Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Kenya (suite)

Bien que situé sur l’équateur, le Kenya possède des conditions climatiques variées, en particulier du fait du relief. La région littorale, les hautes terres orientales autour de Nairobi et du mont Kenya, et les hautes terres occidentales reçoivent en deux saisons des pluies plus de 800 mm d’eau par an et concentrent la plus grande partie du peuplement humain. Dans le Nord, de part et d’autre du lac Rodolphe, et dans le Nord-Est, soit sur environ la moitié de la superficie du Kenya, la pluviosité est, par contre, inférieure à 500 mm, ne permettant qu’une vie pastorale nomade dans un paysage de semi-désert.

La géographie des températures est surtout déterminée par l’altitude. S’il fait chaud sur la côte, les hautes terres ont un climat équatorial d’altitude (Nairobi : moyenne annuelle, 17 °C ; amplitude annuelle, 3,5 °C ; février est le mois le plus chaud), très supportable pour les Européens.

La grande forêt humide équatoriale n’est conservée qu’en lambeaux exigus sur les hautes terres centrales et sur la côte, et ce sont divers types de savanes qui couvrent la majeure partie du pays, passant vers les régions les plus sèches à un bush rabougri ou à la steppe. Le mont Kenya et les Aberdare possèdent une zonation végétale due à l’altitude, avec passage de la forêt montagnarde à une zone à bambous, à une zone des bruyères et, au-dessus de 3 700 m, à la prairie alpine.


La population

Avec une population de plus de 10 millions d’habitants, le Kenya présente une densité moyenne de 17 habitants au kilomètre carré. Ce chiffre n’a d’ailleurs pas une grande signification, car la population est très inégalement répartie. Il existe des îlots de très fortes densités, supérieures à 50 habitants au kilomètre carré et même dépassant 200 habitants au kilomètre carré sur les hautes terres autour de Nairobi (pays kikuyu et kamba), sur les bords du lac Victoria (pays luo) et sur la côte. À côté, les trois quarts du Kenya présentent des densités inférieures à 34 habitants au kilomètre carré, en particulier dans les régions semi-désertiques du Nord et du Nord-Est.

Le pourcentage de la population urbaine est très faible (à peine 10 p. 100). Les principales villes sont la capitale, Nairobi (600 000 hab.), Mombasa, le grand port sur l’océan Indien (247 000 hab.), puis viennent des villes beaucoup moins importantes : Nakuru (47 000 hab.), Kisumu (32 000 hab.), Eldoret (18 000 hab.), Thika (18 000 hab.).

La population africaine est constituée par une quarantaine de groupes ethniques se rattachant à quatre groupes linguistiques principaux : bantou, nilo-hamitique, nilotique et hamitique. Les principaux de ces groupes ont un genre de vie fondé sur l’agriculture : ce sont les Kikuyus* (ou Kikouyous) dans la région de Nairobi (1 700 000), les Luos sur le bord du lac Victoria (1 200 000), les Kambas (1 000 000), les Merus, les Nyikas. Parmi les tribus à genre de vie pastoral semi-nomade, il faut citer les Masais* et les Turkanas, qui se rattachent au groupe nilo-hamitique, les Gallas, les Boranas et les Somalis dans le Nord et le Nord-Est, qui sont des Hamites.

La population non africaine comprend environ 200 000 Indiens et Pakistanais, qui vivent pour la plupart dans les villes (il y en a 90 000 à Nairobi), où ils sont surtout commerçants ou employés de bureaux, ainsi que 40 000 Européens. Dès le début de la colonisation, les Anglais ont pensé faire du Kenya, dont le climat des hautes terres convenait aux Européens, une colonie de peuplement. Environ 35 000 km2 ont été attribués aux colons européens dans les régions de Nairobi et de Nanyuki, dans le fond de la Rift Valley et sur les hautes terres occidentales autour de Kericho, d’Eldoret et de Kitale. Il s’y est développé une agriculture (blé) et un élevage modernes qui demeurent vitaux pour l’économie du Kenya.


L’économie

L’agriculture traditionnelle, créatrice de paysages ruraux très denses en pays kikuyu, kamba, luo ou sur la côte, est fondée sur le maïs, le millet, le sorgho, le manioc, la patate douce, le bananier et divers haricots. L’élevage traditionnel, surtout bovin et caprin, est pour une part le fait des tribus d’agriculteurs, pour une autre, sous la forme semi-nomade, celui des tribus hamitiques ou nilo-hamitiques, comme les Masais, les Turkanas ou les Gallas.

Le développement économique a été conditionné par la construction de la voie ferrée Mombasa-Ouganda, commencée en 1896 à partir de Mombasa, atteignant Kisumu et le lac Victoria en 1901 (c’est à l’occasion de la construction de cette voie ferrée que furent importés comme main-d’œuvre les premiers Asiatiques). Ce grand axe possède plusieurs bretelles vers Moshi et Arusha (liaison avec le réseau tanzanien), vers la soude du lac Magadi, vers Nyeri, Kisumu et Kitale, l’ensemble représentant près de 3 000 km de longueur. Une bonne route goudronnée double la voie ferrée. S’il existe des routes secondaires convenables sur les hautes terres densément peuplées, le reste du Kenya est à peu près complètement dépourvu de voies de communication. En 1970, le parc automobile était de 124 000 véhicules.

Les cultures d’exportation sont le café, le sisal, le thé, le coton, le pyrèthre. La canne à sucre, le tabac et le coprah ont une production absorbée entièrement sur place.

Le café, surtout la variété Arabica, est cultivé dans les fermes européennes des hautes terres, entre Nairobi et Thika et autour de Kitale, mais aussi par de nombreux petits producteurs kikuyus et merus. La production oscille entre 45 000 et 55 000 t.

Les principales plantations de sisal sont situées dans la région de Mombasa, le long de la voie ferrée dans la région de Voi et des Teita Hills, enfin autour de Thika. La production avoisine 50 000 t de fibres.

Le thé est une culture en plein développement. Il couvre plus de 20 000 ha au Kenya, en grandes plantations autour de Kericho et sur les hautes terres kikuyus. La production est de l’ordre de 30 000 t.

Le cheptel comprend près de 8 millions de bovins, 7 millions d’ovins, 6 600 000 caprins. À l’exception de l’élevage pratiqué dans les fermes des hautes terres, il s’agit surtout d’un élevage « sentimental », sans grande rentabilité économique.

Le Kenya n’est pas un pays minier. La principale ressource minière est la soude du lac Magadi (100 600 t). Il existe aussi un peu de cuivre sur le bord du lac Victoria, dont l’exploitation a commencé en 1961.