Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
J

Jamaïque (suite)

Bustamante et son cousin Norman Washington Manley (1893-1969), le plus grand avocat de la Jamaïque, formèrent alors une équipe remarquable, le premier ayant la confiance des ouvriers, le second des patrons. Londres tira les leçons de la crise en décidant la création de syndicats, l’établissement du suffrage universel et la mise en route du processus conduisant à l’autonomie. Bustamante organisa le mouvement syndical (Bustamante Industrial Trade Union), et Manley le mouvement politique (People’s National Party). Mais les deux hommes avaient une trop forte personnalité pour ne pas se heurter, et, en 1943, Bustamante formait le Jamaica Labour Party, qui gagnait les élections dans le cadre de la Constitution de 1944. Vainqueur de nouveau en 1949, il fut Premier ministre en 1953 lorsqu’une nouvelle Constitution entra en vigueur. Pendant les deux campagnes électorales, il avait combattu le programme de Manley — « un hectare et une vache pour chacun » — en répliquant : « Si tu as deux vaches, Manley t’en prendra une. »

En 1955, Manley, qui avait éliminé son aile gauche et s’était construit une base syndicale à l’imitation de son rival, l’emporta sur Bustamante. Avec la Constitution de 1957, il devenait Premier ministre d’un gouvernement pour la première fois élu. Alors que Bustamante n’avait pas montré de grandes qualités de gouvernant, Manley visait le développement économique et bénéficiait de la prospérité, qui lui valut une réélection triomphale.

Les vrais problèmes n’étaient pas résolus, puisque, entre 1952 et 1962, jusqu’à ce que l’Angleterre ferme ses portes, près de 200 000 Jamaïquains émigrèrent vers l’Europe (en 1962, l’île a 1 600 000 hab.). Le tourisme, l’industrie légère, l’exemption fiscale, qui fait de l’île un paradis pour les capitaux étrangers, ne suffisent pas à une population qui reste majoritairement très misérable.


Problèmes caraïbes

Depuis 1958, la Jamaïque appartenait à la Fédération des Indes occidentales (Federation of the West Indies) : en septembre 1961, il y eut référendum pour savoir si l’île resterait dans la fédération. Manley était favorable au maintien, Bustamante, à soixante-dix-sept ans, restait le « champion de la lutte pour la liberté ». La classe moyenne vota pour Manley ; les campagnes et les bidonvilles donnèrent la victoire à Bustamante. Sept mois plus tard, Manley perdait les élections générales.

En août 1962, la Jamaïque choisit d’assumer son indépendance, après vingt ans de démocratie et dix ans d’autonomie interne. En 1967, le vieux sir Alexander Bustamante se retira en faveur du Premier ministre Donald Sangster sans qu’aucun des problèmes de l’île ait été réglé. Donald Sangster étant mort en avril de la même année, Hugh Lawson Shearer (né en 1923) devint Premier ministre.

Du point de vue de la langue et de la culture, la Jamaïque est anglaise ; du point de vue ethnique, elle appartient au monde afro-américain ; géographiquement, elle est entourée de nations hispano-américaines plus anciennes, et, pour ce qui est des rapports de puissance, le retrait de l’Angleterre la livre plus que jamais à l’influence nord-américaine. Cette situation vaut pour toutes les Antilles jadis anglaises, et même pour les autres, qui forment ou sont appelées à former des États miniatures, en proie aux problèmes démographiques, économiques et raciaux. Les États-Unis, l’Angleterre et le Canada sont désireux d’établir plus solidement la stabilité des îles qui baignent dans les mêmes eaux que Cuba, Haïti, Panama et Saint-Domingue. L’intervention des États-Unis à Saint-Domingue a prouvé qu’ils ne toléreraient pas un nouveau Cuba, et ce sont des troupes anglaises qui ont mis Cheddi Jagan au pas en Guyane.

En Jamaïque, on ne prend plus à la légère le mouvement Ras Tafari, exaltation de la négritude et de l’africanité, maintenant représenté par le People’s Political Party, même si l’on sait que l’intervention étrangère suivrait toute tentative révolutionnaire. La Jamaïque, comme les îles « sous le vent » et « du vent », ne peut se suffire à elle-même, quand sa population est obligée d’émigrer pour trouver du travail ; elle dépend du flot des touristes et des capitaux étrangers pour payer ses importations et reste loin de la démocratie sociale et de la maturité politique. Son indépendance, conséquence du déclin de l’Empire britannique, permet aux États-Unis d’y jouer un rôle de plus en plus grand.

J. M.

➙ Antilles.

 K. Norris, Jamaica, the Search for an Identity (Oxford, 1962). / W. Bell (sous la dir. de), The Democratic Revolution in the West Indies (Cambridge, Mass., 1967). / C. C. Moskos, The Sociology of Political Independence ; a Study of Nationalistic Attitudes among West Indian Leaders (Cambridge, Mass., 1967). / E. Williams, From Columbus to Castro, the History of the Caribbeans, 1492-1969 (Londres, 1970).

jambe

Partie du membre inférieur comprise entre le genou et le cou-de-pied.



Anatomie

Le squelette de la jambe est constitué par deux os, le tibia et le péroné, articulés entre eux par leurs extrémités.

• Le tibia est un os long, volumineux, situé à la partie interne de la jambe ; il s’articule en haut avec le fémur, en bas avec l’astragale. Son corps présente trois faces et son bord antérieur, ou crête, contourné en S italique, fait saillie sous la peau. L’extrémité supérieure est constituée par deux volumineuses tubérosités ; sa face supérieure, le plateau tibial, présente deux cavités glénoïdes qui s’articulent avec les condyles fémoraux pour former l’articulation du genou. La tubérosité externe a une surface articulaire plane qui répond à une surface homologue de la tête du péroné. L’extrémité inférieure du tibia est moins volumineuse ; sa face interne se prolonge en bas en une apophyse aplatie transversalement, la malléole interne.

• Le péroné est un os long et grêle situé à la partie externe de la jambe. Son extrémité supérieure, la tête, est séparée du corps par une partie rétrécie, le col. L’extrémité inférieure du péroné, ou malléole externe, est allongée de haut en bas et aplatie transversalement ; elle descend plus bas que la malléole interne.