Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Japon (suite)

De la pêche-cueillette à la pêche-élevage

La surexploitation des fonds et la pollution des eaux littorales, une certaine diminution de la population maritime aussi, attirée par les métropoles, ont entraîné une reprise en main de l’activité marine ; celle-ci est centrée sur trois points. D’abord est entrepris le développement des élevages marins pour reconstituer les peuplements à partir de jeunes sujets élevés en viviers. Au niveau des mollusques, des crustacés, des anguilles et des algues, cette production contrôlée est déjà prospère commercialement. On élève des crevettes dans la mer Intérieure ainsi que des huîtres (près d’Hiroshima), mais celles-ci se trouvent aussi dans les eaux gelées en hiver du lac Saroma (Hokkaidō). De plus en plus, ce sont ainsi des animaux d’élevage, partiel ou total, qui approvisionnent la table des Japonais. Ensuite, on enregistre une extension des prises à tous les océans du globe, à l’aide d’une flotte puissante reconstituée de 1944 à 1954. Dès 1968, les prises dans les océans Pacifique, Indien et Atlantique s’élevaient respectivement à 190 000, 118 000 et 45 000 t. Des secteurs tropicaux de ces océans, les pêcheurs nippons gagnent sans cesse au nord et au sud, et l’accroissement du tonnage des navires soustrait cette activité à la dépendance des ports étrangers. Une modernisation complète de l’infrastructure vient, en effet, compléter ce vaste effort de modernisation et d’extension. De nouveaux organismes ultramodernes sont créés de toutes pièces, tels Ishinomaki dans le Tōhoku, Chōshi au nord de Tōkyō, tandis que des ports plus anciens s’étendent : Misaki et Yaizu sur le Pacifique, Kushiro à Hokkaidō ou Hachinohe dans le Tōhoku septentrional. Une puissante industrie alimentaire traite les produits de cette pêche et, bien qu’une certaine exportation se fasse vers l’Allemagne fédérale (thon), l’Australie (saumon) et les États-Unis (crabes), c’est avant tout pour alimenter le marché intérieur que cette puissante activité se développe et se modernise.


L’activité de transformation


Les productions

Entré dans le concert des pays industriels à la fin du siècle dernier, le Japon s’est hissé rapidement au rang des plus puissants, et sa production d’acier permet de le classer juste après les États-Unis et l’U. R. S. S. En pourcentage de la production (en valeur), cette activité se distribue ainsi : métallurgie lourde (17,7 p. 100), outillage (26,6 p. 100), produits chimiques (12,3 p. 100) [soit 56,6 p. 100 pour ces trois seules branches]. L’alimentation (12,3 p. 100), les textiles (10,3 p. 100), la céramique, la verrerie (4 p. 100) et des industries diverses se partagent le reste. Métallurgie lourde et chimie (pétrochimie surtout) caractérisent ainsi l’essor actuel, la part des textiles ne cessant de se réduire depuis la Seconde Guerre mondiale.

On peut partager ces industries en quatre catégories d’après leur structure et leur localisation. Un premier groupe comprend celles qui traitent sur place des matières premières non minérales, sur lesquelles elles se localisent : traitement du bois (papier et cellulose), surtout à Hokkaidō (Ebetsu, Tomakomai), industries alimentaires et pêche, dispersées l’une et l’autre et souvent établies hors des villes. Le deuxième groupe comprend les fabrications lourdes, métallurgiques et chimiques. La nécessité d’importer minerai de fer, houille (coke) et pétrole les localise sur la mer ou à proximité. La sidérurgie japonaise se caractérise par sa forte concentration, que la fusion de Yawata et de Fuji (pour reformer l’ancienne Nihon Steel) symbolise bien. La pétrochimie obéit aux mêmes conditions et importe la totalité de sa matière première.

Le troisième groupe d’industries comprend l’outillage au sens large du terme : machines, véhicules. Le Japon est le deuxième producteur de véhicules du monde, les deux tiers étant produits par la seule firme Toyota. Les chantiers navals caractérisent mieux encore cette activité ; leurs méthodes de travail (montage par blocs), leurs crédits et leurs délais très rapides leur assurent de grosses commandes. Au total, ces fabrications métalliques lourdes ou semi-lourdes représentent 34 p. 100 de la production industrielle totale. Comme les industries légères (appareillage électrique léger, radio, caméras), elles se localisent essentiellement sur la main-d’œuvre. C’est aussi celle-ci, plus la proximité des consommateurs, qui fixe les industries du quatrième groupe : cuir, vêtement, textiles et imprimerie, ameublement. Ici aussi se trouve le plus fort pourcentage de petites entreprises, y compris les innombrables artisans qui poursuivent, à la ville ou dans les villages, les gestes et les fabrications d’autrefois.

Le textile a bien perdu de son ancienne prééminence ; il constitua jusqu’à 34 p. 100 de l’industrie japonaise et 76 p. 100 de ses exportations ; ces chiffres sont aujourd’hui de 8,5 et 19 p. 100 respectivement. Il est la plus dispersée des grandes activités manufacturières, laine, coton et soie se distribuant aux quatre coins du pays avec des points de concentration maximale autour de Nagoya, Ōsaka, dans le Hokuriku (soie), près d’Okayama (rayonne à Kurashiki). Le Japon demeure le premier producteur de soie du monde, mais c’est surtout sur les textiles synthétiques (grâce à sa pétrochimie) et les tissages de luxe (laine et coton) qu’il compte pour maintenir son activité dans ce domaine.


Caractères spécifiques

Cette industrie se distingue fortement de celle des pays occidentaux.

• Elle repose avant tout sur de larges importations. Les matières premières qu’elle utilise sont soit totalement absentes, soit insuffisantes. Le coton (16 p. 100 des importations en valeur) vient des États-Unis, de l’Inde et du Moyen-Orient, et la laine est achetée en Australie, en Afrique australe et en Argentine ; 90 p. 100 du minerai de fer, la moitié du cuivre, du manganèse, du nickel et du cobalt doivent être importés, ainsi que du sel et des phosphates. Cuivre, fer, plomb et zinc existent dans le pays, quoique en mines dispersées et de faible importance, la plus notable étant la mine de fer de Kamaishi, sur la côte pacifique du Tōhoku. Il en va de même pour les sources d’énergie. Le charbon existe surtout aux deux extrémités du pays : à Hokkaidō et à Kyūshū, qui assurent chacune environ 40 p. 100 de la production annuelle (en recul). Des bassins secondaires existent dans le Tōhoku (Jōban) et sur la mer Intérieure (Ube). On doit acheter cependant 30 Mt de charbon à coke chaque année. Le pétrole vient du Moyen-Orient, secondairement d’Indonésie ; la capacité de raffinage du Japon, en 1970, est de 150 Mt. Houille et pétrole alimentent de vastes centrales situées près des sièges ou dans les métropoles ou à leur proximité immédiate. Troisième producteur d’électricité du monde, le Japon demande à ses cours d’eau moins du quart de ce total, et tout ce qui peut être équipé de façon rentable paraît l’avoir été à ce jour. On compte beaucoup sur l’énergie nucléaire, et des projets grandioses (le Japon possède déjà cinq centrales) doivent lui permettre de fournir, dès 1980, 16 p. 100 de la production totale d’énergie ; il faudra cependant importer pour cela 9 000 t d’oxyde d’uranium à un prix fort élevé, le pays n’ayant que peu de minerai.