Homme politique hongrois (Salgótarján, 1912).
Membre du parti communiste depuis 1932, il devient en 1943, après un séjour en Russie, secrétaire du Comité central du parti communiste. Député en 1946, il est nommé en 1948 ministre de l’Intérieur et chef de la police ; en cette qualité, il participe à l’élimination de László Rajk en 1949, mais le gouvernement Rákosi le fait lui-même emprisonner d’avril 1951 à novembre 1953.
En juillet 1956, à la chute de Rákosi, Kádár est nommé membre du Comité central du parti. En octobre, il se trouve, avec Ernő Gerő, Premier secrétaire du parti, et les principaux dirigeants hongrois, en visite officielle en Yougoslavie. Il revient le 23 octobre à Budapest, dans une ville en pleine rébellion contre le régime. Imre Nagy devient président du Conseil dans la nuit du 23 au 24 octobre ; János Kádár est nommé ministre de l’Intérieur.
La constitution du nouveau gouvernement, le 24 octobre, intervient cependant trop tard. Le processus révolutionnaire est désormais engagé. Le 30 octobre, János Kádár, dans un discours radiodiffusé, approuve la suppression du système de parti unique et appuie l’œuvre d’Imre Nagy.
Le 1er novembre, il glorifie encore la révolte des Hongrois, mais, le soir même, il disparaît de Budapest et, le lendemain, à Oujgorod (en hong. Ungvár), en Ukraine subcarpatique, il met sur pied un contre-gouvernement.
Le 4 novembre, alors que les troupes soviétiques répriment le soulèvement populaire, on annonce la formation du nouveau gouvernement dirigé par János Kádár. Président du Conseil de 1956 à 1958, il procède à l’épuration. Nagy et ses compagnons sont exécutés le 16 juin 1958.
En janvier, Kádár avait quitté la direction du gouvernement, mais gardé ses fonctions de Premier secrétaire du parti. Il redevient président du Conseil en septembre 1961, cumulant les fonctions de chef du gouvernement et de chef du parti.
La réforme économique est la préoccupation majeure des dirigeants hongrois. Si la collectivisation de l’agriculture est accélérée, on assiste à partir de 1965 à un assouplissement et à une libéralisation progressive de l’économie hongroise : plus grande indépendance des entreprises, initiative et concurrence encouragées. Ces mesures sont reconduites et renforcées en 1968.
En outre, les Hongrois voulant adapter leur économie au marché mondial, les échanges avec les pays occidentaux se sont particulièrement accrus. Le commerce extérieur, qui s’est développé sous l’impulsion du chef du gouvernement, Jenő Fock, représente actuellement 40 p. 100 du revenu national.
Dans le domaine politique, on s’est orienté également vers une certaine libéralisation : normalisation des relations avec l’Église catholique, possibilité de choisir aux élections entre plusieurs candidats, puissance accrue des syndicats, hommage en 1971 au philosophe György Lukács*. En 1968, il semble que Kádár ait souhaité la réussite de l’expérience Dubček, même s’il devait justifier par la suite (1969) l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie.
János Kádár, qui a quitté en juin 1965 la présidence du Conseil, a été réélu à la tête du parti communiste hongrois en 1966 et en 1970.
P. P. et P. R.
➙ Hongrie.
F. Fejtö, Budapest 1956 (Julliard, 1966) ; Histoire des démocraties populaires (Éd. du Seuil, 1972 ; 2 vol.).