Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Italie (suite)

Les arts graphiques

À la pointe d’argent, à la plume, au crayon ou au lavis, le dessin italien a généralement servi d’auxiliaire à la peinture, mais le goût moderne y trouve à juste titre un témoignage particulièrement émouvant de la personnalité des artistes. Certains maîtres sont d’ailleurs connus par leurs dessins plutôt que par leurs tableaux : ainsi Pisanello et surtout Iacopo Bellini*. Beaucoup d’autres ont confié au parchemin ou à la feuille de papier les secrets de leur génie.

L’enluminure des manuscrits a fleuri surtout à l’époque gothique, notamment à Sienne, à Bologne et en Lombardie, dont l’école fut dominée par Giovannino De’ Grassi († 1398) et Michelino de’ Mulinari da Besozzo (connu entre 1388 et 1442), puis dans la première période de la Renaissance, à Florence, à Ferrare, en Vénétie avec Liberale da Verona (v. 1445 - v. 1529). Le style italien se distingue en ce domaine par sa largeur et son éclat.

Les argents niellés sont à l’origine de la gravure italienne, qui acquiert ses lettres de noblesse au temps de la première Renaissance, surtout à Florence avec Maso Finiguerra (1426-1464) et Antonio del Pollaiolo, à Padoue avec Mantegna. Au xvie s., Marcantonio Raimondi (v. 1480 - v. 1534) consacre son talent à traduire et à diffuser l’œuvre de Raphaël. Le foyer florentin se ranime au xviie s. avec le séjour de Callot* et son influence sur Stefano Della Bella (1610-1664). Mais le grand siècle de la gravure italienne est le seicento, grâce aux maîtres de l’eau-forte que sont G. B. Tiepolo, Canaletto ou Piranèse.


Les arts décoratifs

Beaucoup d’autres techniques ont contribué à l’embellissement du cadre quotidien de la vie italienne. Si les ateliers de tapisserie de la Renaissance (Ferrare, Mantoue, Florence) apparaissent largement tributaires des Flandres, l’Italie s’est distinguée depuis le xive s., à Sienne, à Florence, à Venise et à Gênes, dans la fabrication des tissus de soie, notamment des velours. Le verre fait la célébrité de Murano depuis le xve s., et l’orfèvrerie n’est pas étrangère à la gloire artistique de Florence. L’histoire du mobilier a des chapitres brillants, comme celui de la Renaissance, dont on connaît surtout les coffres sculptés et souvent peints, ou celui du rococo, qui a montré toutes les ressources de sa fantaisie à Venise, à Gênes, à Turin.

Parmi les techniques décoratives, les plus conformes à la vocation de l’art italien sont cependant celles qui touchent de près au dessin ou à la peinture. Une place éminente revient par exemple à la marqueterie figurative — en italien tarsia —, qui traduit l’espace et le volume au moyen de bois de diverses nuances, découpés et habilement assemblés en panneaux surmontant des stalles, servant de portes ou ornant des cabinets. Outre la figure humaine, les thèmes favoris de cet art empreint d’intellectualité sont le paysage, naturel ou urbain, la nature morte (qui a été ainsi consacrée comme genre autonome), voire de simples formes géométriques à la limite de l’abstraction. La seconde moitié du quattrocento et le début du cinquecento sont la grande époque de la tarsia, illustrée alors par les chefs-d’œuvre de la cathédrale de Modène, du Santo de Padoue, de Santa Maria in Organo de Vérone, du monastère toscan de Monte Oliveto Maggiore, du palais ducal d’Urbino. On peut assimiler à des ouvrages de marqueterie le célèbre dallage de la cathédrale de Sienne ou les tableaux de pierres dures dont Florence se fit une spécialité au temps des grands ducs de Toscane.

L’art de la faïence* (ou majolique) associe enfin le goût de la figuration à celui d’une éclatante polychromie, souvent rehaussée par l’emploi d’un lustre métallique. Son apogée coïncide avec la Renaissance, et son terrain d’élection est l’Italie centrale.


Les époques et les styles

On peut considérer que l’art italien s’est défini en termes nationaux à partir de l’an 1000. Mais il est forcément tributaire des civilisations qui s’étaient succédé ou s’étaient affrontées en Italie.


Les origines

Aussi présent qu’il fût dans le sud de la péninsule et en Sicile*, l’hellénisme n’a exercé aucune influence directe sur le développement de l’art italien, du moins avant l’époque néo-classique. Il en est de même de la civilisation étrusque*. L’apport romain fut au contraire considérable : la fascination de l’antiquité latine a inspiré la grande Renaissance, mais aussi les renaissances successives, dont on trouve au moins l’intention à certains moments de l’histoire médiévale — sous Frédéric II, par exemple— et dans le mouvement néo-classique. Le rêve de Bramante, monter la coupole du Panthéon sur les voûtes de la basilique de Maxence, a souvent été celui de l’art italien. À la tradition romaine, l’architecture a emprunté l’organisation des masses et le goût des effets décoratifs, et la sculpture une entente du volume, dont la peinture a d’ailleurs tiré profit.

Le premier art chrétien a aussi pris part à la formation de l’art italien. Les grandes basiliques romaines de l’époque constantinienne, en croix latine comme Santa Maria Maggiore ou de plan centré comme Santa Costanza, ont fixé un type d’église qui s’est longtemps imposé à Rome*, mais que l’on retrouve aussi, plus ou moins transformé, dans la diversité des écoles d’architecture. L’art byzantin*, dont les monuments de Ravenne* illustrent l’âge d’or, a survécu d’une manière diffuse, en tant que tradition, au cours de la période médiévale et sous une forme beaucoup plus évidente à Venise ainsi que dans la Sicile des rois normands.

La domination lombarde et la période carolingienne ont apporté en Italie un art apparemment plus rude, dont il ne subsiste que des témoignages sporadiques. Si l’orfèvrerie peut prétendre à une place éminente grâce au trésor de Monza et à l’autel de Sant’Ambrogio de Milan*, des églises telles que Santa Sofia in Voto de Bénévent ou celle de Castelseprio, en Lombardie, malgré la valeur de sa décoration peinte, font assez modeste figure à côté des modèles romains ou byzantins. Mais ces expériences souvent timides ont précédé et préparé l’épanouissement de l’art roman.