Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

animal (suite)

4. activités de construction. La construction est un mode d’aménagement de l’environnement physique et peut répondre à diverses motivations : elle est parentale dans le cas de la nidification chez les Oiseaux ; elle est alimentaire lorsqu’il s’agit d’un piège, comme la toile des Araignées. Cette construction a servi de test pour diverses drogues : le plan de la toile perd toute régularité sous l’effet de la caféine, tandis que d’autres drogues, comme le L. S. D., au contraire, rendent cette toile encore plus régulière que dans les conditions normales. La construction peut également répondre à un simple but d’habitation, comme les nids des Insectes sociaux, dont les ruches et certaines termitières constituent les exemples les plus parfaits. Enfin, elle réalise une véritable modification du biotope ambiant dans le cas des digues et des barrages édifiés par les Castors.

• L’animal et son environnement biologique.

1. le comportement alimentaire. Les conduites de capture de la proie ont été étudiées chez les Insectes carnassiers, par exemple chez la larve de Libellule par J. Rostand et chez la Mante religieuse par Mittelstaedt, qui a pu établir toute une théorie cybernétique de coordination sensori-motrice à partir de ses expériences sur la réponse de préhension d’une cible en mouvement chez cet Insecte.

Les conduites d’amassage et de constitution de réserves de nourriture sont connues chez les Abeilles (miel), chez les Fourmis et chez les Rats.

2. le comportement sexuel. Les déterminants du comportement sexuel ont été étudiés chez les Gallinacés domestiques et chez les Canards. Ainsi, l’ablation des gonades chez le Poulet, suivie de la greffe des gonades du sexe opposé, détermine, outre les modifications morphologiques, un changement de comportement, notamment le chant, l’agressivité et l’appétition sexuelle elle-même. Chez le Canard mâle, Benoît a découvert que la maturation des gonades et la manifestation de l’appétition sexuelle étaient sous le contrôle de la quantité d’éclairement diurne : les testicules d’un Canard dont la tête est maintenue recouverte d’un capuchon restent petits. On comprend ainsi qu’à l’allongement des jours au printemps corresponde une augmentation de l’activité sexuelle.

Chez beaucoup d’espèces, les motivations sexuelles induisent, vis-à-vis du sexe opposé, des activités précopulatoires caractéristiques, consistant à fournir au partenaire des stimuli tactiles (contacts d’antennes chez certains Insectes) ou sonores (stridulations, chants), ou visuels (« roue » du Paon). On connaît ainsi des parades nuptiales aussi bien chez les Arthropodes (Araignées, Scorpions) que chez les Poissons (Épinoche) et chez les Oiseaux. Réciproquement, les individus de même sexe peuvent être l’objet d’agressivité, cela étant surtout vrai pour les mâles (combats de Coqs) et spécialement lorsqu’il y a formation d’un « territoire » comme chez les Lézards ou certains Poissons des récifs coralliens.

3. le comportement parental. Les soins aux jeunes se manifestent dès la ponte par le choix de l’emplacement où se fait celle-ci et parfois par l’apport de nourriture auprès des œufs, disposée là à l’intention des jeunes (Hyménoptères paralyseurs), ou même par l’apport de nourriture fraîche aux jeunes après éclosion (« becquée » des Oiseaux). Choix de l’emplacement de ponte et « prévision » de nourriture peuvent se confondre dans le cas de certains Insectes (« Mouches à fruits », certains Charançons et surtout Hyménoptères porte-tarière), qui déposent directement leurs œufs à l’intérieur d’une plante ou d’un autre animal vivant, que leur larve rongera.

4. le comportement social. Les rassemblements animaux peuvent revêtir diverses formes : outre les effets dus au rapprochement des sexes et aux groupements « familiaux », dont la motivation n’est pas purement sociale, il y a une grande diversité d’associations entre individus.

Il faut citer tout d’abord l’existence d’une sociabilité interspécifique, c’est-à-dire entre individus d’espèces différentes. Les phénomènes de symbiose, de parasitisme, de commensalisme relèvent plutôt de la biologie, et on peut rappeler à ce sujet l’association bien connue entre certains Pagures et une Actinie, qu’ils transportent et qui les « protège », probablement bien malgré elle. Par contre, il est intéressant de signaler l’existence de relations de « nettoyage », telles que celles qui se produisent entre certains petits Poissons de récifs et de gros Mérous ou entre le Crocodile du Nil et un petit Passereau, le Trochile, ou entre les Buffles et un petit Échassier, l’Aigrette, ou Pique-Bœuf. Le bénéfice d’une telle association est certainement alimentaire pour le « nettoyeur » ; on ne sait pas avec certitude ce qu’il peut être pour l’autre partenaire : la fuite du nettoyeur en présence d’un danger éventuel peut lui donner l’alerte. Il existe d’autres formes de groupements interspécifiques dont les raisons d’être sont mal connues, comme les associations de bandes de Gnous et de Zèbres.

Néanmoins, c’est la sociabilité intraspécifique qui constitue le phénomène majeur du comportement social, d’autant plus qu’il se manifeste de plusieurs façons différentes. Les « foules » ne sont que des rassemblements fortuits d’individus dans un biotope restreint, tandis que de telles contraintes n’existent pas dans les « agrégats », de sorte que le rassemblement résulte vraiment d’une interattraction des individus, sous forme de grégarisme inorganisé : c’est le cas des « rookeries » d’Oiseaux de mer ; enfin, on trouve de véritables sociétés structurées. Parmi celles-ci, il y a de simples groupes hiérarchisés, comme ceux des Gallinacés domestiques, comprenant un individu « dominant » qui peut frapper du bec tous les autres, un « paria » que tous frappent sans qu’il ose se défendre et des individus occupant des « rangs » intermédiaires. Cette structure sociale se retrouve dans les groupes de Chiens, de Babouins, etc. Les Insectes sociaux forment des sociétés beaucoup plus complexes, avec formation de « castes » d’individus sexués et neutres, ces derniers pouvant même se diviser le travail sur la base de sous-castes (« ouvriers » et « soldats » des Termites et de certaines Fourmis) ou bien sur celle de l’âge (les Abeilles ouvrières sont successivement ventileuses, nourrices, cirières, puis butineuses). La biologie et le comportement de l’individu sont profondément modifiés par cette vie communautaire, au point que sa survie est impossible en dehors du groupe, si bien qu’on a pu décrire ce dernier comme un « super-organisme ». Il faut noter, toutefois, que ces effets de groupe se retrouvent dans presque tous les cas de rassemblements chez les animaux, surtout s’ils sont importants, et qu’ils soient structurés ou non, comme les vols de Criquets Pèlerins ou comme les bancs de Poissons pélagiques (Sardines, Anchois, Harengs, etc.), à tel point que ces derniers sont, à présent, décrits eux aussi comme des « superorganismes » en ce qui concerne leurs activités d’alimentation, de reproduction et de migration.