Kyōto (suite)
À partir du xviie s., la classe bourgeoise s’affirme, et les riches marchands de la ville stimulent le développement des métiers d’art. La plupart des soieries et des laques* du Japon sont fabriqués à Kyōto. Les artisans du textile, groupés dans le quartier Nishijin, rivalisent d’ingéniosité pour décorer les étoffes et utilisent un procédé spécial de teinture (yūzen) qui permet des dessins libres et multicolores. Les broderies, les objets en bambou, les peignes et les poupées sont également réputés. La production céramique connaît un essor constant, en particulier à Kiyomizu et à Awata. Cet artisanat de haute qualité reste aujourd’hui très vivant.
F. D.
La ville actuelle
L’époque actuelle a laissé moins de traces ici que dans les autres métropoles japonaises ; les quartiers industriels se concentrent au sud de la gare, épargnant ainsi la zone historique. Toutefois, 16 p. 100 de la population se livrent à des activités manufacturières, en usines ou en ateliers nombreux et de petites dimensions : appareillage électrique, instruments de précision, produits pharmaceutiques. L’absence d’industries lourdes garde à Kyōto un ciel clair qui contraste violemment avec les brumes noirâtres dont Ōsaka s’enveloppe à 50 km au sud-ouest.
La principale richesse de la ville provient toutefois du tourisme, 10 millions de personnes la visitant chaque année : Japonais en groupes d’écoliers ou de ruraux venus en voyages organisés et étrangers, pour lesquels la ville est le principal pôle d’attraction. Les deux pointes de cette activité se situent au printemps (mars-mai : 40 p. 100 des visiteurs) et en automne (25 p. 100). Un grand nombre d’hôtels vivent de ce tourisme. Un centre commercial, avec grands magasins, banques, hôtels modernes, forme un îlot de constructions modernes de bois, à peu près au milieu de l’agglomération : il s’étend au sud vers le quartier de la gare, lui aussi très animé.
Aujourd’hui, Kyōto paraît entrer dans une nouvelle phase de sa longue histoire. Elle s’intègre, en effet, de plus en plus dans la conurbation d’Ōsaka, pour laquelle elle devient une ville-dortoir. Elle se développe dans trois directions : à l’est, vers le bassin de Yamashina et le lac Biwa ; au sud, dans la plaine du Kansai ; à l’ouest, dans le secteur de Sagano. Un métro est prévu, bien que l’ampleur des avenues rende ici le problème de circulation bien moins pressant que dans les autres métropoles. Trois voies ferrées relient la ville à Ōsaka, et la ligne récente du Shinkansen la met à 2 h 50 mn seulement de Tōkyō. L’autoroute Tōkyō-Kōbe passe légèrement au sud, parmi des rizières que la marée des constructions fait rapidement disparaître. Au sein de la mégalopolis, Kyōto demeure ainsi un témoignage du passé. Comme Florence ou Athènes, c’est un des hauts lieux de l’esprit humain.
J. P.-M.
➙ Eitoku / Japon / Kanō (école des) / Kōrin et Kenzan / Sōtatsu / Tch’an et Zen dans l’art / Thé (cérémonie du).
R. Ponsonby-Fane, Kyōto, the Old Capital of Japan (Kyōto, 1956).