Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Japon (suite)

La période d’Asuka

• 538. Le roi de Kudara (Corée) envoie au souverain du Yamato une ambassade accompagnée de religieux bouddhistes, de techniciens, de statues en bronze du Bouddha et, dans une lettre, recommande chaudement la nouvelle religion, qui, née en Inde au vie s. avant notre ère, s’était répandue en Chine (vers le ier s. de notre ère) et avait gagné la Corée (vers le ive s.). Les deux clans les plus puissants du Yamato s’opposent au sujet de l’adoption de cette religion : les Mononobe, partisans de l’isolement du Yamato et grands prêtres de la religion indigène (que l’on appellera shintō afin de la différencier de la nouvelle croyance), et les Soga, partisans d’une influence chinoise et de l’adoption du bouddhisme.

• 587. Après de multiples conflits entre ces deux puissants clans, celui des Soga l’emporte finalement sur celui des Mononobe et, devenu tout-puissant à la cour du Yamato, favorise l’expansion du bouddhisme, faisant élever un temple de type coréen à Asuka (dans la préfecture actuelle de Nara), alors résidence temporaire de la Cour. L’impératrice du Yamato, Suiko (593-628), envoie des ambassades à la cour chinoise des Sui (Souei), et un grand nombre de Japonais vont étudier en Chine. Le Japon prenait désormais ses leçons directement de Chine et non plus par l’intermédiaire de la Corée. Le neveu de Suiko, le prince Shōtoku, fervent lettré bouddhiste, dresse les plans d’une « Constitution en dix-sept articles » destinée à fournir les bases légales d’un gouvernement impérial et dans laquelle se mêlent curieusement principes bouddhiques et confucéens ; ce code ne sera officiellement promulgué qu’après sa mort, en 622. Il fait édifier, ainsi que les nobles de la Cour, de nombreux édifices bouddhiques, dont le célèbre Hōryū-ji (près de Nara), qui demeure encore la plus ancienne structure de bois du monde. Un peu partout en Yamato, les chefs de clan, devenus bouddhistes — plus par politique que par véritable foi —, suivent son exemple. Les échanges culturels avec la Chine (depuis 618, celle de la dynastie des Tang [T’ang]) se continuent sans interruption. Affluent au Japon textes bouddhiques, confucéens, ouvrages techniques chinois, idées nouvelles et systèmes politiques.

• 622. Mort du prince Shōtoku. Un mouvement politique se dessine à la cour du Yamato tendant à éliminer du pouvoir le clan des Soga, devenu dictatorial, et à établir un système de gouvernement calqué sur celui de la Chine.

• 645. Le chef du clan des Nakatomi, en accord avec le prince impérial, abat la puissance des Soga et établit un système de gouvernement à la chinoise, promulguant un nouveau code de loi, appelé « Code de l’ère Taika », crée un nouveau calendrier fondé sur le système des « ères » et préconise sur les domaines impériaux une distribution « idéale » de la terre aux paysans. Paysans et terres sont placés sous le contrôle direct de la Cour. Un système d’impôts est élaboré qui s’inspire de celui de la Chine des Tang. C’est le système du ritsuryō.

• 663. Les troupes japonaises de Corée sont défaites par les armées coréennes et chinoises. Déjà, depuis près d’un siècle, le Japon n’avait plus qu’une autorité nominale sur le Mimana. À la demande d’un des royaumes coréens, le Ko-gu-ryŏ, le Japon vient à son secours, espérant ainsi reprendre pied sur la péninsule. Mais le royaume coréen de Sil-la, allié des Chinois, chasse les Japonais, qui reviennent au Japon accompagnés d’un grand nombre de Coréens, volontaires ou non. La Chine des Tang, alors la puissance la plus considérable de l’Asie orientale, est aux portes du Japon, constituant une menace directe contre celui-ci.

• 672. L’empereur Temmu monte sur le trône du Yamato et chasse les factions diverses qui y faisaient la loi (révolte du Jinshin). Il est décidé à faire appliquer le système du ritsuryō, alors négligé, et entreprend de faire rédiger un nouveau code de lois, plus précis et plus complet, comprenant des lois administratives et pénales.

• 708. Apparition des premières pièces de monnaie japonaises (appelées Wadō-kaihō) en cuivre, imitant les pièces chinoises.


La période de Nara (710-794)

• Le bouddhisme fait d’énormes progrès, mais les six sectes en activité au Japon et cantonnées autour de Nara et de quelques grands centres provinciaux pratiquent un bouddhisme hermétique, difficile à comprendre et dont les théories comme la pratique ne sont accessibles qu’aux moines. Le peuple n’y a point de part. L’art bouddhique cependant se développe sur des canons chinois et coréens, élaborant petit à petit des formules qui ne tarderont pas à devenir typiquement japonaises par la suite.

• 710. Achèvement du code de l’ère Taihō. Afin de renforcer la puissance du Japon, un système militaire est créé, et une nouvelle répartition des terres est réalisée. Les droits et devoirs de chacun sont précisés. Les rangs de cour sont fixés ; les impôts dus par chacun réglementés.

• 712. Rédaction, sur l’ordre de l’impératrice Gemmyō (ou Gemmei), du Kojiki (Récit des choses anciennes), afin de légitimer le pouvoir impérial. La Cour est alors définitivement établie à Nara (alors appelée Heijō-kyō), ville nouvellement construite au cœur du Yamato sur un plan chinois en damier, et abandonne la coutume de changer de capitale à chaque décès impérial. C’est le début d’une période nouvelle.

• 720. Rédaction du Nihon-shoki. Les paysans, trop lourdement imposés sur les terres impériales, s’enfuient sur les domaines appartenant aux grands seigneurs, ou sur les terres ecclésiastiques. Le gouvernement tente en vain de stopper cette émigration qui affaiblit considérablement le pouvoir impérial au profit des monastères bouddhiques et des chefs de clan propriétaires de grands domaines, qui tentent d’éviter de payer l’impôt.

• 741. L’empereur Shōmu ordonne de construire dans chaque province des temples bouddhiques afin que les religieux puissent, par tout le pays, prier pour la prospérité et la paix (et aussi afin d’inciter les nobles à des dépenses susceptibles d’affaiblir leur puissance grandissante).