Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Libération (ordre de la) (suite)

À dater du décret du 23 janvier 1946, la croix de la Libération a cessé d’être attribuée. Il existait à cette date 1 053 compagnons de la Libération, dont 23 personnes morales, les villes de Paris, de Nantes et de Grenoble, l’île de Sein, le village de Vassieux-en-Vercors et 18 unités combattantes (notamment le régiment de marche du Tchad, le 1er régiment d’artillerie de marine, la 13e demi-brigade de la Légion étrangère, le 501e régiment de chars, les groupes de chasse Alsace, Île-de-France et Normandie-Niemen, le 1er régiment de fusiliers-marins, le sous-marin Rubis...). En outre, l’ordre a été décerné à quelques personnalités étrangères, comme le général Eisenhower et Winston Churchill. 322 compagnons sont morts au combat ou en service commandé ; 467 vivaient encore en 1977.

J. C.

➙ Décoration.

Liberia

État d’Afrique occidentale.



Le milieu

Le Liberia occupe le glacis méridional de la Dorsale guinéenne, dont les hauts versants atlantiques (avec la ligne de partage des eaux) sont en république de Guinée. C’est un vaste plateau incliné en direction du littoral, appartenant à la zone tectonique élevée, qui occupe ici la bordure du continent et qui porte précisément le nom de bouclier libérien. Le sous-sol est constitué de roches cristallines ou métamorphiques ; dans la partie la plus élevée, proche de la frontière guinéenne, des sommets isolés, ou chaînons, émergent du plateau (dômes de granites ou de gneiss ; arêtes de quartzites : 1 500 m dans la partie libérienne des monts Nimba). Une zone de collines basses fait transition entre les plateaux proprement dits et une plaine côtière large de 15 à 25 km, aboutissant à une côte basse, ourlée de cordons littoraux sableux, rarement interrompue par quelques promontoires rocheux (cap Mount, cap Mesurado, cap des Palmes).

Le climat est de type subéquatorial, avec des températures élevées et constantes, rarement inférieures à 25 °C, des précipitations abondantes (4 920 mm par an à Monrovia), concentrées sur l’été (de mai à octobre) avec une rémission en août et sans mois absolument sec. De ce fait, la végétation naturelle est la forêt dense humide (mangrove à palétuviers sur le littoral), qui n’a encore été que très partiellement défrichée.

J. S.-C.


L’histoire


Seize ethnies principales

La forêt libérienne, peu hospitalière, s’est surtout peuplée par contrecoup des bouleversements des empires soudanais aux xve-xviie siècles : des groupes de langue mandingue, venus du Nord (Kpellés, Gios, Manos, Lomas, Malinkés, Gbandés, Mendés, occupant l’intérieur et les confins guinéo-ivoiriens, et Vaïs, sur la côte proche de la Sierra Leone), de langues « atlantiques », venus du Fouta-Djalon (Golas, Kissis, à cheval sur les frontières de la Guinée et de la Sierra Leone), et de langues kwa, entrés par le Sud-Est (Bassas, Krous, Grébos, Krahns, Bellés, Dés, installés la plupart sur la côte) ont occupé progressivement le territoire actuel du Liberia. La mise en place de ces populations, à système patrilinéaire, s’est poursuivie aux xviiie et xixe siècles ; les frontières ethniques ont été longtemps mouvantes, les groupes les plus puissants refoulant les autres au cœur de la forêt. Les conditions écologiques et leurs conséquences sur le genre de vie (culture itinérante) n’ont pas permis l’éclosion de structures étatiques autres qu’une chefferie plus ou moins étendue, ce qui n’empêchait pas des relations commerciales et des liens religieux (sociétés secrètes Poro, Sandé) entre groupes.


Couleur et colonisation

Bien que la côte de « Malaguette » ait été fréquentée par les Portugais dès le xve s., par les Français et les Anglais dès le xvie, elle ne connut jamais une activité commerciale très intense, du fait d’une topographie peu propice et de la faiblesse de la population.

La personnalité historique du Liberia moderne réside dans une expérience de colonisation unique. La société esclavagiste américaine se révélant inapte à assimiler les gens de couleur libres, l’idée naquit, à la fin du xviiie s., dans certains milieux libéraux de Virginie (Thomas Jefferson*, F. Fairfax), de « rapatrier » ces Noirs en Afrique, où ils pourraient s’épanouir, tout en faisant profiter leurs frères de race, restés sauvages, des progrès de la civilisation chrétienne. L’idée séduisit aussi les milieux racistes, hostiles à tout progrès des Noirs sur le sol américain. En fait, une infime proportion des Noirs américains seront ainsi transportés. Dès 1790, le projet d’une colonie établie avec l’aide du Congrès et destinée à devenir un État indépendant est formulé. Mais il ne prend corps qu’en 1816, lorsque le pasteur R. Finley crée l’American Colonization Society, patronnée par de hautes personnalités de Washington et animée par E. Caldwell, puis par R. Gurley. Le Congrès la subventionne ; en 1819, il établit une agence chargée de réinstaller en Afrique, par l’escadre américaine, les captifs libérés et qui collaborera avec la Société.

Un premier convoi de Noirs américains quitte New York en 1820. En décembre 1821, la Société acquiert des chefs dés du cap Mesurado l’emplacement définitif de la colonie, et les premiers colons arrivent en avril 1822. Mal vue des chefs indigènes, qui désirent poursuivre leur traite négrière, la colonie naissante est sauvée de justesse, avec l’aide de vaisseaux anglais, par un énergique commerçant blanc, Jehudi Ashmun (1794-1828), reconnu comme agent de la Société en 1824 ; celui-ci est le premier organisateur de la colonie, qui reçoit alors son nom de Liberia, avec Monrovia pour capitale. Dès 1828, la colonie jouit d’une certaine autonomie. En 1839, une nouvelle Constitution établit un gouverneur et un Conseil législatif, et stipule l’incapacité civile des Blancs dans la colonie, l’un des fondements de l’État libérien. À la mort du gouverneur T. Buchanan, en 1841, un mulâtre, Joseph J. Roberts, le remplace.