Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Japon (suite)

 S. et M. Giuglaris, le Cinéma japonais (Éd. du Cerf, 1956). / J. L. Anderson et D. Richie, The Japanese Film : Art and Industry (Tōkyō, 1959). / A. Iwasaki, le Cinéma japonais contemporain (en russe, Moscou, 1962). / D. Richie, The Japanese Movie : an Illustrated History (Tōkyō, 1966). / A. Svensson, Japan (Londres et New York, 1970).


Les grandes étapes de l’histoire du Japon


La préhistoire et la protohistoire

Le peuplement du Japon se fit très tôt, à une date qu’il est encore difficile de déterminer, mais qui est certainement antérieure au VIIIe millénaire avant notre ère, à partir du continent nord-asiatique selon toute vraisemblance. On a en effet retrouvé en divers points du territoire constituant maintenant le Japon des pierres taillées antérieures à l’apparition des premières poteries, indiquant une culture apparentée à celles que nous connaissons ailleurs sous les noms de Paléolithique supérieur, ou tout au moins de Mésolithique. Ces outils de pierre sont rapprochés selon les auteurs de ceux qui ont été trouvés à Java (industrie patjitanienne) ou de ceux qui caractérisent le Paléolithique supérieur de l’Alaska et du bassin de l’Amour, en Sibérie orientale. En l’absence de nouvelles trouvailles, il est impossible de parvenir à une conclusion définitive. Certaines découvertes faites à Fukue près de Nagasaki permettraient de penser que les microlites que l’on y a découverts associés à des tessons de poterie remontent au VIIIe millénaire avant notre ère, ce qui constituerait la période précéramique du Japon, appelée aussi pré-Jōmon. Ces premières populations étaient peu nombreuses, composées de chasseurs de petit gibier et de ramasseurs. Nous n’en savons guère plus sur elles. Succèdent alors à ces primitifs d’autres peuples qui vont se développer et se répandre dans toutes les îles, et cela pendant une très longue période, puisqu’ils garderont une culture céramique de même type jusqu’au iiie s. avant notre ère. C’est ce que l’on a appelé la culture Jōmon, en raison des dessins faits par des impressions de cordes sur la surface des poteries (jōmon signifiant « dessin de cordes » en japonais).

Les Aïnous

L’ethnie japonaise résulte de la fusion d’éléments mongoloïdes venus d’Asie par la Corée et d’éléments indonésiens venus du sud par Formose. Ces immigrants, plusieurs siècles avant notre ère, refoulèrent vers le nord (principalement en Hokkaidō) la population blanche autochtone des Aïnous (ou Ainus). Si les Japonais ont occupé également, depuis 1500, l’île de Hokkaidō, ils n’ont pas assimilé les Aïnous : villages japonais et villages aïnous demeurent séparés.

Chasse, pêche, cueillette, fabrication d’arcs, épieus, massues, crochets mobiles de pêche, vannerie, tissage caractérisent la culture aïnou antérieure ment à l’arrivée des Japonais. Le système de parenté révèle quelques survivances d’organisation matriarcale. La religion, teintée de magie, joue un rôle social prépondérant : au culte de l’ours s’ajoute la vénération des « inao », sortes de bâtons originellement en forme d’hommes ou d’animaux. Ce sont simultanément des êtres participant de la divinité, des offrandes aux divinités et, surtout, des messagers, intermédiaires entre les hommes et les puissances supérieures. L’ours est souvent considéré, lui-même, comme un inao.

Les Aïnous ont ensuite emprunté à la culture japonaise l’usage du fer, la culture du millet, du riz et du maïs, les barques et bassins de capture pour la pêche. Les anciens villages de pêcheurs demeurent tels, mais la plupart des villages de chasseurs se tournent vers l’agriculture.

N. D.


La période Jōmon

Cette longue période de « Mésolithique attardé « comprend plusieurs stades de développement classés d’après les types de poterie que l’on y rencontre. Au tout début de la période existent déjà de nombreuses poteries à fond conique ; les cabanes paraissent avoir été rectangulaires, à moitié enterrées, le toit de branchages reposant directement sur le sol. La poterie se diversifie et comporte des vases à fond plat ou pointu, décorés de dessins en relief sur leurs bords. À côté des cabanes rectangulaires (qui s’agrandissent) apparaissent des cabanes rondes, toujours à demi enterrées. La population est quelque peu structurée en petites communautés de chasseurs-ramasseurs ou de pêcheurs au harpon. Le chien semble avoir été domestiqué. Au milieu de la période (vers les Ve-IVe millénaires avant notre ère), les poteries deviennent plus épaisses et s’ornent de décors baroques en relief, prennent des formes fantastiques. Peut-être dues à un nouvel apport du continent (de Chine ?), des statuettes anthropomorphes apparaissent ainsi que des décors spiralés ou en vagues. Les communautés semblent s’agrandir, pratiquant une sorte d’agriculture rudimentaire (taro) et se livrant toujours à la chasse et à la pêche. Les outils de pierre se perfectionnent. Un petit cheval existait alors dans les îles, mais il ne semble pas avoir été domestiqué. La pierre polie se substitue lentement à la pierre taillée, et, pendant le Jōmon tardif, la poterie se simplifie et diversifie ses styles locaux, ce qui pourrait indiquer d’une part une certaine augmentation de la population et de l’autre une différenciation régionale dans les cultes encore mal déterminés, surtout représentés par des sortes d’autels comportant des pierres dressées et établis à l’intérieur des cabanes. Des mortiers plats sont utilisés pour broyer les graines alimentaires. Les harpons se perfectionnent et des filets sont maintenant employés pour la pêche. À la fin de cette période arrive, en provenance probable du sud de la Chine, un nouveau peuple, qualifié de Yayoi (du nom d’un quartier de Tōkyō où furent retrouvées des poteries caractéristiques de cette culture), qui apporte avec lui de nouvelles techniques et surtout la pratique de la culture systématique du riz. Cependant, les styles Jōmon de poteries, de figurines et leurs techniques se continuent encore dans l’est et le nord des îles, tandis que descendent du nord d’autres populations venues de Sibérie, d’origine caucasoïde, et que l’on appellera plus tard Aïnous. Les cultures tardives Jōmon (qui persisteront dans le nord du Japon jusque vers le xe s. de notre ère) se mêlent à celle de ces peuples nordiques. La chasse et la pêche demeurent leur activité principale.