Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Leclair (Jean-Marie) (suite)

L’œuvre de Leclair

• Quatre livres de Sonates à violon seul avec la basse continue, op. 1 (Paris, 1723), 2 (ibid., c. 1728), 5 (c. 1734), 9 (1738), plus une sonate posthume, op. 15 (1767).

• Deux recueils de chacun six Sonates à deux violons sans basse, op. 3 (1730) et 12 (c. 1747).

• Quatre recueils de chacun six trios, op. 4 : Sonates en trio pour deux violons et la basse continue (c. 1730), Première Récréation de musique, op. 6 (1737), Deuxième Récréation de musique, op. 8 (c. 1737), Ouvertures et sonates en trio, op. 13 (1753), plus un Trio pour deux violons et basse, trio posthume, op. 14 (1766).

• Deux recueils de chacun six Concertos a tre violini, alto e basso per organo e violoncelle, op. 7 (c. 1737) et 10 (1743 ou 1744).

• Tragédie lyrique. Scylla et Glaucus (1764).

M. P.

 L. de La Laurencie, l’École française de violon, t. I (Delagrave, 1922). / M. Pincherle, J.-M. Leclair, l’aîné (la Colombe, 1952). / R. E. Preston, l’Opus V de Carelli (New Haven, 1968).

Leclerc (Philippe Marie de Hautecloque, dit)

Maréchal de France (Belloy-Saint-Léonard, Somme, 1902 - dans un accident d’avion, près de Colomb-Béchar, 1947).


« On entend loing haulte clocque », telle est la fière devise de ses aïeux, qui, durant huit siècles, portèrent les armes pour la France, à Tunis avec Saint Louis en 1270, à Fontenoy sous Louis XV, comme à Iéna et à Wagram sous l’Empereur. En 1952, pourtant, la loi conférant à titre posthume à leur descendant la dignité de maréchal de France précisait que sa mémoire serait honorée sous le nom de Leclerc de Hauteclocque, ajoutant à son patronyme ce surnom qu’il s’était choisi en rejoignant de Gaulle en 1940 et que, en 1944, Paris et la France entière avaient acclamé en libérateur.

Leclerc était entré à Saint-Cyr en 1922 dans une promotion qui s’appellera « Metz et Strasbourg ». Admis dans la cavalerie, il sort premier de Saumur et commence sa carrière en occupation, sous le signe de la victoire de 1918 au 5e cuirassiers à Trèves. C’est alors qu’à vingt-trois ans il fonde son foyer, où naîtront six enfants. Mais le Maroc l’appelle, et il se consacrera plusieurs années à l’œuvre de sa pacification, se distinguant notamment par sa bravoure à la tête d’un goum. Il en revient avec la Légion d’honneur et son troisième galon, pour prendre en octobre 1935 le commandement de l’escadron à Saint-Cyr. Son attitude avec les saints-cyriens est systématiquement rigide et sévère, et traduit son horreur de la mollesse, du terre à terre, des faux-fuyants. De taille moyenne, avec une silhouette de cavalier marchant mal en bottes, Hauteclocque a le visage barré par une moustache en brosse et éclairé par d’étonnants yeux bleu de fer : soldat sans peur qui a déjà fait ses preuves, catholique de la stricte observance, il se présente déjà comme un chef ardent autant qu’inflexible.

Entré premier à l’École supérieure de guerre en 1938, il sert à l’état-major de la 4e division quand survient l’offensive du 10 mai 1940, avec laquelle va se déclencher son épopée guerrière. Fait prisonnier à Lille, il s’évade et reprend en juin le combat dans un groupement cuirassé sur l’Aisne. Légèrement blessé, de nouveau prisonnier, il s’évade une seconde fois, passe en Espagne et, par Lisbonne, gagne Londres, où il se met le 25 juillet aux ordres du général de Gaulle*...

Pour lui, la guerre continue : dès le 27 août, un certain « colonel Leclerc » rallie le Cameroun à la France libre et de Douala, où il s’installe, prépare le ralliement du Gabon, réalisé le 10 novembre. Mais de Gaulle lui confie maintenant le Tchad, où, comme commandant militaire, Leclerc est chargé de préparer une vaste opération contre les territoires italiens du Fezzan et de Libye.

