Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Italie (suite)

La vigne a une valeur marchande comparable au groupe précédent. Le vignoble italien dispute à la France la première place dans le monde. La production est essentiellement destinée à la vinification. Un dixième seulement du poids en raisin récolté est vendu comme raisin de table ; il vient des Abruzzes et de la Pouille. La variété des vins italiens est grande. La Pouille fournit des vins de table et des vins pour le coupage. La Toscane produit des vins courants (chianti). D’autres régions ont à la fois un vignoble de quantité et des crus célèbres, tels le Piémont (barolo), la Vénétie (valpolicella), l’Émilie (lambrusco), le Latium (Castelli Romani), la Campanie (lacrima-christi), la Sicile (marsala)... Cette abondance de vins pose le problème de leur écoulement. Souvent aussi ces vins ne sont pas protégés par des appellations contrôlées, ce qui est fort dommageable.

L’olivier est passé à la dernière place des grandes cultures nationales. Les quantités produites varient peu et ne suffisent plus à la consommation intérieure. Les rendements pourraient être sensiblement relevés si les méthodes, par trop traditionnelles, étaient modifiées. Les grandes olivaies sont, pour les deux tiers, dans le Sud, notamment dans la Pouille et en Calabre.

L’élevage n’est pas pour l’Italie une activité très importante. Dans le Nord, grâce à l’abondance des cultures fourragères, l’élevage bovin est bien représenté. En Lombardie, on compte 89 bovins par kilomètre carré cultivable. En allant vers le sud, les pâturages deviennent plus maigres, et c’est l’élevage ovin et caprin qui l’emporte. En Sardaigne, on dénombre 113 ovins par kilomètre carré cultivable. Cet élevage est insuffisant pour satisfaire les besoins nationaux. Malgré l’accroissement de l’élevage des veaux, le pays doit importer de grosses quantités de viande. La production de lait, de beurre, de fromages, parfois célèbres comme le parmesan, ne couvre pas la totalité de la consommation nationale. La situation est meilleure pour les élevages secondaires. L’aviculture se développe. L’élevage porcin, complémentaire de l’élevage bovin, s’industrialise et assure l’approvisionnement de la charcuterie italienne, qui est très renommée.

Les forêts, malgré leur étendue, sont d’un faible revenu. Leur utilisation est entravée par les ravages de déboisements séculaires ; 60 p. 100 du manteau forestier sont, en réalité, composés de taillis. Il y a cependant quelques riches forêts de résineux dans les Alpes, de feuillus dans l’Apennin. Après la guerre, la culture du peuplier s’est étendue dans la plaine du Pô. L’Italie doit importer du bois pour ses industries du meuble.

L’importance de la pêche est mince. Les mers bordières ne sont pas très poissonneuses, les côtes ont été longtemps malsaines et peu sûres, ce qui a éloigné les hommes des rivages. Les effectifs ont toujours été limités, et le tourisme balnéaire, aujourd’hui, attire nombre de pêcheurs. Le tonnage de poissons pêchés n’atteint pas 200 000 t ; il faut y ajouter 45 000 t de mollusques et 10 700 t de crustacés. Près de la moitié des prises (44 p. 100) se font dans l’Adriatique. Les grands ports de pêche sont rares, on peut citer Chioggia, Ancône, Trapani, Naples, Livourne. Les élevages marins sont limités en quelques points, La Spezia, Naples, Tarente. Dans les lagunes, il y a lieu de noter la pêche des anguilles. Le caractère artisanal de la pêche est un frein à l’augmentation des prises, mais un processus de concentration de cette activité est en cours.

Au total, si l’on voulait définir la situation de l’agriculture italienne d’un mot, on pourrait avancer le terme de transition. L’agriculture, engoncée dans des structures périmées, a commencé à se transformer. Mais c’est une mutation difficile, comme le montrent les fréquents incidents qui agitent le monde paysan, inquiet de son avenir.


La prospérité industrielle

Si la part de l’agriculture dans le produit intérieur brut n’atteint plus que 10 p. 100, celle de l’industrie dépasse 40 p. 100. C’est grâce à elle que l’Italie a opéré sa remarquable croissance économique.


La structure de l’industrie italienne

Trois traits caractérisent l’organisation industrielle : émiettement apparent de l’appareil de production, domination de quelques grandes sociétés privées ou publiques, déséquilibre géographique. Si le dernier trait est un facteur de faiblesse, les autres caractères confèrent à l’industrie italienne souplesse et efficacité.

L’émiettement de l’industrie paraît évident à la lecture des données statistiques. En 1961, l’Italie compte 2,1 millions d’entreprises industrielles employant 9,5 millions de personnes. Dix ans plus tôt, en 1951, le nombre d’emplois de l’industrie n’était que de 6,7 millions. Le progrès a été considérable, + 35,3 p. 100 durant la décennie du « miracle ». Ces exploitations sont réparties en un grand nombre d’entreprises artisanales, un bon pourcentage d’usines moyennes et un petit nombre de grandes exploitations. Ce qui frappe donc d’abord, ce n’est pas le gigantisme des usines, mais le semis, souvent chaotique, des petites et moyennes entreprises. Mais c’est là une fausse impression.

La réalité de la concentration apparaît lors d’un examen plus attentif. Parmi les exploitations recensées, bon nombre n’ont qu’un faible intérêt économique. Si l’on retient l’entreprise plutôt que l’établissement industriel et si l’on ne considère que les unités employant plus de 50 salariés, l’interprétation change totalement. Près de 43 p. 100 des salariés sont employés dans des entreprises de plus de 1 000 personnes. Un ensemble de 192 sociétés donne le ton à l’industrie italienne. Le secteur public en contrôle plus du quart. Le degré de concentration est donc élevé, et celle-ci s’accroît par de continuelles fusions d’entreprises. Trois grands types de sociétés se partagent l’industrie nationale : les sociétés à capitaux publics, les grands groupes privés, la masse des sociétés moyennes. Un réseau complexe de liaisons financières, de participations croisées relie ces sociétés entre elles. La concurrence que se font les plus puissantes entreprises est un facteur de croissance, car elles sont amenées à investir beaucoup pour moderniser leurs installations, demeurer compétitives, conquérir de nouveaux marchés. La présence de moyennes et petites entreprises, travaillant à des coûts plus élevés, garantit des superprofits aux groupes principaux. Elle permet aussi le lancement de productions nouvelles, n’exigeant pas de trop fortes immobilisations de capitaux ; mais faisant place à l’initiative commerciale, à la valeur de la main-d’œuvre ; c’est le cas de l’industrie des articles électroménagers, dont le succès est issu de petites entreprises qui ont eu un brusque essor en quelques années. Ces entreprises moyennes donnent aussi plus de souplesse à l’appareil productif, car les reconversions y sont plus aisées lorsque la conjoncture est défavorable.