Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
K

Kant (Emmanuel) (suite)

Un siècle après la publication de la Critique de la raison pure, une « volonté de retour » à l’esprit kantien véritable surgit, animé par Hermann Cohen (1842-1918), fondateur de l’école de Marburg. Dans son ouvrage Kants Theorie der Erfahrung, Cohen marque l’étroite liaison qui existe entre la philosophie transcendantale et les sciences en démontrant que la critique de la raison constitue la théorie de l’expérience. Son interprétation n’est cependant pas irréprochable, puisqu’elle accorde un primat injustifié à la logique transcendantale par rapport à l’esthétique transcendantale et laisse dans l’ombre la dialectique transcendantale.

Du point de vue de la fidélité au kantisme, l’interprétation heideggérienne est elle-même insuffisante.

C’est dire que la question de la vérité du kantisme demeure ouverte, ou, mieux encore, que de nouvelles philosophies sont encore à naître du criticisme kantien.

M. K.

 H. Cohen, Kants Begründung der Ethik nebst ihrem Anwendungen auf Recht, Religion und Geschichte (Berlin, 1871 ; 3e éd., 1919) ; Kants Theorie der Erfahrung (Berlin, 1871 ; 4e éd., 1925). / V. Delbos, Essai sur la formation de la philosophie pratique de Kant (Alcan, 1903). / E. Cassirer, Das Erkenntnisproblem in der Philosophie und Wissenschaft der neueren Zeit (Berlin, 1906, 3 vol.) ; Kants Lehen und Lehre (Berlin, 1918). / R. Kroner, Von Kant bis Hegel (Tübingen, 1921-1924, 2 vol. ; nouv. éd., 1961). / E. Adickes, Kant als Naturforscher (Berlin, 1924-25 ; 2 vol.) ; Kant und das Ding an sich (Berlin, 1924). / E. Boutroux, la Philosophie de Kant (Vrin, 1926). / M. Heidegger, Kant und das Problem der Metaphysik (Francfort, 1929 ; 2e éd., 1951 ; trad. fr. Kant et le problème de la métaphysique, Gallimard, 1953). / P. Lachièze-Rey, l’Idéalisme kantien (Alcan, 1935). / L. Goldmann, Mensch, Gemeinschaft und Welt in der Philosophie Immanuel Kants (Zurich et New York, 1945 ; trad. fr. la Communauté humaine et l’univers chez Kant, P. U. F., 1948 ; nouv. éd., Introduction à la philosophie de Kant, Gallimard, 1967). / J. Vuillemin, l’Héritage kantien et la révolution copernicienne (P. U. F., 1954) ; Physique et métaphysique kantiennes (Vrin, 1955). / A. de Muralt, la Conscience transcendantale dans le criticisme kantien (Aubier, 1958). / F. Alquié, « Introduction » dans E. Kant, Critique de la raison pratique (P. U. F., 1960) ; la Critique kantienne de la métaphysique (P. U. F., 1968). / E. Weil, Problèmes kantiens (Vrin, 1963 ; 2e éd., 1970). / J. Lacroix, Kant et le kantisme (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1966 ; 4e éd., 1973). / B. Rousset, la Doctrine kantienne de l’objectivité (Vrin, 1967). / R. Verneaux, le Vocabulaire de Kant, doctrines et méthode (Aubier, 1968) ; Critique de la « Critique de la raison pure » de Kant (Aubier, 1973). / A. Philonenko, l’Œuvre de Kant (Vrin, 1969-1972 ; 2 vol.). / G. Lebrun, Kant et la fin de la métaphysique (A. Colin, 1970). / J. Ferrari, Kant (Seghers, 1971). / A. Kojève, Kant (Gallimard, 1973).

Quelques ouvrages fondamentaux de Kant

1755

Allgemeine Naturgeschichte und Theorie des Himmels (Histoire universelle de la nature et théorie du ciel, où il est traité du système et de l’origine mécanique de l’univers d’après les principes de Newton).

1763

Versuch, den Begriff der negativen Grössen in die Weltweisheit einzuführen (Essai pour introduire dans la philosophie le concept de quantités négatives).

Der einzig mögliche Beweisgrund zu einer Demonstration des Daseins Gottes (l’Unique Fondement possible d’une démonstration de l’existence de Dieu).

1764

Beobachtungen über das Gefühl des Schönen und Erhabenen (Observations sur le sentiment du beau et du sublime).

1781

Kritik der reinen Vernunft (Critique de la raison pure ; 2e édition, révisée en 1787).

1783

Prolegomena zu einer jeden künftigen Metaphysik, die als Wissenschaft wird auftreten können (Prolégomènes à toute métaphysique future qui voudra se présenter comme science).

1785

Rezensionen J. G. Herders Ideen zur Philosophie der Geschichte der Menschheit (Compte rendu de l’ouvrage de Herder « Idées sur la philosophie de l’histoire de l’humanité »).

Sur les volcans de la lune (dans la Berlinische Monatsschrift).

De l’illégitimité de la contrefaçon des livres (ibid.).

Bestimmung des Begriffes einer Menschrasse (Définition du concept de race humaine [ibid.]).

Grundlegung zur Metaphysik der Sitten (Fondements de la métaphysique des mœurs).

1788

Über den Gebrauch teleologischer Prinzipien in der Philosophie (Sur l’usage des principes téléologiques en philosophie [dans le Deutsche Merkur, de Wieland]).

Kritik der praktischen Vernunft (Critique de la raison pratique).

1790

Kritik der Urteilskraft (Critique de la faculté de juger [ou Critique du jugement]).

1797

Metaphysik der Sitten (Métaphysique des mœurs : Premiers principes métaphysiques de la doctrine du droit ; Premiers principes métaphysiques de la doctrine de la vertu.)

1798

Sur l’industrie du livre (deux lettres publiques à Friedrich Nicolaï).

Anthropologie in pragmatischer Hinsicht abgefasst (l’Anthropologie envisagée du point de vue pragmatique).

Kantorovitch (Leonid Vitalievitch)

Économiste soviétique (Saint-Pétersbourg 1912).


Il a introduit les méthodes de programmation linéaire dans la théorie économique soviétique. Son premier ouvrage connu, Méthodes mathématiques d’organisation et de planification de la production, publié en 1939, traite essentiellement de problèmes technico-économiques, comme la répartition des charges entre plusieurs moyens de transport*, la répartition rationnelle des travaux sur machines. Son approche est alors micro-économique.

Cette orientation s’accentue, et Kantorovitch dirige ses recherches vers l’utilisation des méthodes mathématiques appliquées au problème de planification*, tant dans le cadre d’une entreprise que dans celui d’une région économique ou de l’économie nationale. Par la suite, il publiera en 1949, avec M. K. Gavourine, Problèmes de l’accroissement de l’efficacité de l’activité des transports, en 1951, avec V. A. Zalgaller, Calcul de la découpe rationnelle des matières industrielles, en 1957 Mémoire sur les méthodes d’analyse de questions de planification économique posant des problèmes d’extremum, et en 1960 Calcul économique et utilisation des ressources.