Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

laboratoire d’analyses médicales (suite)

 A. Elliott et J. H. Dickson, Laboratory Instruments ; their Design and Application (Londres, 1951 ; nouv. éd., 1959). / C. Jaulmes, A. Jude, J. Quérangal des Essarts et J. Delga, Pratique du laboratoire (Masson, 1951 ; nouv. éd., 1964). / J. Desbordes, G. Strauss et C. Guyot-Jeannin, la Législation du laboratoire d’analyses médicales (Éd. du Creuset, 1956 ; suppl. en 1961). / J. Loiseleur (sous la dir. de), Techniques de laboratoire (Masson, 1963 ; 3 vol.). / A. P. Johnson, Organization and Management of Hospital Laboratories (Londres, 1969). / Le Laboratoire (Masson, 1969).

Labrador

Région du Canada oriental.



La géographie

Au sens large, abandonné aujourd’hui, le terme de Labrador s’applique à l’immense péninsule entourée par la baie et le détroit d’Hudson, l’Atlantique et l’estuaire du Saint-Laurent et qui est partagée entre les provinces de Québec et de Terre-Neuve. Au sens étroit, employé actuellement, ce terme (ou côte du Labrador) ne désigne que la partie terre-neuvienne, Ungava étant le nom de la partie québécoise.

Au Labrador, le bouclier canadien se divise en trois régions. Sur la côte atlantique, des montagnes dissymétriques, abruptes vers la mer, dépassant parfois 1 000 m (monts Torngat) sont séparées par des fjords. Au centre, la pente douce doit aux glaciers quaternaires son aspect de plateau lacustre, qui est incisé par quelques vallées profondes (fleuve Churchill). À l’ouest, le géosynclinal du Labrador donne une topographie rubanée.

Les hivers sont très rigoureux (moyenne : – 18 °C en janvier à Goose Bay, avec des minimums moyens de – 23 °C et extrêmes de – 39 °C) et longs (6 mois de moyenne négative) ; la neige y est très abondante (plus de 3 m par an ; localement 5 m). Les glaces marines retardent le réchauffement estival : l’été littoral a un caractère arctique (moyenne du mois le plus chaud inférieure à 10 °C), tandis que les chaleurs ne sont pas absentes de l’intérieur durant l’été subarctique.

Les glaces qui affectent le littoral comprennent des glaces locales se formant en décembre et se disloquant en juin, des glaces de dérive très épaisses, d’origine polaire, retardant l’ouverture de la navigation en début d’été, et des icebergs.

La frange littorale et les montagnes de la façade atlantique ne portent qu’une toundra interrompue d’affleurements rocheux. Dans l’intérieur, la végétation consiste en une mosaïque de forêt claire et de toundra au nord et en une forêt de petits conifères à croissance lente au sud.

Longtemps, les Esquimaux du littoral ont vécu d’une économie de subsistance fondée sur la chasse (phoque, ours) et la pêche (morue, truite de mer), complétées par des raids de chasse du caribou dans l’intérieur. Cela entraînait des déplacements entre les sites de chasse et de pêche avec un habitat en chacun de ces sites. L’intérieur était parcouru aussi par des bandes d’Indiens nomades, essentiellement chasseurs (Montagnais et Naskapis).

À côté d’améliorations matérielles (armes à feu, bateaux à moteur), l’impact de la civilisation moderne a eu tout d’abord pour effet d’introduire l’économie de marché (développement excessif du piégeage) avec les aléas qui en résultent (fluctuations du prix des fourrures). Plus récemment, les Esquimaux ainsi que des pêcheurs blancs établis sur la côte du Labrador ont été attirés par de nouvelles sources d’emploi, surtout dans l’intérieur. En ce qui concerne les premiers, ils ont abandonné un mode de vie ancien sans s’adapter pour autant à la civilisation technique. Si quelques-uns se sont assuré un revenu régulier et un logement décent, la plupart d’entre eux ainsi que les Indiens sont réduits à l’état de demi-mendiants entassés dans des shack-towns (bidonvilles) à l’écart des établissements des Blancs.

Réputé sans ressources, le Labrador est aujourd’hui une « Nouvelle Frontière ». Près de Schefferville (à la limite même des deux provinces), de Wabush et de Labrador City, on a ouvert des mines de fer reliées par rail à l’estuaire du Saint-Laurent et livrant annuellement, avec des fluctuations sensibles, de 25 à 30 Mt de minerai (de 50 à 60 p. 100 de teneur). Le fleuve Churchill fournit de l’énergie (puissance potentielle : de 3 000 à 4 000 MW) à Wabush et à Labrador City, et en fournira sans doute à Montréal et aux Provinces maritimes. L’exploitation forestière (lac Melville), les aéroports (Goose Bay, villes minières), les installations militaires procurent de nombreux emplois. En excluant Schefferville (Québec), on compte environ 15 000 habitants permanents au Labrador (dont quelque 1 400 sur la côte) ; les effectifs de la population flottante ou saisonnière sont du même ordre de grandeur.

P. B.


L’histoire

Le Labrador est sans doute la première terre d’Amérique atteinte par les Européens : c’est vraisemblablement en l’an 1001 que le Viking Leif Eriksson, poussé par la tempête, parvient à une terre, le Helluland (« terre des tables de pierre »), qui appartenait peut-être à l’actuel Labrador. Après quelques hivernages, toutefois, les Européens oublient ces régions.

Il faut attendre près de cinq siècles pour que ces parages soient de nouveau fréquentés par des navigateurs : après les découvertes de Colomb, les marchands de Bristol veulent tenter de trouver une voie plus directe vers l’Orient. À leur service, le Génois Giovanni Caboto (Jean Cabot) prend possession, en 1497, d’une terre située peut-être sur la côte du Labrador, plus vraisemblablement à Terre-Neuve. La découverte du Labrador est plus sûrement attribuée au Portugais Gaspar Corte Real en 1501. Dès lors, les pêcheurs portugais, mais aussi les Basques et les Bretons fréquentent activement les rivages de Terre-Neuve et du Labrador oriental. Dès son premier voyage (1534), Jacques Cartier* explore le détroit de Belle-Isle, entre Terre-Neuve et le Labrador. En 1576, l’Anglais Martin Frobisher longe une partie de la côte nord-est du pays. En 1610, enfin, l’exploration du littoral s’achève avec Henry Hudson, qui parcourt le détroit et la côte orientale de l’immense baie à laquelle, comme pour le premier, son nom a été donné.