Le 1er mars 1941, il s’emparera du fort italien de Koufra. L’opération a été menée à 1 700 km de Fort-Lamy avec 100 Européens, 250 autochtones et 80 véhicules qui ont quitté Largeau le 25 janvier. Réunissant ses officiers, Leclerc leur affirme qu’il ne s’agit là que d’un début et qu’un soldat français ne pourra connaître de repos tant que « le drapeau français ne flottera pas sur Metz et Strasbourg ». En 1942, après un raid qui, en février-mars, le conduit à Umm el-Arāneb, à 400 km de la Méditerranée, Leclerc, nommé général, prépare la grande opération qui, partant du Tibesti, aura Tripoli comme objectif. Ses 3 000 hommes formant la Force L atteignent cette ville le 24 janvier 1943, où ils rejoignent la VIIIe armée britannique de Montgomery, venant d’El-Alamein. En mars, la Force L se bat en Tunisie. En septembre, regroupée d’abord près de Tripoli, elle se transforme, grâce à l’apport de régiments du Maroc et d’Algérie, en une 2e division blindée. Cet amalgame se réalise près de Rabat. En vue du débarquement en France, la 2e D. B. est dirigée sur l’Angleterre, et, le 1er août 1944, à bord d’un L. S. T., Leclerc aborde la côte normande. « Ça fait quand même bougrement plaisir ! » dira-t-il en foulant de nouveau le sol de France. Quelques jours plus tard commence avec la marche sur Alençon l’étonnante épopée de la 2e D. B., et, le 23 août, Leclerc, commandant à la voix, donne la nouvelle mission : « D’abord s’emparer de Paris ! Vous entendez bien ; laissez les points d’appui ennemis derrière vous et foncez ! » Le 25 août, la 2e D. B. est à Paris, aux Champs-Élysées, à la Concorde, au Champs-de-Mars. Leclerc est à la Préfecture de police, où il a fait installer un semblant de P. C. À 16 heures, le général von Choltitz, commandant allemand du « grand Paris », se présente à lui et signe bientôt la capitulation de ses troupes. Mais, Paris conquis, Strasbourg attend son libérateur. À travers les Vosges, Leclerc lance trois antennes pour « trouver le trou » qui permettra aux chars de déboucher dans la plaine d’Alsace. C’est le sous-groupement Rouvillois qui, ayant eu la chance d’avoir la direction la plus favorable, pourra, le 23 novembre à 10 h 30, envoyer à Leclerc le message tant attendu : « Tissu est dans Iode » ; traduisez : « Rouvillois est dans Strasbourg »..., où, à 16 heures, Leclerc fait son entrée. Mais la guerre continue : elle conduira Leclerc et sa 2e D. B. d’abord à Royan (avr.), puis à Berchtesgaden, qu’ils atteignent le 4 mai 1945. Dès le mois suivant, Leclerc est chargé d’organiser un corps expéditionnaire destiné à l’Extrême-Orient. Mis à sa tête, il quitte Paris le 18 août. Le 22, il est à Ceylan, où ses premières troupes se rassemblent, et, le 2 septembre, il représente la France à la signature, en rade de Tōkyō, de la capitulation japonaise. Le 5 octobre, il arrive enfin à Saigon, mais, si ses troupes peuvent rapidement contrôler les principaux centres de la Cochinchine, il faut attendre que s’éclaircisse au Tonkin, occupé par les troupes chinoises, une situation politique particulièrement complexe. Le jour même de la signature des accords (6 mars 1946) entre la France et Hô Chi Minh, Leclerc arrive avec les premiers éléments des troupes françaises à Haiphong, où ils sont accueillis à coups de feu par les Chinois... C’est après une nouvelle convention militaire et plusieurs entretiens avec Vo Nguyên Giap*, délégué militaire du gouvernement de Hô Chi Minh, que le général Leclerc peut enfin faire son entrée à Hanoi le 18 mars 1946. Il lui faut encore plusieurs mois de laborieuses négociations pour obtenir l’évacuation du Tonkin par les forces chinoises ; celle-ci consacre la réussite de la mission qui lui a été confiée par le gouvernement de rétablir l’autorité française en Indochine.