Lessing (Gotthold Ephraim) (suite)
Les francs-maçons des Dialogues sont des élèves de Nathan, comme lui tolérants, généreux, cosmopolites, confiants dans l’avenir ; capables de travailler en secret, de ne dire que ce qu’il est utile et fécond de dire, soumis à la volonté divine, mais décidés aussi à instaurer, au-delà des nationalités et des confessions, la fraternité des meilleurs. D’abord en secret, un jour publiquement.
L’Éducation du genre humain résume en une suite de paragraphes concis les révélations successives qui ont été données aux hommes. Ils ont été l’objet d’une véritable éducation, au cours de laquelle leur ont été dévoilées, graduellement, selon le développement de leur esprit, les vérités de leur destinée et de celle du monde. Dieu, bon pédagogue, a mesuré ses révélations aux capacités de ses élèves. Ainsi, on a pu passer du polythéisme des premiers âges au monothéisme de Moïse, puis à la doctrine chrétienne de l’immortalité de l’âme. Chaque fois, un progrès moral accompagnait la révélation : Moïse menaçait de la vengeance divine, mais le Christ exhorte à faire le bien pour lui-même. Ainsi, l’humanité poursuit une immense et lente marche, souvent retardée ou détournée, vers un avenir qu’elle ne connaît pas, mais dans lequel elle garde confiance parce qu’en fin de compte c’est la raison qui l’emportera. Mouvement si ample et si lent que l’homme impatient désespère et que l’utopiste crie à l’absurde, alors que l’homme de foi et de raison prend patience, car il sait que le temps viendra.
P. G.
O. Mann, Lessing (Hambourg, 1949 ; 2e éd., Berlin, 1965). / H. Schneider, Lessing, zwölf biographische Studien (Salzbourg, 1950 ; nouv. éd., Das Buch Lessing. Ein Lebensbild in Briefen Schriften, Berichten, Berne et Munich, 1961). / P. Grappin, la Théorie du génie dons le préclassicisme allemand (P. U. F., 1953). / G. Pons, Lessing et le christianisme (Didier, 1964). / W. Ritzel, Gotthold Ephraim Lessing (Stuttgart, 1966). / G. et S. Bauer (sous la dir. de), Gotthold Ephraim Lessing (Darmstadt, 1968).