Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Japon (suite)

À la fin de 1973, les forces d’autodéfense japonaises avaient un effectif total de 266 000 hommes. Le budget de défense de l’année 1973-74, d’un montant de 935 milliards de yen, correspond à environ 7 p. 100 du budget global et à 0,9 p. 100 du produit national brut. Les armées japonaises, remarquablement instruites, ont une richesse d’encadrement qui leur permettrait d’accroître rapidement leurs effectifs. Le personnel est fourni par le volontariat, ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes de recrutement dans une période de plein emploi et alors que le prestige de l’armée supporte encore les conséquences de la défaite et des excès du militarisme d’avant guerre. Seul le rétablissement de la conscription permettrait d’augmenter sensiblement les effectifs ; mais il se heurterait à une forte opposition et ne serait vraisemblablement admis qu’au cas où un ralentissement de l’expansion ferait apparaître une menace de chômage. Les matériels ont longtemps été d’origine américaine ; leur « japonisation » a été entreprise en 1967 avec le troisième plan de défense et se poursuit activement. Le développement de l’industrie d’armement a d’ailleurs été favorisé par les commandes américaines pour le théâtre indochinois, et, avant peu, le Japon sera en mesure de couvrir ses propres besoins. Dès maintenant, il recherche des débouchés extérieurs.


Les forces terrestres

D’un effectif de 180 000 hommes, elles sont articulées en 13 divisions dont 1 mécanisée, 1 brigade parachutiste et des unités de réserve générale. Elles sont dotées de 770 chars de combat et de 220 hélicoptères. La défense antiaérienne est assurée par 3 groupes de HAWK. Le quatrième plan prévoit sinon une augmentation des effectifs, du moins une amélioration sensible de leur mobilité et de leur puissance de feu. Un nouveau char de combat Mitsubishi de 38 tonnes, de conception entièrement japonaise, est appelé à remplacer les 381 chars « M.61 » actuellement en service. En 1971, pour la première fois, les forces terrestres ont participé, dans l’île de Hokkaidō, à des manœuvres d’envergure mettant en jeu environ 10 000 hommes.


Les forces navales

Reconnue comme la troisième flotte mondiale en 1922 par les accords de Washington, la marine impériale japonaise, limitée à l’époque à 315 000 tonnes, atteignait 1 270 000 tonnes en 1941. Lourdement éprouvée par la campagne du Pacifique, elle fut dissoute en 1945. Dès 1948 était crée l’Agence de sécurité maritime pour prendre en charge l’entretien des phares et balises et la police des côtes. En 1952 est constituée la force de sécurité maritime, qui devient, en 1954, la force navale d’autodéfense. En 1973, la marine japonaise, avec un effectif de 28 000 hommes, dispose d’un tonnage d’environ 145 000 tonnes, comprenant notamment 13 sous-marins, 38 destroyers, dont l’équipé de missiles « TARTAR », 1 frégate et 116 bâtiments divers. À l’exception de quelques unités d’origine américaine et en voie de disparition, tous les bâtiments ont été construits dans les chantiers et sur plans japonais. L’aéronavale (13 000 hommes) comprend 7 escadrons de reconnaissance et 2 escadrons d’hélicoptères. Les appareils sont en majorité de modèle récent.

Le quatrième plan prévoit pour la marine un crédit près de deux fois supérieur à celui qui a été accordé par le plan précédent, et la construction notamment de 2 croiseurs porte-hélicoptères de 8 000 t et de 9 sous-marins. L’aéronavale recevra de son côté environ 180 appareils, dont 15 hydravions lourds de conception japonaise. En 1976, la flotte japonaise, dont les effectifs approcheront de 50 000 hommes, disposera d’environ 200 navires jaugeant plus de 200 000 tonnes et se placera immédiatement derrière la flotte française. Elle ne disposera encore d’aucun porte-avions.


Les forces aériennes

Jusqu’en 1945, le Japon n’avait pas d’aviation autonome. Les moyens aériens étaient répartis entre les forces terrestres et navales. La nouvelle force aérienne ne fut créée qu’en 1954. En 1973, avec un effectif de 44 000 hommes, elle est dotée de moins de 1 000 appareils, dont 406 de combat répartis en 7 escadrons de chasseurs bombardiers, 7 escadrons d’intercepteurs et 3 escadrons de transport comprenant 4 bataillons de défense antiaérienne équipés de fusées « Nike-Hercules » ; elle met en œuvre un ensemble de 24 unités de détection et de contrôle aérien (système « BADGE »). Le quatrième plan de défense envisage un effort particulier en faveur de l’aviation ; tous les appareils périmés seront remplacés par des modèles récents mis au point ou fabriqués sous licence par l’industrie japonaise. Il n’est toutefois pas prévu de bombardiers à long rayon d’action.

B. de B.

 R. Guillain, Japon, troisième grand (Éd. du Seuil, 1969).


L’art japonais

L’archipel japonais participe des civilisations de l’Extrême-Orient tant par son peuplement que par les éléments de sa culture. Techniques et modèles sont venus de Chine par l’intermédiaire de la Corée du Sud, proche du Nord-Kyūshū, ou directement du littoral chinois par des échanges maritimes. À partir des données reçues, le Japon élabore un art original, où s’expriment la sensibilité très vive de son peuple et l’émotion lyrique que fait naître en lui l’intimité avec la nature.


La période des grandes sépultures (iiie s.-vie s. apr. J.-C.)

Le développement des communautés paysannes à l’époque Yayoi entraîne la formation de petites entités politiques. L’une d’entre elles, établie dans la région du Yamato (au nord-est d’Ōsaka) vers le iiie s., soumet peu à peu les tribus des environs et noue des relations avec la Corée du Sud et les dynasties de la Chine méridionale. Les grands personnages se font enterrer dans de vastes sépultures (kofun) entourées d’un fossé et imitées des tumulus coréens. La forme de celles-ci, très originale, est dite « en trou de serrure « (zempō-kōen : avant carré, arrière arrondi). Pour contenir les déblais à la base des tumulus, des rangées de cylindres d’argile (haniwa) sont enfoncées dans la terre. À partir des ve-vie s., ces terres cuites sont surmontées de représentations d’architectures, de personnages ou d’animaux qui offrent les premiers exemples de la plastique japonaise, pleine de fraîcheur et de vivacité d’expression. En même temps, la chambre funéraire s’orne de peintures et renferme un mobilier important : armes, parures en bronze doré et ajouré, céramiques en grès (sueki).