Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
J

judaïsme (suite)

En dehors des prières à temps fixe, on doit aussi prononcer des bénédictions pour tout aliment consommé, pour toute nouvelle bonne ou néfaste, pour tout retour d’une solennité religieuse. Ces bénédictions rapportent à Dieu tout ce qui arrive et lui rendent grâce. Tous ces textes se récitent en hébreu, pour relier à ses ancêtres et à ses frères dispersés le fidèle, qui, de la sorte, répète les mots mêmes de la révélation. L’étude des textes de cette révélation et de leurs commentaires est un impérieux devoir, « égal en valeur à l’ensemble de tous les autres », auxquels elle prépare et mène. Tous ces exercices religieux se font tête couverte, en signe de respect et de soumission à Dieu. Les dernières pensées de la journée sont encore consacrées à Dieu sous forme de prières récitées avant de s’endormir.

La vocation sacerdotale d’Israël s’exprime aussi par une stricte discipline de la vie sexuelle ; la retenue est de rigueur. Le mariage en vue de la procréation et de la propagation de la volonté divine est très vivement recommandé. Il ne peut, naturellement, pas être contracté à certains degrés de parenté. À l’exception des descendants des anciens prêtres (kohanim) du temple de Jérusalem, les Juifs peuvent épouser des divorcées, à condition qu’il y ait eu divorce religieux, accordé, comme le mariage, après le préalable de l’acte civil et qu’un délai de quatre-vingt-dix jours se soit écoulé. Le rite essentiel du mariage religieux (qiddouchim : consécration) est la remise, par le fiancé à la fiancée, de l’alliance. Le geste est suivi de la lecture de l’acte de mariage (ketouba), stipulant les obligations du mari envers l’épouse : affection, entretien et protection. Précédées d’une bénédiction remerciant Dieu, qui a révélé la législation du mariage, la remise de l’alliance et la lecture de la ketouba sont suivies du chant des « sept bénédictions », qui rappellent l’œuvre créatrice de Dieu et parlent du bonheur futur de l’humanité. Tout cela se passe sous une houppa (dais), qui rappelle à la fois la protection de Dieu et le toit commun qui abritera les époux. À la fin de la cérémonie, le marié brise un verre, pour ne pas manquer de se rappeler, au milieu de sa joie, la destruction du Temple et les souffrances dont elle a été le prélude.

Le divorce est permis, sous réserve de l’aboutissement préalable de la procédure civile. Le tribunal rabbinique rédige un acte de divorce (get) qui rend à l’épouse sa liberté. La Bible et l’usage antique n’interdisaient pas la polygamie. Une décision (taqana) du xe s. est venue consacrer son état de désuétude en Occident. La célébration du mariage religieux avec une personne étrangère au judaïsme est tout à fait impossible. La conversion à cet effet est assez peu admise.

Le but du mariage étant la procréation, la contraception n’est admise que si la future mère est en danger. Il semble que les règles rabbiniques de pureté permettent, cependant, de déterminer les périodes de fécondité. Toutes les perversions sexuelles sont rigoureusement interdites. L’enfant n’est considéré comme Juif que s’il est de mère juive. À l’âge de huit jours, les garçons sont circoncis si leur santé et leur poids le permettent ; faute de quoi, la cérémonie est ajournée. Les prières de la circoncision comportent la collation du nom religieux, formé du nom hébreu, suivi de la mention du nom hébreu du père. Le nom donné à l’enfant est généralement celui d’un aïeul disparu. Les prosélytes, admis seulement après une sérieuse probation et une instruction au terme de laquelle ils s’engagent à accepter l’observance de tous les préceptes, sont appelés « fils, ou filles, d’Abraham, notre père ». Ils sont soumis au bain rituel (tebila), qui consacre leur admission au sein du judaïsme.

Les fêtes rappellent les grands moments de l’histoire juive et les étapes de la rencontre entre Dieu et son peuple. Les plus importantes sont indiquées par la Torah ; d’autres, plus récentes, sont d’institution humaine.

La première est le sabbat, qui rappelle la création et le bonheur primitif de l’humanité naissante ; elle préfigure aussi le monde futur ; ce jour-là, on s’interdit tout travail ; le sabbat est réservé à l’adoration et à la joie. Il commence le vendredi soir et s’achève le samedi soir.

La Torah indique également trois fêtes, qui coïncident avec la fin des principaux travaux agricoles en Palestine. Elles comportaient un pèlerinage à Jérusalem.

La première, Pessah, ou « Fête des azymes », tombe souvent en même temps que les pâques. La consommation du pain et des denrées fermentées est interdite. Le pain est remplacé par les azymes (matsot), en souvenir de la précipitation de la sortie d’Égypte, qui ne laissa pas à la pâte emportée par les Hébreux le temps de lever. La suppression du levain indique aussi la purification du cœur, débarrassé des ferments qui l’aigrissent. La fête dure huit jours. Les deux premiers soirs, une cérémonie familiale, célébrée à table, sous le nom de Seder, prélude au dîner et rappelle le dernier repas consommé en Égypte. On lit alors le récit commenté (Haggada) de la sortie d’Égypte.

Sept semaines plus tard, on célèbre la « Fête des semaines » (Shabouot), qui dure deux jours et commémore la révélation du Sinaï, conclusion de la libération des corps tirés d’Égypte, par l’affranchissement spirituel des âmes, désormais aptes à contracter avec leur Dieu une alliance d’amour. La troisième fête coïncide avec les vendanges et la récolte des fruits : c’est la « Fête des cabanes » (Soukkot). En souvenir de la vie dans le désert, on doit bâtir des huttes au toit de feuillage. Ces fragiles demeures, où l’on doit vivre pendant huit jours, rappellent la précarité de la condition humaine et doivent nous mettre en garde aussi contre l’orgueil. Elles préfigurent également le Tabernacle, qui réunira un jour tous les enfants des hommes, pénétrés de la conscience d’être tous les enfants du même Dieu. Le huitième jour est particulièrement solennel : on prie pour demander la pluie, condition de la fécondité du sol et symbole de l’ondée vivifiante de la résurrection future. Le lendemain de la fin de Soukkot, la « Réjouissance de la Torah », d’institution médiévale, célèbre la Torah.