Lézards (suite)
Les Scincidés forment la famille de Lacertiliens la plus riche en genres et en espèces. Le cou n’est pas marqué, le corps est long et cylindrique, et les membres, qui ne soulèvent pas le corps au-dessus du sol, peuvent s’atrophier jusqu’à disparaître. La famille est cosmopolite et se rencontre dans toutes les zones tropicales et tempérées chaudes ; les espèces sont diurnes ou crépusculaires et sortent de leurs terriers pour se mettre en chasse. La seule espèce française est Chalcides chalcides, aux minuscules membres tridactyles. L’apodie totale va parfois de pair avec un mode de vie fouisseur et la perte de vue ; c’est le cas de Typhlacontias d’Afrique. Les Scincus se déplacent activement dans le sable. Certaines espèces australiennes des genres Tiliqua ou Lygosoma, qui vivent en altitude, sont vivipares ; il existe alors un placenta vitellin grâce auquel la femelle nourrit ses petits.
Les Orvets et les Varans
Les Anguimorphia comportent quatre familles importantes dont on peut prendre pour types l’Orvet (Anguidés et Xénosauridés) et le Varan (Hélodermatidés et Varanidés). Les Anguidés sont représentés en France par l’Orvet (Anguis fragilis), mais il ne faut pas en déduire que toutes les espèces de la famille sont apodes. Ce sont des habitants des régions tempérées de l’hémisphère Nord, parfois vivipares incubants comme l’Orvet, et surtout abondants en Amérique. Il en va de même du Xenosaurus mexicain, alors que l’autre genre de cette seconde famille, Shinisaurus, est confiné au sud de la Chine. Les Hélodermes sont aussi des animaux américains ; on en connaît deux espèces, au Mexique et en Arizona. Heloderma suspectum, le Monstre de Gila, est remarquable à bien des égards. C’est une espèce crépusculaire de grande taille (jusqu’à 80 cm), vive malgré son indolence apparente, et pourvue d’un appareil venimeux situé à la mâchoire inférieure. La queue peut être très volumineuse ; l’animal y accumule des réserves pour la saison sèche. Les Varanidés ne comportent que le genre Varanus, absent du Nouveau Monde. On reconnaît aisément les Varans à leur long cou mobile, à leurs griffes et à leurs dents acérées ; ce sont, en effet, le plus souvent des formes carnassières, et ce en dépit de leurs adaptations variées. Le géant de la famille est le Varan de Komodo, qui dépasse 3 m et s’attaque aux Mammifères. D’autres espèces sont arboricoles ou même amphibies, comme Varanus niloticus, qui se nourrit en particulier des œufs de Crocodile et peut-être aussi de Poissons.
Les Amphisbènes
Le dernier groupe de Lacertiliens est celui des Amphisbœnia, restreint à la famille des Amphisbaenidés. On le range souvent à part en raison de l’aspect primitif du squelette crânien. À l’exception d’un genre, tous les Amphisbènes sont apodes et fouisseurs. Des constrictions annulaires les font ressembler aux Vers de terre ; l’absence d’yeux et la forme obtuse du museau et de la queue leur valent le nom de « Serpents à deux têtes », également justifié par la possibilité qu’ils ont de se déplacer vers l’avant ou vers l’arrière. On rencontre ces animaux dans les régions chaudes d’Amérique et d’Afrique, et en Arabie.
R. B.
➙ Reptiles.
A. Bellairs, The Life of Reptiles (Londres, 1969 ; 2 vol.). / J. Guibé, « La systématique des reptiles actuels », dans Traité de zoologie sous la dir. de P.-P. Grassé, t. XIV, fasc. 2 (Masson, 1970).