Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
K

kinésithérapie (suite)

Pour certains sujets enfin, et sur un terrain propice, ces affections peuvent entraîner des répercussions psychoémotionnelles. À l’inverse, les perturbations psychiques (maladies mentales) peuvent engendrer également des désordres ostéo-articulaires et neuro-musculaires (défense, contracture). La recherche de la détente peut avoir une répercussion heureuse sur le comportement du sujet. Dans ces deux cas, l’action plus ou moins directe de la kinésithérapie est efficace, sinon déterminante.


Techniques de kinésithérapie

La kinésithérapie recherche l’unité et l’équilibre de tous les éléments de l’organisme. Elle se propose de redonner le geste et la fonction. Le kinésithérapeute dispose à cet effet de techniques diverses, dont il doit avoir une connaissance étendue qui lui permette de s’adapter non seulement à l’affection traitée, mais également à l’individu soigné. Cela nécessite de sa part des connaissances anatomiques et physiologiques approfondies ainsi qu’un sens psychopédagogique développé. Il assume le déroulement du traitement de rééducation tout en restant en contact avec les autres membres de l’équipe médico-chirurgicale.

Le kinésithérapeute, après avoir pris connaissance du dossier médical ou de l’ordonnance, fait un minutieux examen articulaire, neuro-musculaire et fonctionnel du patient. Il cherche à se faire une idée aussi complète que possible de son état général et psychologique. Ensuite, partant de ces données, il élabore un programme d’exercices tout en prévoyant l’évolution possible de l’état du patient. Il s’efforce enfin d’établir avec celui-ci des relations de confiance qui l’inciteront aux efforts de volonté personnelle, indispensables à toute bonne rééducation.

Les différentes techniques de kinésithérapie sont essentiellement à base de travail dynamique. Cependant, certaines d’entre elles — comme la technique de rééducation musculaire à base de réflexes posturaux ou la technique de Niederoffer — préfèrent le travail statique contre résistance, dans lequel la contraction musculaire est isométrique (sans déplacement). De toute façon, ces techniques utilisent le mouvement volontaire ou réflexe sous des formes diverses, généralement classées ainsi qu’il suit : passif, autopassif, actif aidé, actif, actif contre résistance.

• Le mouvement passif est un mouvement dans lequel la force déployée n’est pas donnée par le sujet lui-même, mais par un agent extérieur. Ce mouvement passif est souvent utilisé dans certaines paralysies et dans les raideurs articulaires ; en orthopédie, il vise à un « rodage » articulaire.

Il peut aider à redonner le sens du mouvement et montrer au malade ses possibilités. Si, par cette mobilisation passive, le kinésithérapeute provoque un étirement, il obtient un mouvement réflexe inverse (technique de Kabat). Ce mouvement passif, qui doit être précis et bien dosé, nécessite la main du kinésithérapeute ; celui-ci peut aussi utiliser des moyens mécaniques, le plus simple consistant en l’utilisation de poulies qui agissent par l’intermédiaire de filins actionnés par des poids (sacs de sable) ou par le sujet lui-même.

• Si le sujet participe à l’action, le mouvement est dit autopassif. Le sujet, sous la surveillance du kinésithérapeute, contrôle son mouvement, ce qui permet d’obtenir l’amplitude maximale sans dépasser les limites de l’articulation intéressée.

• Le mouvement actif aidé utilise les mêmes éléments que le mouvement passif ou autopassif, mais avec une participation plus active du sujet.

• Dans le mouvement actif, la force qui détermine le déplacement d’un segment par rapport à un point fixe provient du seul sujet, que ce mouvement soit déclenché volontairement ou de façon réflexe.

• Mouvement actif contre résistance. On peut opposer aux mouvements du sujet des résistances, manuelles ou mécaniques, utilisant souvent la pesanteur. Le mouvement ainsi réalisé est alors dit actif contre résistance.
1. Résistances manuelles : la main du kinésithérapeute qui transmet la résistance est le seul instrument qui puisse vraiment s’adapter à chaque moment aux réactions musculaires du sujet, tout au long de l’exécution d’un mouvement (travail dynamique). Elle peut aussi donner une résistance au maintien d’une position déterminée en dosant la force qu’elle libère en fonction de la réponse musculaire obtenue ; c’est alors un travail statique. Le travail statique comme le travail dynamique affirment l’ambivalence musculaire. En effet, dans un même muscle se retrouvent des éléments à fonction statique et d’autres à fonction dynamique. D’autre part, le rôle de certains muscles est plus particulièrement de maintenir le squelette, alors que celui des autres est de le mouvoir.
2. Résistances mécaniques : des résistances peuvent être données à l’aide de poids avec ou sans pesanteur selon la position du sujet, ou par l’intermédiaire de volants, de freins, de ressorts, etc. Dans certains cas, la pesanteur peut être modifiée par l’utilisation de l’eau (balnéothérapie).

Le poids du patient s’avère être la résistance la plus efficace à sa récupération musculaire, d’autant plus qu’elle respecte l’unité de l’individu et réalise l’aspect spécifiquement fonctionnel de la rééducation.

Par conséquent, tout concourt dans le traitement kinésithérapique à faire reprendre son activité fonctionnelle à l’individu. Reprise utile sur le plan personnel puisqu’il retrouve son autonomie, mais importante aussi sur les plans familial, social et professionnel, puisqu’il peut se réinsérer ainsi dans son milieu.

Législation

L’exercice de la kinésithérapie est principalement réglé et codifié par la loi du 30 avril 1946 et le décret du 5 octobre 1953 portant code de la santé publique, complétés par les textes réglementaires d’application subséquents, en particulier le décret du 4 juillet 1960 et l’arrêté du 6 janvier 1962.

Depuis la loi du 3 juillet 1971 relative aux rapports entre les caisses d’assurance maladie et les praticiens et auxiliaires médicaux, une convention tarifaire faisant suite à l’arrêté ministériel du 14 juin 1972 (J. O. du 18 juin) a été signée entre les représentants de la profession et les caisses d’assurance maladie.

Ces différents textes définissent les actes médicaux ressortissant à la kinésithérapie ainsi que les compétences des kinésithérapeutes pour l’exercice de ces actes. Ils précisent enfin le cadre juridique et administratif dans lequel peut, en France, être exercée la kinésithérapie.

Un Conseil supérieur de la kinésithérapie, composé en nombre égal de représentants de l’Administration, de médecins et de masseurs-kinésithérapeutes, siège au ministère de la Santé publique. Ce Conseil est consultatif et donne son avis sur les questions intéressant la formation et l’exercice de la profession. Ses membres sont nommés par arrêté du ministre.

Enfin, le décret du 25 juillet 1967 institue le certificat de masseur-kinésithérapeute moniteur, dont les titulaires sont chargés de l’enseignement.

M.-A. G., M. A. et J. J.

M. A. G.