Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Lézards (suite)

Les Scincidés forment la famille de Lacertiliens la plus riche en genres et en espèces. Le cou n’est pas marqué, le corps est long et cylindrique, et les membres, qui ne soulèvent pas le corps au-dessus du sol, peuvent s’atrophier jusqu’à disparaître. La famille est cosmopolite et se rencontre dans toutes les zones tropicales et tempérées chaudes ; les espèces sont diurnes ou crépusculaires et sortent de leurs terriers pour se mettre en chasse. La seule espèce française est Chalcides chalcides, aux minuscules membres tridactyles. L’apodie totale va parfois de pair avec un mode de vie fouisseur et la perte de vue ; c’est le cas de Typhlacontias d’Afrique. Les Scincus se déplacent activement dans le sable. Certaines espèces australiennes des genres Tiliqua ou Lygosoma, qui vivent en altitude, sont vivipares ; il existe alors un placenta vitellin grâce auquel la femelle nourrit ses petits.


Les Orvets et les Varans

Les Anguimorphia comportent quatre familles importantes dont on peut prendre pour types l’Orvet (Anguidés et Xénosauridés) et le Varan (Hélodermatidés et Varanidés). Les Anguidés sont représentés en France par l’Orvet (Anguis fragilis), mais il ne faut pas en déduire que toutes les espèces de la famille sont apodes. Ce sont des habitants des régions tempérées de l’hémisphère Nord, parfois vivipares incubants comme l’Orvet, et surtout abondants en Amérique. Il en va de même du Xenosaurus mexicain, alors que l’autre genre de cette seconde famille, Shinisaurus, est confiné au sud de la Chine. Les Hélodermes sont aussi des animaux américains ; on en connaît deux espèces, au Mexique et en Arizona. Heloderma suspectum, le Monstre de Gila, est remarquable à bien des égards. C’est une espèce crépusculaire de grande taille (jusqu’à 80 cm), vive malgré son indolence apparente, et pourvue d’un appareil venimeux situé à la mâchoire inférieure. La queue peut être très volumineuse ; l’animal y accumule des réserves pour la saison sèche. Les Varanidés ne comportent que le genre Varanus, absent du Nouveau Monde. On reconnaît aisément les Varans à leur long cou mobile, à leurs griffes et à leurs dents acérées ; ce sont, en effet, le plus souvent des formes carnassières, et ce en dépit de leurs adaptations variées. Le géant de la famille est le Varan de Komodo, qui dépasse 3 m et s’attaque aux Mammifères. D’autres espèces sont arboricoles ou même amphibies, comme Varanus niloticus, qui se nourrit en particulier des œufs de Crocodile et peut-être aussi de Poissons.


Les Amphisbènes

Le dernier groupe de Lacertiliens est celui des Amphisbœnia, restreint à la famille des Amphisbaenidés. On le range souvent à part en raison de l’aspect primitif du squelette crânien. À l’exception d’un genre, tous les Amphisbènes sont apodes et fouisseurs. Des constrictions annulaires les font ressembler aux Vers de terre ; l’absence d’yeux et la forme obtuse du museau et de la queue leur valent le nom de « Serpents à deux têtes », également justifié par la possibilité qu’ils ont de se déplacer vers l’avant ou vers l’arrière. On rencontre ces animaux dans les régions chaudes d’Amérique et d’Afrique, et en Arabie.

R. B.

➙ Reptiles.

 A. Bellairs, The Life of Reptiles (Londres, 1969 ; 2 vol.). / J. Guibé, « La systématique des reptiles actuels », dans Traité de zoologie sous la dir. de P.-P. Grassé, t. XIV, fasc. 2 (Masson, 1970).

liaison chimique

Enchaînement des atomes, molécules, ions, dans les corps simples et composés.



Historique

Dalton*, dans sa théorie atomique (1803), indiquait que dans les composés les atomes des éléments sont maintenus en contact par une forte affinité ; Berzelius* (1812) affirma que toute combinaison chimique doit être le résultat de l’attraction entre électricités opposées. Mais cette idée, qui fut à l’origine de la théorie dualistique, ne put, sous cette forme sommaire, être appliquée à l’ensemble des composés, de sorte que la valence de nombreux éléments, en particulier en chimie organique, fut précisée dans la seconde moitié du xixe s. sans que soit connue la nature véritable de la liaison chimique. Les travaux d’Abegg (1904) sur la valence, de Rutherford* (1911), de Bohr* (1913), de Moseley (1913) sur la structure des atomes permirent à Kossel de développer (1916) la théorie de l’électrovalence, et à G. N. Lewis d’imaginer (1916) le schéma général de la liaison entre atomes. Toutefois, il fallut attendre les travaux de L. de Broglie* (1923) et l’avènement de la mécanique ondulatoire pour voir apparaître une théorie explicative de la liaison chimique. Celle-ci fut développée, pour la molécule d’hydrogène, d’abord par Heitler et London (1927), puis, par des voies différentes, par Hund et Mulliken (1928). Depuis, ces méthodes ont été perfectionnées et généralisées, et leurs résultats sont parfois très précis.

Ainsi que l’avait pressenti Berzelius, les forces qui enchaînent les atomes sont toujours de nature électrique, ce qui confère à la liaison chimique une certaine unité. Cette liaison est cependant très nuancée dans ses caractères suivant la nature des atomes qu’elle unit.


La liaison ionique

C’est le résultat de l’attraction électrostatique entre ions de signes opposés, par exemple Na+ et Cl. De cette attraction résulte ordinairement le chlorure de sodium cristallisé (il suffit d’évaporer la solution obtenue en mélangeant HCl et NaOH). Mais on observe aussi, à température élevée, la molécule isolée Na+Cl de chlorure de sodium gazeux. On peut aussi, pour obtenir le chlorure de sodium, faire réagir le sodium sur le chlore. La réaction s’accompagne ici d’une ionisation à la fois du sodium et du chlore, résultat du transfert de l’unique électron 3s de l’atome Na sur le niveau 3p de l’atome Cl. Du point de vue énergétique, la réaction fait intervenir l’énergie d’ionisation, absorbée par l’atome Na (5,14 eV), l’affinité électronique, dégagée par l’atome Cl (3,82 eV), et enfin l’énergie dégagée lors du rapprochement des ions à la distance d’équilibre, pour laquelle la répulsion des centres positifs compense l’attraction des ions, ici 2,81 Å dans le cristal, 2,51 Å dans la molécule Na+Cl. L’ensemble est très exo-énergétique (le sodium brûle dans le chlore) ; la liaison ionique est une liaison forte, et la fusion des cristaux ioniques n’intervient qu’à température relativement élevée (800 °C pour NaCl). La fusion d’un cristal ionique ainsi que sa dissolution dans l’eau, lorsqu’elle est possible, libèrent les ions : liquide de fusion et solution aqueuse sont électrolysables.