Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
K

Knud le Grand (suite)

Régnant sur ses trois royaumes, Knud le Grand s’assurait par là de la maîtrise de la mer du Nord : son empire, véritable thalassocratie, s’étendait de la Baltique aux lointains rivages groenlandais. Il ne semble pas que Knud se soit montré trop orgueilleux de son triomphe. En effet, selon un chroniqueur, des courtisans ayant exalté sa puissance sur les mers, le roi s’avança vers le rivage au moment du reflux et, lorsque les vagues lui eurent mouillé les pieds, il s’écria à leur intention : « Apprenez que celui-là seul est tout-puissant à qui l’océan a obéi quand il a dit : « Va jusque-là et pas plus loin. »

Une dernière expédition conduisit Knud en Écosse pour y combattre le roi Malcolm II (1005-1034), qui lui refusait l’hommage féodal qu’il lui devait pour des terres qu’il possédait dans le Cumberland ; c’est la racine des futures prétentions des rois d’Angleterre, qui plus tard voulurent imposer leur suzeraineté à toute l’Écosse.

Mais l’empire de Knud était fragile. Sa mort en 1035 entraîna sa dislocation ; d’ailleurs, son testament lui-même l’avait prescrit. Il avait eu d’un premier mariage deux fils, Sven et Harald, d’Emma, sa seconde épouse, un troisième fils, Hardeknud. Par son testament, il léguait la Norvège au premier, l’Angleterre au second, et le Danemark échut au cadet.

Cet empire immense, nouveau pour l’époque, à l’allure presque coloniale, était sans doute anachronique ; il ne survécut pas à son créateur, dont les trois royaumes suivirent des chemins différents.

P. P. et P. R.

➙ Angleterre / Danemark / Norvège.

 L. M. Larson, Canute the Great (Londres, 1912).

Kōbe

V. du Japon (Honshū) ; 1 400 000 hab.


Kōbe, situé à 30 km d’Ōsaka, date de l’ère Meiji (1868-1912), époque où Ōsaka nécessita un port en eau profonde, établi ici, près du petit port, déjà ancien, de Hyōgo. Le site de la ville, un pied de versant plongeant dans la mer Intérieure, a décidé de sa forme : 30 km de long sur 1 ou 2 de large ; le centre des affaires se trouve au pied du versant, entre le port et les quartiers résidentiels qui escaladent le mont Rokkō. Bien qu’étant surtout un port, Kōbe est aussi un important centre industriel caractérisé par la grande dimension de ses usines (40 p. 100 ont plus de 1 000 ouvriers). Il s’agit en effet d’industries lourdes : construction navale (dont Kōbe est un gros centre avec les chantiers Kawasaki et Mitsubishi), outillage, caoutchouc ; textiles et confection n’emploient que 5 p. 100 de la main-d’œuvre.

Une partie de la zone industrielle a été conquise sur la mer ; le port la divise en deux secteurs. À l’ouest sont les chantiers navals et, dans l’intervalle ou le long des canaux, des établissements plus petits : fonderies, raffineries de sucre, minoteries, ateliers de travail du bois et usines d’appareillage électrique. Tout un quartier manufacture des objets en caoutchouc. Le secteur oriental est dominé par deux vastes usines de fonte et d’acier, entourées d’établissements plus petits où se fabrique notamment la bière de riz traditionnelle : le saké.

Les industries de Kōbe ont un double handicap (le manque de terrain et d’eau douce) qui freine encore leur développement. La montagne fermant la ville au nord, celle-ci ne peut s’étendre qu’aux dépens de la mer, et de vastes polders industriels sont créés jusque vers Amagasaki et Nishinomiya, à la rencontre d’Ōsaka. Entre 1966 et 1970, 6 000 ha ont été conquis sur la mer ; en outre, une vaste île artificielle, au large du port, abritera de grandes usines et un port de conteneurs. La terre nécessaire au remblaiement est prise aux collines où s’adosse la ville et acheminée directement par convoyeurs. Des terrains récemment acquis de cette façon, 1 000 ha sont réservés aux aciéries, 800 à l’outillage, 400 au stockage du pétrole, 200 aux industries alimentaires et 300 aux chantiers navals. Soixante-dix firmes industrielles au total ont pris des options. De grands travaux d’adduction d’eau complètent ce vaste chantier.

Kōbe est le premier port du Japon pour les exportations (27 p. 100 du total), le second pour les importations (12,5 p. 100). Son arrière-pays comprend surtout l’énorme région industrielle d’Ōsaka, mais s’étend depuis Nagoya à l’est jusqu’à Kyūshū à l’ouest. Le port est en eau profonde. Orienté au sud et à l’est, fractionné en treize bassins par des jetées, adossé au nord à des collines, il est abrité des vents d’ouest et du nord.

Le trafic y est aussi congestionné que dans les autres ports japonais, et l’une des utilités des nouveaux atterrissements industriels sera notamment d’étendre son kilométrage de quais. Le trafic de voyageurs demeure important, et bien des navires y relâchent allant à Yokohama ou en venant. Le trafic des marchandises se partage presque également entre le cabotage et le commerce extérieur. D’énormes tonnages de minerais, charbon et coke, bois, engrais et coton arrivent ici de l’étranger et sont redistribués dans une bonne moitié de l’archipel.

Au total, un quart environ (en valeur) du commerce extérieur japonais passe par Kōbe (premier rang), les importations étant aux exportations en valeur dans le rapport de 58 à 42, mais en tonnage dans celui de 70 à 30. Les premières consistent en effet surtout en matières premières, alors que les secondes intéressent les produits manufacturés.

Le coton est la première marchandise importée (23 p. 100 de la valeur totale) venant des États-Unis, du Mexique et de l’Inde. Suivent le caoutchouc brut, les ferrailles, les minerais non ferreux. Le coton est filé et tissé hors de la ville, alors que les ferrailles sont traitées largement sur place. Par caboteurs, rails ou camions, ces produits sont redistribués dans tout l’ouest du pays, d’où les produits fabriqués reviennent parfois pour être exportés. Les textiles forment le tiers de ces sorties, l’acier et les produits métalliques venant ensuite; 38 p. 100 des achats et 23 p. 100 des ventes se font avec les États-Unis. Toutefois, l’Asie du Sud-Est prend une importance croissante.

J. P.-M.