Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
K

Kant (Emmanuel) (suite)

Clés pour un index kantien

antinomie, signe d’un conflit de la raison avec elle-même qui, dans son exercice, excède les limites de l’expérience et à propos duquel la raison avance deux solutions contradictoires, à l’occasion d’un problème dont elle est seule responsable sans pouvoir choisir au profit de l’une ou de l’autre.

catégories, concepts a priori de l’entendement qui assurent l’unité synthétique du divers qui se trouve dans l’intuition.

connaissance a posteriori, connaissance qui a sa source dans l’expérience.

connaissance a priori, connaissance indépendante de l’expérience et même de toute impression sensible.

criticisme. « Je n’entends point par là une critique des livres et des systèmes, mais celle du pouvoir de la raison en général, par rapport à toutes les connaissances auxquelles elle peut aspirer indépendamment de toute expérience, par conséquent la solution de la question de la possibilité ou de l’impossibilité d’une métaphysique en général et la détermination aussi bien de ses sources que de son étendue et de ses limites, tout cela suivant des principes » (Critique de la raison pure).

critique de la faculté de juger, activité de la raison qui s’efforce de déterminer si la faculté de juger, terme intermédiaire dans l’ordre de nos facultés de connaissance entre l’entendement et la raison, possède ou non, considérée en elle-même, des principes a priori.

critique de la raison pratique, activité de la raison qui analyse les conditions a priori de la détermination de la volonté.

critique de la raison pure, activité de la raison qui s’attache à rassembler dans toute leur étendue les principes de la synthèse a priori.

expérience. « Que toute notre connaissance commence avec l’expérience, cela ne soulève aucun doute. En effet, par quoi notre pouvoir de connaître pourrait-il être éveillé et mis en action si ce n’est par des objets qui frappent nos sens [...] ? » (Critique de la raison pure).

Si, chronologiquement, aucune connaissance ne précède en nous l’expérience, cela ne signifie pas que toute connaissance dérive de l’expérience.

formes a priori de la sensibilité, cadres purs de l’intuition sensible repérés dans l’espace et le temps. À l’aide du sens externe, nous nous représentons les objets hors de nous et tous situés dans l’espace. Au moyen du sens interne, nous saisissons des objets dans l’ordre de la simultanéité ou de la succession.

idée, fruit de l’activité de la raison, qui perd le caractère absolu que lui prêtait la philosophie dogmatique, qui se confond avec l’idéal et qui bénéficie d’un rôle régulateur des connaissances.

impératif catégorique, principe qui ne fait que déterminer la volonté, qu’elle soit suffisante ou non pour l’effet. L’impératif catégorique peut seul prétendre au titre de loi pratique ; il lie la volonté à la loi.

impératif hypothétique, principe qui détermine les conditions de la causalité de l’être raisonnable en tant que cause efficiente et seulement par rapport à l’effet et aux moyens suffisants pour l’atteindre. C’est un précepte de savoir faire, un impératif de l’habileté dans lequel la volonté des moyens est implicitement comprise dans la volonté de la fin.

intuition, mode par lequel la connaissance se rapporte immédiatement aux objets.

jugement analytique, relation dans laquelle le prédicat appartient au sujet comme quelque chose qui y est contenu implicitement. Kant donne comme exemple : « Tous les corps sont étendus », et affirme qu’un tel jugement est explicatif et n’accroît nullement notre connaissance.

jugement synthétique, relation dans laquelle le prédicat est extérieur au sujet, bien qu’il soit en connexion avec lui. Kant donne comme exemple : « Tous les corps sont pesants. » Un tel jugement est extensif, puisqu’il augmente notre connaissance.

Dans les jugements synthétiques, il est quelque chose (X) au-dehors du sujet sur quoi l’entendement s’appuie pour reconnaître qu’un prédicat qui n’est pas contenu dans le sujet lui appartient cependant. Dans les jugements empiriques, cet X est l’expérience complète de l’objet pensé dans le concept du sujet. Quel est cet X dans les jugements synthétiques a priori ? La question fondamentale de la Critique de la raison pure devient celle-ci : quelles sont les conditions de possibilité des jugements synthétiques a priori ? Le principe du transcendantalisme résume la solution kantienne.

loi morale, principe objectif, dont la condition est reconnue comme valable pour la volonté de tout être raisonnable.

maxime, principe subjectif, dont la condition est considérée par le sujet comme valable seulement pour sa volonté.

noumène, réalité telle qu’elle est en elle-même. Le noumène se situe au-delà de toute connaissance, mais est posé à titre de fondement du phénomène (synonyme : chose en soi). Phénomène et noumène sont les signes d’un même monde, selon qu’il est « représenté » ou « pensé en lui-même ».

phénomène, ensemble des objets « intuitionnés » dans l’espace et le temps qui tombent sous la juridiction des catégories de l’entendement. Le phénomène est ce qui apparaît ; aussi n’est-il qu’une représentation.

principes pratiques, propositions renfermant une détermination générale de la volonté, à laquelle sont subordonnées plusieurs règles pratiques.

schème, produit de l’imagination qui rend possible l’application des concepts purs de l’entendement aux intuitions sensibles.

sensibilité, capacité de recevoir des représentations dans la mesure où nous sommes affectés par les objets extérieurs.

transcendantal. « Transcendantal veut dire possibilité ou usage a priori de la connaissance » (Critique de la raison pure).

Il convient de ne pas tenir toute connaissance a priori pour transcendantale, mais seulement celle par laquelle nous apercevons que certaines représentations sont appliquées a priori. Le principe du transcendantalisme marque la soumission des phénomènes aux catégories de l’entendement.