Knox (John) (suite)
En 1559, il repart pour son pays et, chemin faisant, s’arrête à Dieppe, où il contribue à fonder et structurer une communauté vivante ; le 2 mai 1559, il est de retour en Écosse. Il passera le reste de sa vie à y faire triompher la cause de la Réforme. Il ne tarde pas à affronter Marie Stuart, qui, sous des dehors séduisants, cache une hostilité foncière au protestantisme et un dévouement total au parti catholique. Pendant ses douze dernières années, Knox va déployer une intense activité : prédications, organisation de l’Église, des écoles et des universités, travaux théologiques fondamentaux et de circonstance ne l’empêchent pas d’être constamment vigilant et sur la brèche du combat politique, où il s’emploie avec succès à faire pièce à la politique de la reine et aux intérêts français qui la soutiennent. Dans ses rencontres avec sa souveraine, il trouve tout naturellement les accents des grands témoins de la Parole en face des pouvoirs : Nathan devant David, Ambroise devant Théodose, Jean Chrysostome devant Eudoxie revivent en lui, avec ce zèle de l’évangéliste qui, de toute sa ferveur culminant à l’« impudence » des grands intercesseurs, recherche, à travers invectives et supplications, d’abord la conversion de l’adversaire. Inlassablement et « à grands coups de trompette », il mène la lutte contre les images des saints, les couvents, les éléments contraires à l’Écriture dans le culte. Il introduit le régime presbytérien dans les communautés, il fait adopter par le parlement la Confession de foi écossaise (Confessio scotica) et les ordonnances de 1560, qui font partie des textes de base du protestantisme réformé. De la chaire de Saint Giles, il appelle le peuple à exiger la suppression de la messe au château royal, il dénonce la reine comme meurtrière de son mari et adultère et, jouant le rôle d’intermédiaire entre la noblesse écossaise et la cour de Londres, il n’est pas étranger à l’arrestation et à l’exécution de Marie Stuart.
La nouvelle du massacre de la Saint-Barthélemy, le 24 août 1572, est pour lui un coup terrible ; il appelle le jugement de Dieu contre le roi de France, assassin des meilleurs fils de son peuple, puis, frappé d’une légère attaque d’apoplexie, il continue à prêcher tant qu’il peut gravir les degrés de la chaire. Il meurt le 24 novembre, après avoir protesté de la pureté de ses desseins et de son absence de haine à l’égard de ses adversaires. Son dernier désir, vœu profondément œcuménique, est d’entendre une fois encore la prière pour l’unité (Évangile de saint Jean, xvii), couronnement des discours d’adieu de Jésus à ses disciples. Sur sa tombe, le régent James Douglas, comte de Morton, déclare : « Ici repose celui qui jamais ne redouta la face d’un homme. »
Son œuvre littéraire majeure est un ouvrage posthume : l’Histoire de la réformation en Écosse (History of the Reformation in Scotland), qui conserve une actualité durable ; mais c’est surtout dans la vie de son peuple, dans son système d’éducation et dans sa vie ecclésiale, restée jusqu’aujourd’hui indépendante à l’égard de l’Église anglicane — de telle sorte que le souverain anglais se doit d’être presbytérien en Écosse ! — que son influence demeure vivante dans ce pays, pour lequel il a si ardemment combattu.
G. C.
➙ Écosse / Marie Stuart / Marie Tudor / Protestantisme / Réforme.
E. G. Léonard, Histoire générale du protestantisme, t. I et II (P. U. F., 1961). / P. Janton, John Knox, l’homme et l’œuvre (Didier, 1967) ; Concept et sentiment de l’Église chez John Knox (P. U. F., 1972). / J. Ridley, John Knox (Oxford, 1968).