Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
J

judaïsme (suite)

Morale et vertu

Le judaïsme impose de garantir le droit à la vie et de combattre tout ce qui peut la menacer. La propriété et les moyens d’existence de l’homme font partie de ce droit à la vie. Toute malhonnêteté, tout abus, toute négligence, tout vol, tout dol est une atteinte au droit à la vie. Les outrages à l’honneur d’autrui sous forme de calomnie et d’affronts, de haine et de vengeance sont une atteinte à la personne même du Créateur.

La justice et la droiture exigent que la liberté et l’égalité soient défendues dans tous les rapports humains et dans toutes les situations. Les déshérités ont droit à la justice (sedaqa) ; il s’agit non seulement d’aumône, mais également de rétablissement des chances imparties par Dieu. Même les animaux ont droit à la justice ; les faire souffrir est un crime ; de même on ne doit ni détruire, ni souiller, ni laisser perdre les objets inanimés. La piété exige que l’on visite les malades, que l’on dote les fiancées déshéritées, que l’on s’occupe des morts et que l’on console les affligés. Tout cela fait partie de la « sainteté », qui exige une grande maîtrise de soi-même. Celle-ci n’est pas l’ascétisme : on ne pense pas que le monde soit mauvais, ni qu’il faille s’abstenir de jouir de ses biens. Les enseignements des rabbins du Talmud y insistent. Le corps, étant le réceptacle de l’étincelle divine, qu’est l’âme, doit être sain et propre. S’abstenir de ce qui est permis est un péché ; il en est de même du jeûne trop fréquent. Le mariage est recommandé.

La sainteté a également un aspect positif : cultiver certaines vertus, se contenter de ce que l’on a, avoir foi en la Providence, aimer Dieu, le glorifier par sa conduite et savoir rester humble.


Observances religieuses

Elles commencent au réveil par l’ablution des mains, qui, à la fois acte d’hygiène et rite de sanctification, est également prescrite avant les repas et est accompagnée d’une bénédiction. On remercie Dieu, qui a créé l’organisme et rend quotidiennement à chacun, après le sommeil, l’âme initiale pure, qu’il doit conserver dans cette pureté.

Les repas, ayant remplacé les sacrifices, sont spiritualisés par le choix d’aliments conformes aux prescriptions et par les bénédictions qui les précèdent et les suivent. Les viandes sont vidées de leur sang par l’abattage rituel, le salage et le rinçage avant cuisson. Seuls peuvent être consommés les ruminants qui ont le sabot divisé en deux. Le mélange de la viande et des laitages est interdit à la cuisson et à la consommation. Les animaux malades, mutilés, trouvés morts ou tués d’une autre manière que celle qui est prescrite sont interdits. Les seuls poissons admis sont ceux qui ont à la fois des écailles et des nageoires. On s’abstient d’oiseaux de proie, de rongeurs, de crustacés et de mollusques. Tout ce qui est permis est dit kasher, terme portant sur le choix de l’animal, son état de santé, son mode d’abattage et sa cuisson.

L’état de consécration à Dieu se marque aussi par les objets que l’on revêt pour la prière : le talet, ou châle de prière, garni de tsitsit (franges). Pendant la prière du matin, le talet indique que le fidèle est investi de cette consécration ; les tsitsit lui disent qu’il ne doit pas oublier Dieu et ses commandements (Nombre, xv). Les tephilim, petites boîtes de cuir, s’attachent à l’aide de courroies au bras gauche et au front ; elles contiennent de minuscules manuscrits de parchemin portant certains passages de l’Écriture. Ceux-ci parlent de l’amour pour Dieu, à qui l’on doit consacrer toutes ses forces et tous ses moyens. Ces tephilim rappellent, par l’endroit où on les porte, qu’il faut vouer à Dieu toutes les forces du corps et de l’esprit. On les met, sauf le samedi et les jours de fête, pendant l’office du matin. L’obligation de les porter commence à treize ans. La maison elle-même est garnie de la Mezouza, parchemin portant le texte du Shema, profession de l’unité et de l’amour de Dieu. Enfermé dans un petit étui fixé au montant des portes, cet objet rappelle que le Juif doit faire de son habitation un endroit digne de la présence divine.

On prie trois fois par jour : le matin, l’après-midi et le soir, c’est-à-dire aux moments mêmes où avaient lieu les sacrifices du Temple, remplacés par la prière. Le sabbat et les jours de fête, un office supplémentaire rappelle le sacrifice spécial de ces jours-là.

Les prières sont soit des Psaumes, soit des textes très anciens, rédigés avec des expressions empruntées à la Bible. Certaines, rappelant les tribulations d’Israël et les interventions salvatrices de Dieu, implorent le Créateur de pardonner les égarements qui ont attiré ces souffrances et de hâter l’avènement de son règne. La prière en communauté est préférée à l’oraison individuelle, d’autant plus que certains textes exigent la présence d’un nombre minimal de dix fidèles masculins de plus de treize ans.

Cet âge est celui de la « majorité religieuse », à l’occasion de laquelle le jeune fidèle, désormais soumis aux commandements (bar mitsva), professe publiquement qu’il entend les observer. Celui-ci est préparé à cette manifestation par une sérieuse instruction religieuse, dont il fournit la preuve en lisant dans la Torah tout ou partie du chapitre du jour. Il est désormais responsable de sa propre conduite, alors qu’auparavant cette responsabilité incombait à son père.

Les femmes ne sont pas écartées du culte, mais elles en sont dispensées à cause de leurs devoirs spéciaux de maîtresses de maison. La dispense ne vaut que pour les devoirs liés à un jour ou à un moment précis. Elle ne vise pas les prohibitions de la Loi. Les femmes ont, par contre, des devoirs particuliers, liés aux événements de leur vie physiologique.

Très fréquemment, les offices comportent une lecture de la Loi pour l’édification du peuple. Cette lecture se fait sur le Sefer-Torah, rouleau composé de feuilles de parchemin cousues et collées bout à bout ; l’ensemble est fixé, aux extrémités, à des hampes de bois garnies de disques. Le texte est méticuleusement écrit à la main.

Le Sefer-Torah, entouré d’un infini respect, est cérémonieusement extrait de l’« Arche sainte », où il est déposé et où on le remettra, avec les mêmes égards, après la lecture. La piété des fidèles l’orne de housses précieuses et de garnitures d’argent, généralement offertes en souvenir d’un disparu.

Certains jours, un fidèle instruit complète par le lecture d’un chapitre approprié des Prophètes la leçon lue dans la Torah.