Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Lancastre (suite)

De nouveau veuf, il épouse en 1396 sa maîtresse Catherine Swynford, dont il a des enfants : les Beaufort ; il fait aussitôt légitimer ceux-ci par Richard II, qui se l’était définitivement attaché en le créant duc d’Aquitaine (1390). De ce fait, la direction du parti de Lancastre est assurée depuis 1385 par le comte de Derby, Henri de Lancastre. Se prétendant héritier direct (et légitime) par les femmes d’Henri III Plantagenêt, celui-ci se fait reconnaître roi d’Angleterre sous le nom d’Henri IV (1399-1413).

Jean de Lancastre

(1389 - Rouen 1435), duc de Bedford.

Troisième fils d’Henri IV, régent de l’Angleterre lors de l’expédition de son frère Henri V en France en 1415, puis en 1417-1419, il brise l’invasion écossaise, réprime en 1417 la conjuration de John Oldcastle, chevalier lollard, partisan attardé de Richard II.

Régent du royaume de France au nom d’Henri VI, isolant avec habileté le roi de Bourges, nouant une alliance étroite avec le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, dont il a épousé la sœur Anne (1423), il ne peut néanmoins rétablir la situation militaire, définitivement compromise en 1429 par l’intervention de Jeanne d’Arc, dont il organise pourtant le procès et l’exécution à Rouen en 1431. Réduit aux seules ressources fiscales du royaume de France, il meurt le 14 septembre 1435, sans avoir pu empêcher la signature du traité franco-bourguignon d’Arras, qui a lieu le 21 septembre.

P. T.


Les rois de la maison de Lancastre


Henri IV

(Bolingbroke, Lincolnshire, 1367 - Westminster 1413), comte de Derby, duc d’Hereford, puis roi d’Angleterre (1399-1413).

Unique fils légitime de Jean de Gand et de Blanche de Lancastre, associé dès 1385 aux barons qui prétendent limiter l’autorité de Richard II, le comte de Derby est l’un des cinq « lords appelants » qui s’arrogent le gouvernement du royaume du 12 novembre 1387 au 3 mai 1389. Après une croisade en Lituanie suivie d’un pèlerinage à Jérusalem, il rentre en grâce en 1397 et est promu duc d’Hereford. Mais en conflit avec le duc de Norfolk, qui l’accuse de comploter contre le roi, il est banni le 16 septembre 1398 pour dix ans.

À la mort de son père, Jean de Gand, le 3 février 1399, Richard II confisque son héritage et le bannit à vie, provoquant sa révolte. Contraignant Richard II à abdiquer en septembre 1399, il ne peut faire face à la multiplicité des oppositions qui se manifestent aussitôt qu’en s’appuyant sur le parlement, qui reconnaît sa royauté et dont le pouvoir de contrôle se trouve ainsi renforcé. Finalement, les Écossais sont contenus en 1402-03, la révolte du Gallois Owen Glendower brisée (1400-1408), les factions des Percy et des York maintenues dans l’obéissance, et le lollardisme réprimé en fonction du statut parlementaire De haeretico comburendo de 1401. Mais, victime peut-être de la syphilis depuis 1405, Henri IV doit abandonner la réalité du pouvoir au prince de Galles Henri (futur Henri V) en 1410, puis, en 1412, à son fils cadet Thomas, duc de Clarence.


Henri V

(Monmouth 1387 - Vincennes 1422), roi d’Angleterre (1413-1422).

Réprimant avec vigueur l’opposition religieuse (lollards) et politique (factions), Henri V décide de mettre un terme au séculaire conflit franco-anglais par l’instauration d’une double monarchie. Débarquant le 14 août 1415 près de la pointe de la Hève, détruisant l’armée des Valois le 25 octobre 1415 à Azincourt, exploitant dès lors la querelle des Armagnacs et des Bourguignons et notamment l’assassinat de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, au pont de Montereau le 10 septembre 1419, Henri V obtient par le traité de Troyes du 21 mai 1420 la main de Catherine de France, la régence du royaume des Valois avec droit de succession à la faveur du déshéritement du dauphin Charles. Mais, avant que son beau-père Charles VI succombe, le 21 octobre 1422, il meurt brutalement le 31 août 1422.


Henri VI

(Windsor 1421 - Londres 1471), roi d’Angleterre (1422-1461 et 1470-1471).

Fils d’Henri V et de Catherine de France, il devient successivement roi d’Angleterre le 31 août 1422 et « roi de France » le 21 octobre 1422. Sacré trop tardivement à Paris le 16 décembre 1431 alors que le sacre de Reims a consacré la légitimité de Charles VII le 17 juillet 1429, Henri VI ne régnera en fait jamais effectivement en France, malgré les efforts du régent, le duc de Bedford, qui y réside pour mieux diriger les opérations militaires. Dans ces conditions, la réalité du pouvoir est détenue en Angleterre par les Beaufort, fils légitimés de Jean de Gand, auxquels s’oppose l’ambitieux Humphrey, duc de Gloucester. Mais, ayant pris le pouvoir à sa majorité en 1442, Henri VI rompt cet équilibre en faveur des Beaufort et de leur parent Guillaume de la Pôle, duc de Suffolk, qui font arrêter leur adversaire, lequel disparaît le 23 février 1447. Ayant d’autre part à leur initiative négocié avec la France les trêves de Tours de 1444 et épousé la nièce de Charles VII, Marguerite d’Anjou, Henri VI entre en conflit direct avec l’héritier présomptif du trône, le dur Richard d’York. Mais ce dernier est déçu par la naissance du prince de Galles, Édouard de Lancastre, en 1453.

La perte définitive de Bordeaux en 1453, la première crise de folie d’Henri VI la même année, la prise du pouvoir par Richard d’York en mars 1454, son élimination par le roi, qui recouvre la raison peu après, provoquent le déclenchement de la guerre des Deux-Roses*. Vaincu à Towton le 29 mars 1461, Henri VI perd la couronne au profit de son lointain cousin Édouard IV d’York le 28 juin 1461. Capturé en juillet 1465 dans le Lancashire, enfermé alors à la Tour de Londres, restauré par Richard Neville, comte de Warwick, le 6 octobre 1470, il perd son fils Édouard de Lancastre, tué à Tewkesbury le 4 mai 1471. Emprisonné une nouvelle fois à la Tour de Londres, il y meurt dans la nuit du 21 au 22 mai 1471, quelques instants après avoir reçu la visite du duc de Gloucester.

➙ Angleterre / Cent Ans (guerre de) / Deux-Roses (guerre des) / Grande-Bretagne.

 S. Armitage-Smith, John of Gaunt, King of Castille and Leon, Duke of Aquitaine and Lancaster (Londres, 1904). / H. Flemmings, England under the Lancastrians, 1399-1460 (Londres, 1921). / R. L. Storey, The End of the House of Lancaster (Londres, 1966).