivent être suffisamment écartés pour qu’il ne puisse y avoir contact par suite d’oscillations ou de flottements. Dans le cas d’une ligne en cuivre utilisée jusqu’à 60 kV, on détermine l’écartement E entre isolateurs en utilisant la formule empirique :

dans laquelle on exprime l’écartement E entre isolateurs en mètres, la tension U en kilovolts et la portée P de la ligne en mètres. Il existe pour celle-ci une valeur optimale, dite portée économique, qui est de l’ordre de 40 à 60 m pour les lignes à basse tension sur supports en bois, de 80 à 120 m pour les lignes à basse et à moyenne tension sur supports en béton, et de 140 à 220 m pour les lignes à haute tension sur poteaux en béton ou en fer.

E. D.

➙ Câble électrique / Canalisation / Coupure (appareil de) / Distribution industrielle de l’électricité / Électrification / Poste / Transport à très haute tension.

ligne latérale

Organe sensoriel cutané, caractéristique des Vertébrés aquatiques, des Poissons et des larves d’Amphibiens.


Situé au milieu des flancs et sur la tête, cet organe est sensible aux mouvements de l’eau ainsi qu’aux vibrations de faible fréquence ; on l’appelle souvent système acoustico-latéral.

La ligne latérale a été décrite en 1664 par N. Sténon, qui voyait en elle un organe muqueux. C’est L. Jacobson, en 1813, qui l’interpréta comme un organe sensoriel, et R. Knox, en 1825, qui montra qu’elle était à la fois sensible aux mouvements de l’eau et para-acoustique. La ligne latérale, située en général au milieu du flanc des Poissons, relie la région suprapectorale au pédoncule caudal. Elle a une origine épidermique et provient de l’évolution de placodes (épaissements) d’origine céphalique, sauf chez les Téléostéens. Ces placodes se creusent en gouttières (cas de quelques Requins primitifs) ou se referment en tubes sous-cutanés reliés à l’extérieur par des pores. Chez de nombreux Poissons osseux, ces pores s’ouvrent au centre d’écailles. Dans la région antérieure, la ligne latérale se prolonge en un ensemble complexe de lignes latérales céphaliques formant la commissure supratemporale, le canal supra-orbitaire, le canal postorbitaire, puis infraorbitaire, le canal hyomandibulaire (Poissons cartilagineux) ou préoperculaire (Poissons osseux) et le canal mandibulaire. Chez les Poissons osseux, ces lignes céphaliques sont incluses dans des manchons osseux appartenant aux « os à canaux ».

Ligne latérale et canaux céphaliques comportent, entre deux pores externes, un amas de cellules sensorielles, le neuromaste. Chaque neuromaste comporte entre dix et cent cellules mécanoréceptrices au milieu de cellules de soutien, l’ensemble ayant une forme de tonnelet qui rappelle un peu les bourgeons du goût. Les mécanorécepteurs sont des cellules sensorielles secondaires, reliées par des synapses aux arborisations dendritiques de fibres nerveuses appartenant au nerf vague (ligne latérale et commissure supratemporale), au nerf glosso-pharyngien et surtout au nerf facial. Des fibres inhibitrices arrivent également sur chaque mécanorécepteur.

Les cellules sensorielles du système acoustico-latéral portent des cils qui sont englués dans une cupule de mucus. C’est F. Merkel, en 1880, qui a montré qu’à l’inverse des cellules gustatives les cellules des neuromastes portent deux catégories de cils : un unique cil souple et mobile (kinocil), toujours dirigé soit vers l’avant, soit vers l’arrière du Poisson en position normale, et une cinquantaine de cils rigides (stéréocils), disposés en quinconce sur trois ou quatre rangées et dont la base est prise dans une plaque cuticulaire épaisse.

Les mouvements relatifs de l’eau par rapport au Poisson déplacent la cupule de mucus. Comme cette dernière est libre par rapport à la surface des cellules (car le mucus est sécrété en permanence), le déplacement de la cupule et des stéréocils rigides qui y sont englués fait basculer la plaque cuticulaire par rapport à la région cellulaire apicale portant le kinocil. Pour des raisons qui ne sont pas encore bien comprises, la déformation de la membrane modifie sa perméabilité aux ions sodium (Na+), et il se forme ainsi un potentiel générateur qui, au-dessus d’un seuil donné, est à l’origine d’un potentiel d’action dans la fibre sensorielle. En fait, les résultats diffèrent suivant que le mouvement de la cupule a couché les stéréocils vers le kinocil ou le kinocil vers les stéréocils. Dans le premier cas, on observe au niveau du mécanorécepteur une dépolarisation qui se traduit dans la fibre nerveuse par une augmentation des potentiels d’action de l’activité spontanée ; dans le second cas, on observe une hyperpolarisation du récepteur et une diminution des potentiels d’action.

Les neuromastes peuvent donc détecter tous les mouvements relatifs de l’eau parallèlement à l’axe longitudinal du Poisson, ce qui permet à celui-ci, par exemple, de se tenir parallèle aux courants. De plus, la comparaison des informations sensorielles du système latéral et de celles que fournit l’oreille interne (équilibration) lui permet de savoir s’il est immobile dans un courant ou s’il se déplace dans une eau calme. Enfin, les déformations dans l’écoulement de l’eau le renseignent sur des obstacles, des proies ou des prédateurs proches. C’est pour cette dernière fonction qu’on parle souvent de « tact à distance ».