Légumineuses ou Léguminosales (suite)
Il existe des Virus qui parasitent ces Bactéries, les Rhizobiophages, qui, en détruisant les Bactéroïdes, inhibent la fixation d’azote. La lutte se fait alors soit en introduisant de nouvelles races de Rhizobium (« inoculation » du sol ou des graines par une suspension aqueuse), soit par rotation des cultures, le phage ne parasitant pas les formes libres du Rhizobium et ayant une longévité bien inférieure (un an contre quatre ou cinq ans au moins).
Il convient de souligner que d’autres organismes isolés ou en association possèdent la même propriété, mais à un degré moins important : des Algues bleues (Cyanophycées) vivent ainsi avec des Hépatiques, des Ptéridophytes, des Gymnospermes (Cycas) ou des Angiospermes (Myrtales), mais surtout avec certains Champignons pour former des Lichens* ; et d’autres comme Actinomyces alni vivent avec le genre Alnus (Aulne), par exemple.
Les Légumineuses et l’Homme
Bien que la domestication des Légumineuses soit très ancienne (fourrages ou légumes), tant dans le Vieux Monde qu’en Amérique du Sud, ce n’est qu’à partir de la « révolution agricole » du xviiie s. qu’a été scientifiquement étudié leur rôle agronomique.
En effet, le maintien de la fertilité des terres est le problème central qu’a à résoudre l’agriculture. La première solution a été la culture itinérante, qui laisse à la « nature » le soin de reconstituer la fertilité ; c’est une alternance de culture (1 à 3-4 ans) et de repos. La deuxième solution, techniquement meilleure et plus intensive, a été l’introduction de la jachère, c’est-à-dire d’une période de préparation de la terre (la jachère n’est absolument pas un repos). Cette aération régulière du sol par des façons culturales nombreuses et l’apport de matière organique fraîche (chaume, mauvaises herbes enfouies) stimulent les microorganismes du sol, notamment ceux qui sont susceptibles de fixer l’azote de l’air (Bactéries non symbiotes). Le rendement est cependant faible (de 10 à 15 kg par an), d’autant plus que les exigences en pH sont strictes. Mais cet apport d’azote est le seul qui permette de compenser pratiquement les exportations. La troisième solution a été l’introduction, dans la succession des cultures, des Légumineuses qui permettent à la fois une production fourragère accrue (donc davantage de bétail et de fumier) et une élévation de la teneur en azote du sol, et des plantes sarclées qui permettent d’utiliser l’excédent du fumier produit et de lutter contre les mauvaises herbes, et qui sont fourragères ou industrielles. Il en est ainsi du célèbre assolement de Norfolk, né au xviiie s. en Angleterre, qui mettait en rotation Navet fourrager (plante sarclée recevant le fumier), céréales de printemps (à cause de la récolte tardive du précédent), Légumineuse (Trèfle, plante fourragère, fixatrice d’azote et étouffante), céréale d’hiver (Blé).
Cette solution a pratiquement permis de tripler la production agricole sur une même surface, mais elle a contribué à poser le problème du bilan en éléments minéraux.
Indépendamment de l’aspect des successions culturales, la production d’azote des Légumineuses est utilisée dans les prairies temporaires mixtes, à une ou plusieurs Graminacées associées à une ou plusieurs Légumineuses. À charge financière égale, la production est en général accrue ; mais l’exploitation est délicate, car la composition floristique de l’association et donc la teneur en matière azotée du fourrage récolté sont assez fluctuantes.
Actuellement, les sources d’azote se sont différenciées par exploitation industrielle de l’azote atmosphérique (engrais azotés, acides aminés de synthèse). Mais, dans la plupart des cas, et surtout dans les États en voie de développement, la fixation d’azote par les Légumineuses reste, avec la pêche maritime, la forme de production la moins coûteuse d’acides aminés. De toute manière, globalement, plus des trois quarts des protéines sont fournis à l’Homme, directement ou par l’intermédiaire d’herbivores, par des Légumineuses.
A. F.
E. G. Hallsworth, Nutrition of the Legumes (Londres, 1958). / M. Chadefaud et L. Emberger, Traité de botanique (Masson, 1960 ; 2 vol.).