Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Languedoc-Roussillon (suite)

Les minerais sont nombreux dans les Cévennes et les Pyrénées, mais les activités extractives sont dominées par la récession du bassin charbonnier d’Alès. Les Garrigues assurent cependant le quart de la production française de bauxite ; le gisement de Salsigne (Aude) fournit de l’arsenic, un peu d’or et du cuivre ; la production de sel marin apporte 1 Mt, matière première recherchée pour les industries de la soude, du chlore (Compagnie des salins du Midi). Mais toutes ces ressources sont assez mal utilisées ; en tout cas, elles pourraient donner lieu à une exploitation plus poussée et à une valorisation sur place plus importante.

• Les implantations récentes. Un pôle industriel s’esquisse sur les rives de l’étang de Thau autour du port de Sète et de la raffinerie de pétrole de Frontignan, qui reçoit le brut de Libye et du Moyen-Orient. Il est organisé en fonction des importations par le port de Sète et reste lié à la viticulture : engrais, produits anticryptogamiques.

Un renouveau industriel se manifeste sur les rives du Rhône grâce à l’implantation du centre nucléaire de Marcoule et de l’installation d’Ugine-Kuhlmann à L’Ardoise (électrométallurgie), en liaison avec l’aménagement du fleuve par la C. N. R. (Compagnie nationale du Rhône). Récemment reconvertie, l’industrie textile gardoise s’est spécialisée dans les sous-vêtements et la confection (Cacharel). L’établissement industriel le plus important est situé à Vergèze (source Perrier).

• Les secteurs de pointe. Mais c’est Montpellier qui bénéficie de la présence de la firme employant le plus grand nombre d’ouvriers : I. B. M. (construction et entretien d’ordinateurs) ; elle a entraîné dans son sillage une dizaine de sous-traitants. À côté de l’électronique s’installent les laboratoires pharmaceutiques (Clin-Byla), en liaison avec la présence de l’université.

Cependant, le bilan régional montre bien, malgré des progrès notables, la sous-industrialisation de la région ; aucun établissement n’atteint 200 ouvriers en Lozère ; l’Aude en compte seulement quatre dépassant ce seuil ; les Pyrénées-Orientales, cinq ; le Gard, une vingtaine ; l’Hérault, moins de dix (dont I. B. M., qui emploie désormais plus de 2 000 personnes).


Le tourisme

La montagne offre une série de centres de repos estival et de stations de ski (Pyrénées) ; le catalogue des richesses est large, du fait du cadre naturel, des splendeurs souterraines (Clamouse, grotte des Demoiselles, aven Armand), du legs de l’histoire (oppidum d’Ensérune, monuments romains, abbayes romanes, cité de Carcassonne et vieux hôtels de Pézenas ou Montpellier) et des ressources hydrominérales (Molitg, Lamalou-les-Bains). De plus, la région, par sa vocation de passage, constitue une étape sur les routes touristiques les plus fréquentées d’Europe, vers l’Espagne et l’Italie.

Le littoral, avec plus de cent kilomètres de plages sablonneuses, est resté longtemps à l’écart, sorte d’angle mort entre les plages de la Costa Brava et les stations de la Côte d’Azur ; Palavas-les-Flots, Le Grau-du-Roi, Valras-Plage, Narbonne-Plage, Argelès-sur-Mer étant essentiellement réservés aux habitants des villes voisines, dans des conditions d’installation souvent sommaires. Pour mieux utiliser ce potentiel, un programme ambitieux d’aménagement a été mis sur pied en 1963 par la « Mission interministérielle pour l’aménagement touristique du littoral du Languedoc-Roussillon ».

Le plan prévoit la création de nouvelles stations, la mise en valeur des sites et leur protection ; il a entraîné une série de réflexes de défense de la part des autochtones, mais désormais les pyramides de La Grande-Motte marquent le début d’une urbanisation nouvelle, précédant les cinq autres unités : cap d’Agde, embouchure de l’Aude, Gruissan, Leucate-Barcarès et Saint-Cyprien. L’ensemble permettra d’accueillir plus d’un demi-million d’estivants.

Mais l’aménagement ne s’est pas limité au seul littoral ; le parc national des Cévennes a été créé entre l’Aigoual et le mont Lozère sur le périmètre de 131 communes et une superficie de 90 000 ha, dans une région restée en partie mal accessible, aux paysages sauvages. La zone périphérique, sur 150 000 ha, bénéficie également de mesures tendant à sauvegarder le potentiel touristique et à fixer la population encore présente.

Le visage du Languedoc-Roussillon se modifie après une longue période de stagnation ; l’arrière-pays s’oriente vers une vocation nouvelle de résidence et loisirs, le littoral s’équipe. Mais la partie vitale révèle une série de divergences vers Barcelone pour Perpignan, vers l’axe rhodanien pour Nîmes.

R. D. et R. F.

➙ Alès / Aude / Béziers / Carcassonne / Gard / Hérault / Lozère / Montpellier / Narbonne / Nîmes / Perpignan / Pyrénées-Orientales / Sète.

 P. Marres, les Grands Causses du sud du Massif central. Étude de géographie physique et humaine (Arrault, Tours, 1935 ; 2 vol.). / G. Galtier, le Vignoble du Languedoc méditerranéen et du Roussillon (Causse, Graille et Castelnou, Montpellier, 1960 ; 3 vol.). / P. Carrère et R. Dugrand, la Région méditerranéenne (P. U. F., 1963 ; 2e éd., 1967). / R. Dugrand, Villes et campagnes en Bas-Languedoc (P. U. F., 1963). / J. Milhau (sous la dir. de), Région et développement. L’économie du Languedoc-Roussillon (Gauthier-Villars, 1968). / R. Dugrand (sous la dir. de), Atlas régional du Languedoc-Roussillon (Berger-Levrault, 1970).

Lanskoy (André)

Peintre russe de l’école de Paris (Moscou 1902).


D’origine aristocratique, Andreï Mikhaïlovitch Lanskoï s’installe à Paris peu après la révolution bolchevique, en 1921. Il apparaît, au sein de ce milieu parisien, comme le génie le plus profondément russe, qui tente de faire éclater le monde intérieur aux dimensions de l’univers. Dans chacune de ses créations, il offre l’image d’une nouvelle nature faite de la chair et du sang du monde euclidien, mais reconstruite selon la rythmique, la plasticité, les rapports propres à la peinture. Le mot création prend chez lui son plein sens : « Comme Dieu créa l’homme à son image, le peintre reflète dans le tableau l’image de son monde intérieur », a écrit Lanskoy, qui, en même temps, affirme l’existence autonome, souveraine de la peinture : « Ce n’est pas ce qui entre dans l’œil du peintre qui enrichit le tableau, mais ce qui sort de son pinceau. » Pour lui, il n’y a pas de conflit entre la peinture dite « figurative » et la peinture dite « abstraite » ; ce qui compte dans tous les cas, c’est la peinture comme telle. D’ailleurs, de 1921 à 1942, André Lanskoy peint d’après nature. Il n’y aura donc pas de rupture quand, en 1944, il décidera d’aller chercher son inspiration à la source même du « sensible » et non plus seulement du « visible ».