Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Angleterre (suite)

Le Nord détient l’essentiel des industries textiles ; le Yorkshire a 70 p. 100 de l’industrie lainière britannique, le Lancashire 90 p. 100 de l’industrie cotonnière. L’industrie lainière bénéficia à l’origine du voisinage des troupeaux de moutons pennins, de la pureté des eaux fournies par la montagne, puis, au xixe s., de l’abondance de la houille nécessaire au fonctionnement des broches et des métiers. L’agglomération de Leeds est la première du monde pour la production lainière et la seconde, après New York, pour la confection. Le Lancashire doit sa fortune cotonnière à une vieille tradition textile (travail du lin), aux relations du port de Liverpool avec le sud des États-Unis, grand producteur de coton, à la présence de houille et d’eaux douces issues des grès pennins, à la courageuse main-d’œuvre irlandaise. Mais, depuis 1920, la concurrence étrangère et l’apparition des textiles nouveaux ont entraîné une rude contraction de l’industrie et un regroupement financier beaucoup plus marqué qu’en Yorkshire. L’agglomération de Manchester garde l’essentiel de la filature et de l’apprêt, le district de Blackburn-Burnley, l’essentiel du tissage ; mais les tissus de coton sont de plus en plus mélangés de fibres artificielles.

Les industries alimentaires se localisent sur les estuaires du Humber (où Grimsby et Hull sont le premier et le second port de pêche britanniques, et les deux principaux centres de conserverie et de surgelés de poisson et de légumes) et de la Mersey, surtout à Liverpool (meuneries, biscuiteries, raffineries de sucre, margarine). L’agriculture n’a qu’un rôle effacé dans le Nord, sauf dans les vals de York, de la Trent et de Eden ; ailleurs, elle se contente de fournir du lait, des œufs et des légumes frais aux marchés immédiats.

Liverpool, de loin le premier port du Nord et le premier port exportateur britannique, joint à la gamme d’industries déjà citées celles du tabac et des bois et papiers ; un canal maritime, le seul d’Angleterre, le relie à Manchester.

Alors que la chaîne pennine est presque déserte — mais non sans utilité, car elle fournit aux 14 millions d’habitants qui vivent dans le Nord de gros volumes d’eau et des buts de promenade —, des agglomérations industrielles se pressent à ses pieds, ou même, comme Sheffield ou la banlieue est de Manchester, s’immiscent dans ses vallées. Toutes les grandes villes sont soit à proximité des bassins charbonniers, car leur développement date pour l’essentiel du xixe s., soit sur la côte. Leur attrait est en général médiocre ; même les stations balnéaires (Blackpool sur la côte ouest, Scarborough sur la côte est) manquent d’agréments. Le Yorkshire a toutefois une belle ville d’eaux, Harrogate, le district des lacs du Cumberland d’élégantes petites stations (Windermere, Ambleside), et la chaîne pennine de petits centres touristiques (Buxton). Les autorités locales s’efforcent de faire disparaître les déchets industriels et les taudis. Newcastle, Leeds, Manchester reconstruisent activement leur centre. L’État a fondé plusieurs villes nouvelles, quatre en Lancashire, trois en Durham. Mais un gros effort de rénovation reste à faire.


La péninsule du Sud-Ouest

Elle rappelle un peu la Bretagne, de l’autre côté de la Manche. C’est aussi un massif hercynien d’altitude modérée (rarement plus de 300 m ; le point culminant est à 621 m), formé surtout de schistes et de grès. La moitié est de la péninsule, sculptée dans la couverture sédimentaire secondaire, présente une série d’escarpements en roche dure regardant vers l’ouest et de dépressions en roche tendre, parfois d’altitude très basse (marais du Somerset). Comme en Bretagne, la côte est haute et rocheuse au nord, basse et découpée de rias au sud. L’effilement de la péninsule vers l’ouest, l’encaissement du réseau hydrographique dans le plateau, la longue pénétration des estuaires, la nécessité de contourner les masses granitiques sont autant d’obstacles à la circulation dans le sens est-ouest ; aussi la région a-t-elle longtemps souffert d’isolement. Elle n’a été reliée à Londres par la voie ferrée qu’après 1880 ; encore les trains sont-ils de plus en plus lents à mesure qu’on s’enfonce vers l’ouest ; malgré l’intensité du trafic touristique estival, le Sud-Ouest ne dispose encore d’aucune autoroute, mais seulement de courts tronçons de dégagement.

Grâce à l’éloignement et à la protection d’un relief coupé, les Celtes de la péninsule échappèrent au premier choc des invasions anglo-saxonnes du ve s. ; des royaumes indépendants subsistèrent longtemps ; ils ne furent définitivement soumis qu’au ixe s. La structure agraire diffère profondément de celle de l’Angleterre « saxonne » ; défrichements et enclosures se poursuivirent tout au long du Moyen Âge. Il en résulte un paysage de petits champs carrés, enclos de haies épaisses ou, sur les côtes éventées, de murs de pierres sèches ; des chemins creux sinueux les desservent. L’habitat dispersé en hameaux et en fermes isolées a contribué, ainsi que le bocage touffu, au maintien des traditions ; la langue gaélique n’a disparu qu’au xviiie s.

Après son rattachement ferroviaire au bassin de Londres, la région a pu exploiter, pour une clientèle éloignée, ses deux avantages naturels : la beauté de ses paysages, favorable au tourisme, et la douceur de son climat, utile à l’agriculture.

Le tourisme est devenu la ressource essentielle des comtés de Cornwall et du Devon, où il fournit plus d’emplois que l’agriculture ou l’industrie ; alors que le Sud-Ouest n’a que 3 600 000 habitants, il reçoit 6 500 000 visiteurs par an, 22 p. 100 du total des vacanciers britanniques ! Malheureusement, les touristes affluent en majorité en juillet-août (d’où le surpeuplement de l’appareil hôtelier, malgré l’appoint des pensions de famille, des caravanes, des camps de vacances, des locations de chambres par les agriculteurs), et surtout sur la côte, ne faisant dans l’intérieur que de rapides incursions. Tout un chapelet de stations s’égrène de Weston super Mare à Lyme Regis : Ilfracombe, Westward Ho, Bude, Newquay, Saint Ives, Penzance, Falmouth, Dartmouth, Teignmouth, Sidmouth. La reine des stations balnéaires est Torquay-Paignton (80 000 hab. permanents et plus de 1 million de visiteurs par an). Le manque de main-d’œuvre estivale dans l’hôtellerie a pour fâcheuse contrepartie un chômage hivernal assez élevé. Les stations les plus réputées (Ilfracombe, Torquay) ont une nombreuse population de retraités. L’intérieur a aussi quelques hauts lieux touristiques, le monastère de Glastonbury, sur une île au milieu des marais, la ville d’eaux de Cheltenham, où vivent de nombreux officiers en retraite, et surtout celle de Bath, la première de Grande-Bretagne, connue des Romains et très fréquentée au xviiie et au xixe s.