Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
J

Jérusalem (suite)

 H. Vincent et F. M. Abel, Jérusalem. Recherches de topographie, d’archéologie et d’histoire (Gabalda, 1912-1922 ; 2 vol.). / J. Jeremias, Jerusalem zur Zeit Jesu (Göttingen, 1923-1937 ; 2 vol. ; 3e éd., 1962 ; trad. tr. Jérusalem au temps de Jésus, Le Cerf, 1967). / L. Dressaire, Jérusalem à travers les siècles (la Bonne Presse, 1931). / J. Richard, le Royaume latin de Jérusalem (P. U. F., 1954). / H. Vincent, Jérusalem de l’Ancien Testament (Gabalda, 1954-1956 ; 2 vol.). / B. Collin, le Problème juridique des Lieux saints (Sirey, 1958) ; les Lieux saints (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1962). / Jérusalem, numéro spécial de la revue Ariel (Jérusalem, 1969). / D. Lapierre et Collins, Ỏ Jérusalem (Laffont, 1971). / A. Chouraqui, Vivre pour Jérusalem (Desclée De Brouwer, 1973).


L’archéologie et l’art à Jérusalem


L’époque judaïque

Ce n’est que sous le fils et successeur de David, Salomon (v. 970-931 av. J.-C.), que Jérusalem se couvre de monuments et devient une capitale royale qui cherche à rivaliser avec les grandes cités de l’Orient. Selon les livres bibliques, la plus grande gloire de Salomon fut la construction du Temple. Pour une si vaste entreprise, il fit appel à son voisin et allié, le roi de Tyr Hiram Ier, qui lui fournit le bois des cèdres du Liban et la pierre. On ne connaît ce célèbre Temple que par ce qu’en rapportent le livre des Rois et les Chroniques, et on a longtemps discuté pour savoir quelle influence avait subi la construction : égyptienne, philistine, néo-hittite, assyrienne. Selon Th. A. Busink, le type du Temple serait phénicien avec entrée à colonnade, plan à disposition axiale et adyton d’origine israélite ; les sanctuaires phéniciens exhumés à Hazor en 1959 et à Arad en 1963 pourraient nous donner une idée de sa disposition. Selon le livre des Chroniques, le Temple mesurait 30 m de long, 10 m de large et 13 m de hauteur. L’or et le bronze y abondaient, ciselés et fondus par des artisans phéniciens dirigés par l’orfèvre tyrien Hiram. Près du Temple, Salomon se fit aussi ériger un palais somptueux. Afin de protéger ces nouvelles constructions, l’enceinte primitive fut étendue vers le nord, tandis que la ville s’étendait à l’ouest, par-delà le Tyropœon, en direction de la vallée de Hinnom (la Géhenne).

Après la mort de Salomon et la scission du royaume, Jérusalem resta la capitale de l’État de Juda, mais les vicissitudes de son histoire ne favorisèrent pas l’essor de la ville. Devant la menace assyrienne, Ozias (781-740 av. J.-C.), Joatham (740-736) et Manassé (687-642) relèvent ou renforcent les murailles, tandis qu’Ezéchias (716-687) fait creuser un canal de 550 m pour amener dans la piscine de Siloé les eaux de la source de Gihon. Mais, en 587, c’est la prise de la ville par Nabuchodonosor (587), le démantèlement de ses murs, la destruction du Palais et du Temple. Après 538, la ville est lentement rebâtie. Le second Temple est dédicacé en 515, et Néhémie, « gouverneur » sous la souveraineté perse, relève une partie des murs (entre 445 et 433 av. J.-C.) : cette enceinte aurait mesuré à peine 2 600 m.


L’époque grecque et romaine

En 167 av. J.-C., Antiochos IV Épiphane met la ville à sac, construit face au Temple une citadelle, l’Acra, et installe dans le Temple un autel à Zeus. Devant une telle abomination, Judas Maccabée soulève les Juifs et s’empare du Temple (164) et de la ville basse, où il se retranche. Ce n’est qu’en 141 que Simon Maccabée se rend maître de l’Acra et que la cité redevient capitale de la nouvelle dynastie asmonéenne. Un nouveau palais est érigé, un pont est construit reliant le Temple à la ville haute, les murailles sont renforcées et étendues. La ville connaît alors un siècle de prospérité et d’indépendance, jusqu’à sa prise par Pompée en 63 av. J.-C.

Hérode (37-4 av. J.-C.) inaugure une politique d’urbanisation qui fait de lui l’égal de Salomon. Il reconstruit somptueusement le Temple et en étend l’esplanade, qu’il enferme dans une enceinte, élève la forteresse Antonia, ainsi nommée en l’honneur de Marc Antoine, se fait bâtir un palais flanqué de trois tours et protégé par un rempart ; il construit encore un Sénat, un théâtre et un amphithéâtre et fait enfermer dans une seconde muraille le haut Tyropœon, où étaient installés les commerces. Les fouilles de K. M. Kenyon ont révélé que l’enceinte hérodienne n’enfermait pas encore le Saint-Sépulcre et le Golgotha. Ce n’est que son petit-fils, Agrippa Ier (37-44 apr. J.-C.), qui inclut le Golgotha dans une troisième enceinte, celle-ci protégeant aussi la « nouvelle ville » (Kainepolis).

Après la révolte juive de 132-134, Jérusalem est complètement rasée par Hadrien, qui reconstruit sur son site Aelia Capitolina selon le plan classique romain, avec decumanus et cardo partageant la ville en quatre quartiers : l’actuelle vieille ville a conservé ce plan régulier. Le Capitole est construit vers la hauteur du Golgotha et on élève forum, temples, thermes, théâtre et stade à la mode romaine. Des portes sont érigées sur les voies d’accès : de celles-ci subsiste l’arc dit « de l’Ecce Homo », dont une arcade est insérée dans le chœur de l’actuelle basilique des Dames de Sion ; c’est là un des rares vestiges de la ville romaine.

Après le triomphe du christianisme, au ive s., Constantin fait détruire le Capitale, élève des édifices sur le Calvaire et le Saint-Sépulcre et une basilique sur le mont des Oliviers. Cet effort de construction se poursuit avec l’impératrice Eudoxie et le patriarche Juvénal au ve s., avec Justinien au siècle suivant. La prospérité de la ville est soudainement arrêtée par l’incursion des Perses, en 614 ; en 638, elle tombe au pouvoir du calife ‘Umar Ier et devient une cité musulmane.

De l’époque byzantine, il subsiste encore la crypte de l’église Saint-Jean-Baptiste (v. 450), la chapelle Saint-Georges, l’église Saint-Étienne. Cependant, la relique la plus célèbre de la Jérusalem antique reste le « mur des Lamentations ». Haut de 15 à 17 m, constitué par de puissants blocs de pierre soigneusement équarris, il constituait le soubassement de l’esplanade du Temple d’Hérode et représente tout ce qui reste de la demeure sacrée de Yahvé.

G. R.