Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Liebknecht (Karl) (suite)

En octobre 1918, le chancelier Max de Bade ordonne sa libération. Liebknecht assiste aux réunions des délégués d’usine. Le 9 novembre, au château royal de Berlin, il fait hisser le drapeau rouge et tente de proclamer la « République socialiste libre ». Mais les socialistes majoritaires n’entendent pas aller si vite. À la tête des « spartakistes », Liebknecht participe au congrès qui, du 30 décembre 1918 au 1er janvier 1919, fonde le parti communiste allemand. Il regrette que les délégués, en majorité, refusent de voter lors des élections à la Constituante. Au cours des troubles qui éclatent à Berlin, il participe aux manifestations qui menacent de dégénérer en une insurrection qu’il juge prématurée ; dans le Tiergarten il est assommé à coups de crosse par un soldat. Quatre officiers l’emmènent dans une voiture, l’achèvent et le jettent dans un canal.

G. L.

➙ Communisme / Internationales (les) / Luxemburg (R.) / Social-démocratie / Weimar (république de).

 K. Eisner, Wilhelm Liebknecht, sein Leben und Wirken (Berlin, 1900).

Liechtenstein

État de l’Europe centrale, entre l’Autriche et la Suisse. Capit. Vaduz.



La géographie

La principauté de Liechtenstein est la survivance d’un État médiéval. Située sur la rive droite du haut Rhin, elle est au contact de l’Autriche et surtout de la Suisse, à laquelle elle est rattachée économiquement depuis 1919. La population s’élève à 22 000 habitants, sur 160 km2 (densité de 137 hab. au km2). L’État est divisé en deux Landschaften : Vaduz (Oberland) et Schellenberg (Unterland). La première compte six communes, la seconde cinq.

Le pays juxtapose une partie montagneuse (constituant la bordure occidentale du massif du Rätikon, entaillée par la vallée de la Samina) et la vallée du Rhin.

Climatiquement, la vallée du Rhin est favorisée avec des moyennes thermiques de – 1,5 °C en janvier et de 18,5 °C en juillet. Les précipitations sont en étroite relation avec le relief. Elles oscillent entre 800 mm dans la plaine du Rhin et 2 400 mm sur les sommets. À Vaduz, la moyenne est de 980 mm. La vallée du Rhin est déboisée jusqu’à 550 m d’altitude. La forêt de feuillus s’étale entre 550 et 1 300 m ; les conifères montent jusqu’à 1 800 m.

La population se répartit en seize villages formant onze unités administratives. Vaduz compte 4 100 habitants, près du cinquième de la population du pays. Celle-ci est à 95 p. 100 catholique.

Pendant longtemps l’agriculture a constitué l’essentiel des activités économiques. Mais, depuis 1945, l’industrialisation a fait de très rapides progrès grâce aux investissements suisses. L’agriculture exploite les pentes du Rätikon et le fond de la vallée rhénane. Dans la vallée de la Samina, quelques exploitations utilisent les alpages.

La vigne n’est guère cultivée que sur une vingtaine d’hectares, aux environs de Vaduz. Pour l’ensemble du pays, la surface agricole s’élève à 45 p. 100, la forêt à 22 p. 100 et les terres incultes à 33 p. 100. L’agriculture s’oriente de plus en plus vers l’élevage, surtout dans la plaine du Rhin.

L’industrie employait 800 travailleurs en 1941, plus de 6 000 en 1971. L’imbrication avec l’industrie suisse est la caractéristique de l’évolution récente. Jadis, les habitants allaient travailler en Suisse. Aujourd’hui, près de 50 p. 100 des travailleurs industriels sont des étrangers, notamment des Autrichiens. L’industrie métallurgique et la construction de machines et d’appareils concentrent près de 40 p. 100 des actifs industriels. Les entreprises sont hautement spécialisées, ce qui explique leur faible taille. Deux usines hydro-électriques, de haute chute, installées dans les vallées de la Samina et de la Lawena, fournissent 50 GWh. L’industrialisation croissante oblige à importer de l’électricité de Suisse. Le commerce de la principauté est presque totalement intégré à celui de la Confédération. En l’absence d’un marché intérieur, la valeur de la production industrielle correspond aux exportations (300 millions de francs suisses). Le tourisme est devenu une source importante de revenus. Les nuitées ont passé de 76 000 en 1960 à plus de 130 000 en 1970. Il faudrait ajouter les touristes louant des maisons de vacances, les campeurs et caravaniers (encore plus de 50 000 nuitées). Parmi les visiteurs, les Allemands viennent en tête, suivis des Suisses.

Vaduz, résidence princière située au pied de la montagne, s’est développée autour de son château médiéval. La galerie d’art du prince et le musée des Postes attirent de nombreux touristes. Depuis 1945, Vaduz est devenue le siège de nombreuses sociétés internationales, qui n’y entretiennent qu’un bureau ou une boîte postale.

F. R.


L’histoire

Ce n’est que par accident que la seigneurie de Vaduz, située sur la frontière orientale de la Confédération helvétique, est entrée en 1719 dans le patrimoine de la grande famille autrichienne des Liechtenstein.

De même que l’histoire de l’Autriche est inséparable de celle de la maison de Habsbourg*, de même le destin du Liechtenstein est étroitement lié à celui d’une grande famille, très représentative des milieux dirigeants de la monarchie autrichienne jusqu’en 1918.

Dès le xiie s., un seigneur de Liechtenstein est attesté en Styrie, et Ulrich († v. 1276) joue un rôle non négligeable dans la littérature courtoise (Minnesänger) à côté de Walther von der Vogelweide. Mais c’est au xve s. que les Liechtenstein-Nikolsburg intervinrent dans la vie politique de l’Europe danubienne. En 1451, Henri (1435?-1483), fils de Georges IV, possédait déjà des domaines en Basse-Autriche et en Moravie. Il prit parti, avec nombre de barons, contre le Habsbourg Frédéric III ; en 1473, le roi de Hongrie Mathias Ier Corvin le nommait gouverneur militaire de Moravie, dont il était provisoirement le souverain. En 1479, Henri fit sa paix avec les Habsbourg et fut nommé conseiller impérial. Il avait épousé une Starhemberg et fut allié aux plus anciennes familles de Basse-Autriche. Mais c’est son petit-fils Charles (1569-1627) qui devait donner un lustre tout particulier à la famille en la plaçant aux plus hautes charges de la monarchie et en étendant considérablement sa fortune foncière.