Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Lépidoptères (suite)

La classification des Lépidoptères a beaucoup varié. L’ancienne répartition en diurnes, nocturnes et crépusculaires ne résiste pas à une observation un peu détaillée : chez beaucoup de Saturniidés, le mâle a une activité diurne, alors que la femelle est nocturne, et nombre de familles bien caractérisées (Sphingidés, Géométridés, etc.) comptent des espèces volant de jour ou de nuit. La subdivision du groupe, d’après la taille, en microlépidoptères et macrolépidoptères n’a rien de naturel. En prenant comme critère la forme des antennes, on isole les Rhopalocères, ensemble cohérent (antennes en massue), des Hétérocères, groupe disparate (antennes filiformes, fusiformes ou pectinées). Actuellement, on se fonde sur la nervation des ailes en groupant dans les Homoneures trois familles primitives, dont les ailes antérieure et postérieure ont une nervation semblable ; les Hétéroneures (ailes de structure différente à l’avant et à l’arrière) rassemblent la plupart des cent mille espèces actuellement décrites, réparties en une dizaine de superfamilles.


Les Lépidoptères et l’Homme

Un grand nombre de chenilles trouvent dans les plantes cultivées ou dans les denrées stockées, voire dans les vêtements de laine, une nourriture abondante qui favorise la multiplication de l’espèce (v. Chenille) ; leurs dégâts sont considérables ; peu à peu, les procédés de lutte biologique remplacent les moyens traditionnels (lutte chimique par insecticides), de plus en plus discutés.

Parmi les quelques Lépidoptères utiles, il faut citer ceux dont la larve produit une soie utilisable : le ver à soie (Bombyx mori), diverses espèces d’Antheraea d’Asie, Platysamia cecropia d’Amérique, Samia cynthia d’origine asiatique et introduit en Europe. Malgré les innombrables visites qu’ils effectuent sur les fleurs pour butiner, les Papillons ne jouent qu’un rôle modeste dans la pollinisation, comparativement à celui des Hyménoptères ; on a cependant prouvé qu’ils sont sensibles au rouge de certaines corolles, alors que les Abeilles ne distinguent pas cette couleur.

Mis à part les Oiseaux, nulle part ailleurs que chez les Lépidoptères la nature n’a produit un monde aussi prodigue en couleurs ; sans en négliger pour autant la qualité esthétique, le biologiste s’interroge sur la signification de cette profusion éclatante pour l’Insecte lui-même ; dans certains cas, on l’a montré sur quelques chenilles et Papillons sécrétant des substances toxiques pour les insectivores, elle jouerait un rôle protecteur.

M. D.

➙ Bombyx / Chenille / Chrysalide / Papillon / Teigne.

 F. Le Cerf et C. Herbulot, Atlas des Lépidoptères de France (Boubée, 1944-1949 ; 2 vol.). / J. Aubert, L. et P. A. Robert, Papillons d’Europe (Delachaux et Niestlé, 1949-1952 ; 2 vol.). / P. Portier, la Biologie des Lépidoptères (Lechevalier, 1949). / J. Bourgogne, « Lépidoptères » dans Traité de zoologie, sous la dir. de P. P. Grassé, t. X, fasc. 1 (Masson, 1951). / G. Mathot, les Papillons (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1958).

lèpre

Maladie infectieuse due au bacille acido-résistant de Hansen (du nom du médecin norvégien Gerhard Armauer Hansen [1841-1912]), très proche du bacille de Koch (agent de la tuberculose).



Introduction

Antique fléau, sujet de terreur au Moyen Âge, la lèpre n’a pas disparu de certaines régions tropicales ou subtropicales : Afrique centrale, Inde, Indonésie, Indochine, Amérique tropicale, Antilles. En Europe, où elle était autrefois endémique, les foyers persistants sont minimes, et les cas observés en France sont presque toujours des cas d’importation.

La transmission de la lèpre est soit directe, s’opérant d’homme à homme, soit indirecte, par le linge ou les vêtements. La maladie frappe avant tout les sujets ayant longtemps séjourné en pays d’endémicité et dans de mauvaises conditions d’hygiène et d’alimentation. Le climat chaud et humide est un facteur nettement favorisant. Dans nos régions, la lèpre a perdu son caractère de contagiosité.

La notion de lèpre héréditaire n’est plus admise. Les enfants à cuti-réaction négative sont particulièrement réceptifs et se contaminent au contact de leurs parents lépreux. La lèpre du Rat due au bacille de Stefanski n’est pas transmissible à l’Homme. Classiquement, l’incubation de la lèpre est très longue et dure des années après les contacts infestants. Mais cette longueur d’incubation est peut-être due à la méconnaissance des symptômes initiaux, et des incubations de quelques mois ont été rapportées, la date de contamination étant connue.


Manifestations de la lèpre

La lèpre atteint électivement les tissus d’origine épidermique : peau et système nerveux.

Les anciennes classifications symptomatologiques ont été remplacées par celle du Congrès international de la lèpre de La Havane (1948), fondée sur des critères histologiques, bactériologiques et biologiques.

Deux formes sont à distinguer : tuberculoïde et lépromateuse. Entre celles-ci, il existe des variétés dégradées : type indéterminé et type border-line (forme frontière).


Lèpre lépromateuse (type L)

Primitive ou secondaire à une forme indéterminée ou à la forme border-line, c’est de beaucoup la plus riche en bacilles, la plus contagieuse et la plus évolutive. Ses manifestations cutanées sont polymorphes : léprides, macules rosées (sur les Blancs) ou achromiques (chez les Noirs), nappes érythémateuses et surtout lépromes infiltrés. Ceux-ci sont des nodules rouges, cuivrés ou brun fauve, isolés ou groupés en placards, siégeant électivement aux oreilles ou à la face et déterminant le « faciès léonin » (front épaissi, ridé, bosselé, infiltration monstrueuse du nez et des lèvres). La disparition de la barbe et des sourcils contraste avec la persistance de la chevelure. Les lépromes sont indolores. Ils s’ulcèrent parfois à une période avancée. Aux membres inférieurs, ils peuvent aboutir à l’éléphantiasis.

Les muqueuses sont atteintes : rhinite rebelle, ulcération de la cloison, effondrement du nez (nez en lorgnette). Le pharynx, le larynx, les bronches sont quelquefois touchés. Mais, de beaucoup, les plus redoutables sont les complications oculaires, cause fréquente de cécité (atteintes de la cornée [kératite], de l’iris [iritis], de la choroïde et de la rétine [choriorétinite]).

L’atteinte nerveuse est inconstante, mais plus fréquente qu’il n’est dit classiquement. La variété névritique comporte des névralgies intenses, des plages anesthésiques, une hypertrophie des nerfs cubitaux, des ulcérations, des maux perforants.

L’atteinte générale se traduit par de l’amaigrissement, de la fièvre, des adénopathies (ganglions), une augmentation de la vitesse de sédimentation.

L’évolution est chronique, entrecoupée de poussées évolutives altérant peu l’état général et régressant avec le traitement. Des poussées réactionnelles beaucoup plus graves se produisent parfois : poussées hautement fébriles, douloureuses avec atteinte profonde de l’état général, résistantes à la sulfonothérapie.