Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Julien l’Apostat

En lat. Flavius Claudius Julianus (Constantinople 331 - en Mésopotamie 363), empereur romain de 361 à 363.


Il était petit-fils de Constance Chlore, neveu de Constantin Ier le Grand et cousin de Constance II. À la mort de son oncle (337), il échappa par hasard, en même temps que son frère Gallus, au massacre de sa famille. L’empereur Constance le maintint à l’écart de la Cour, et il y demeura près de vingt ans, tantôt séquestré dans une bourgade d’une province lointaine (Macellum en Cappadoce), tantôt surveillé par les sbires d’un souverain ombrageux dans une cité accueillante aux étudiants (Nicomédie, Athènes).

Éloigné des affaires de cour, Julien se consacra passionnément à l’étude de la philosophie. Il garda longtemps les pratiques chrétiennes pour s’éviter de graves ennuis, mais sa sympathie allait à la culture païenne. L’un de ses maîtres, Hekebolios, oscillait entre le paganisme et le christianisme. Un autre, Eusèbe de Nicomédie, n’était qu’un abbé de cour. Son confinement forcé l’ayant incité à dévorer des bibliothèques, Julien s’imprégna d’hellénisme ; il fut séduit par le néo-platonisme de Jamblique, mitigé de magie et de démonologie.

En 351, son héritage lui fut rendu, et liberté lui fut accordée de circuler : il parcourut alors l’Asie Mineure à la rencontre de philosophes célèbres. En 354, son frère Gallus fut mis à mort, et il se retrouva, sans déplaisir, exilé à Athènes.

L’année suivante, Constance II appela Julien dans sa capitale, Milan, et le fit césar. Il passa alors quatre années en Gaule, tant à apprendre son nouveau rôle politique et militaire qu’à diriger la défense de la Gaule contre les Barbares. Déconcerté d’abord par la vie des camps, il apprit rapidement l’art militaire, rendit confiance aux soldats et gagna des batailles (Strasbourg, 357).

Julien résida longtemps à Lutèce, dans l’île, car le faubourg où se trouvent les ruines des thermes dits « de Julien » devait à cette époque être en ruine ou abandonné. Dans ses écrits (en grec), il raconte combien il appréciait le séjour en cette ville. En 359, Constance II lui retira ses meilleures troupes. Ses amis craignirent qu’il n’eût à subir le même sort que Gallus et persuadèrent les soldats de l’acclamer du titre d’auguste (360). Il se trouvait usurpateur sans l’avoir voulu et dut en 361 partir en campagne contre Constance II : mais il apprit alors que celui-ci venait de mourir en faisant de lui son successeur.

Seul maître de l’Empire, Julien ne cessa pas d’être un philosophe. Il avait jeté le masque et s’était de plus en plus résolument affirmé païen. Entouré de néo-platoniciens, il manifesta la dévotion païenne la plus vive, avec superstition aussi bien qu’avec ascétisme. « Il a fait un temple de sa maison », disait Libanios. Il inaugura son règne en rouvrant les temples. Considéré comme tolérant par quelques-uns, il se croyait tel. Mais c’était en vérité un païen très convaincu, ennemi des athées. Il évolua d’ailleurs, passant de la restauration du paganisme aux vexations contre les chrétiens, dont les réactions anti-païennes avaient dû le choquer. Il finit enfin par prendre les chrétiens en aversion, laissant se déchaîner ou encourageant les séditions païennes, qui ripostaient à la destruction des temples par les chrétiens.

La politique intérieure de Julien paraît d’ailleurs en grande partie conditionnée par les questions religieuses. Admirateur d’Auguste, de Trajan, de Marc Aurèle, il a beaucoup légiféré, dans un esprit de grande équité. Mais sa politique religieuse est surtout une tentative d’organisation du paganisme, peut-être même de constitution d’une Église païenne, s’inspirant des structures de l’autre (prédication, hiérarchie, voire monopole de l’enseignement). Sur ce point, il a totalement échoué, les païens s’irritant de cette tentative d’embrigadement.

Son règne devait être interrompu brusquement par sa mort au combat, au début d’une campagne contre la Perse.

Longtemps accablé de malédictions en tant qu’apostat, Julien apparaît aujourd’hui pour les uns comme un intellectuel pur, pour les autres comme un réactionnaire ou encore un chrétien dévot devenu dévot païen. Il a laissé des écrits philosophiques et satiriques (les Césars, Misopogon, Contre les chrétiens, Hymne au Roi Soleil). Cette œuvre reflète les idées de Julien, en même temps que sa personnalité étrange et attirante.

R. H.

➙ Bas-Empire.

 G. Ricciotti, Giuliano l’Apostata (Milan, 1956 ; trad. fr. Julien l’Apostat, Fayard, 1959). / J. Bidez, la Vie de l’empereur Julien (Les Belles Lettres, 1965). / J. Benoist-Méchin, l’Empereur Julien ou le Rêve calciné (Clairefontaine, Lausanne, 1969).

jumeaux

Se dit de deux enfants qui se sont développés simultanément dans l’utérus maternel.



Variétés de jumeaux


Les vrais jumeaux

Appelés monozygotes ou uni-ovulaires, ils proviennent d’un œuf unique constitué à partir d’un seul ovule et d’un spermatozoïde. Les hypothèses selon lesquelles une telle grossesse pourrait résulter de la fécondation d’un ovule à deux noyaux ou d’un ovule normal par deux spermatozoïdes semblent devoir être abandonnées. En fait, ces jumeaux proviennent de la division d’un œuf normal. Le moment de la division par rapport au développement de l’œuf est variable et confère aux placentas et aux membranes ovulaires des caractères anatomiques variables.

• Lorsque cette division se fait au stade initial des deux blastomères, chacun des deux blastomères évoluera pour son propre compte, et, aucune différenciation ne s’étant encore produite à ce stade, les deux œufs n’auront aucune annexe en commun et évolueront de façon tout à fait indépendante sur le plan anatomique et fonctionnel. Ces jumeaux, possédant ainsi chacun leur placenta et leurs membranes propres, peuvent être pris pour de « faux jumeaux » ; seule la communauté du patrimoine héréditaire pourra démontrer leur caractère uni-ovulaire.