Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Japon (suite)

• 1936. Les militaristes, afin de se débarrasser des opposants, tentent un coup d’État et assassinent de nombreux chefs politiques. Le coup d’État cependant échoue. Un autre gouvernement leur succède, composé d’ultranationalistes. La guerre en Chine, loin de s’apaiser, continue, avec l’accord tacite de Tchang Kaï-chek, à la fois contre le peuple chinois et contre les communistes, qui sont presque les seuls à opposer une sévère résistance aux Japonais. La guerre reprend en Chine après l’incident du « pont Marco Polo » au sud-ouest de Pékin, incident délibérément provoqué par les Japonais. Les hostilités se généralisent aussitôt, avec l’accord du nouveau gouvernement formé par le duc Konoe Fuminaro (1891-1945), et l’armée japonaise, mobilisée, débarque en plusieurs points de la côte chinoise.


La guerre (1937-1945)

• 1937-38. Grâce à Wang Jingwei (Wang Tsing-wei), un général du Guomindang (Kouo-min-tang) opposé à Tchang Kaï-chek et qui se met à leurs ordres, les Japonais fondent à Nankin un gouvernement chinois « de coopération ». En peu de temps, les troupes japonaises occupent toute la côte et quelques provinces de l’intérieur. Elles sont vigoureusement combattues par les groupes communistes, tandis que les armées du Guomindang se replient « stratégiquement » et n’engagent que des recrues sans formation qui se font massacrer inutilement. Tchang Kaï-chek s’est replié avec tout son état-major à Chongqing (Tch’ong-k’ing), dans le Sichuan (Sseu-tch’ouan), et intrigue contre les communistes, semblant oublier que les Japonais occupent le pays. L’Allemagne hitlérienne encourage la politique japonaise, comme de l’autre côté elle encourage celle du Guomindang. L’Angleterre signe un accord avec le Japon, reconnaissant « les droits spéciaux » de celui-ci en Chine ! Les États-Unis, eux, soutiennent sans réserve le Guomindang, tout au moins diplomatiquement.

• 1938. En février, l’Allemagne cesse de fournir des armements au Guomindang, mais ne peut encore obtenir une alliance avec le Japon. Au Japon même, les avis sont partagés, car les militaires ont peur de pousser à bout les Américains et les Anglais. Ils craignent également la Russie. Le gouvernement change plusieurs fois.

• 1939. Lors du pacte germano-soviétique, le Japon se sent embarrassé, mais, tout de suite après l’ouverture des hostilités en Europe, il en profite pour demander aux puissances alliées de retirer leurs troupes de Chine, tout en multipliant les amabilités envers les Américains. De nombreuses tendances divergentes semblent vouloir diviser les milieux dirigeants du Japon (alliance avec l’U. R. S. S., alliance avec l’Allemagne ou accords avec les Anglo-Saxons).

• 1940. La France abattue, le Japon envoie un ultimatum au général Catroux, gouverneur général de l’Indochine. Le Japon signe un accord avec l’Angleterre, qui ferme la « route de Birmanie », privant ainsi Tchang Kaï-chek d’un ravitaillement essentiel. Les militaristes japonais, Konoe en tête, grisés par ces succès, perdent dès lors toute prudence : ils demandent le libre passage pour leurs troupes en Indochine, soutiennent la Thaïlande dans ses revendications sur le Cambodge, somment les Indes néerlandaises de leur livrer 3 millions de tonnes de pétrole (ce qui leur sera refusé) et signent, le 27 septembre 1940, un traité tripartite avec l’Italie et l’Allemagne. Cependant, Roosevelt, qui vient d’être réélu, refuse toujours de donner des assurances à l’Angleterre, seule en guerre.

• 1941. Le 13 avril, le Japon signe un accord de non-agression avec l’Union soviétique. Le 22 juin, l’Allemagne, en attaquant l’U. R. S. S., incite le Japon à ne plus ménager celle-ci, bien que Konoe essaie de ne pas heurter la susceptibilité américaine. Le 25 juillet, les États-Unis bloquent les avoirs japonais aux États-Unis. Au sein du gouvernement japonais, Konoe semble vouloir se montrer prudent, tandis que le général Tōjō (1884-1948) pousse à la guerre à outrance et que l’ambassadeur japonais à Washington temporise et essaie de sauver la paix. Konoe ayant démissionné le 16 octobre, Tōjō le remplace le lendemain même à la tête du gouvernement. La marine, peu désireuse de déclarer la guerre en raison de ses stocks insuffisants de mazout, finit par se rallier aux vues de Tōjō, qui cumule les fonctions de président du Conseil, de ministre de l’Intérieur et de ministre de la Guerre. Le 7 décembre 1941, les Japonais attaquent Pearl Harbor par surprise et détruisent en grande partie la flotte américaine du Pacifique. Les États-Unis ne peuvent plus temporiser et sont obligés d’entrer en guerre.

• 1942. Cette année voit les succès foudroyants des armées et surtout de la marine japonaises dans le Pacifique. Anglais et Américains ne sont nullement préparés, et leurs bases tombent une à une aux mains des soldats japonais : Guam est occupée par les Japonais dès le 10 décembre 1941 ; la marine anglaise est détruite le 22 décembre, devant Singapour ; Wake tombe le 22 décembre, Hongkong le 25 ; Singapour se rend le 15 février ; l’Indonésie est vaincue en mars, alors que Manille était déjà tombée dès le 2 janvier (Corregidor cependant ne se rendra que le 6 mai, et Leyte le 25 mai). La Birmanie, tout le Sud-Est asiatique, les îles indonésiennes, celles du Pacifique sont aux mains des Japonais. Mais les Américains réagissent : le 18 avril, ils réussissent un raid aérien sur Tōkyō. Les Japonais attaquant dans la mer de Corail dans l’espoir de prendre Port Moresby, se heurtent à une violente défense, sont obligés de se retirer le 8 mai et, les 3 et 4 juin, subissent une terrible défaite navale aux environs des îles Midway. Au Japon, les fabrications d’armement se ralentissent, l’effort de guerre ayant été trop grand. Il faut rationner l’essence aux avions et le mazout aux navires, réduire le niveau de vie des habitants. Les pays occupés sont pressurés, mais le manque de moyens de transport gêne le Japon (le caoutchouc et le pétrole d’Indonésie ne parvient que difficilement dans les îles du Soleil levant), l’étendue des territoires conquis immobilise de nombreuses divisions, malgré la création dans chacun d’eux de « gouvernements d’indépendance ». Les résistances se font de jour en jour plus nombreuses. Le Japon commence à s’essouffler, et ses pertes en hommes comme en matériel sont de plus en plus lourdes, l’industrie ne pouvant compenser ces dernières rapidement en raison du manque de matières premières... Le 12 septembre, l’île forteresse de Guadalcanal est attaquée par les Américains, qui se mettent en devoir de reconquérir, île par île, tout le Pacifique.