Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Italie (suite)

Les difficultés de l’agriculture

Face à l’essor industriel, l’agriculture chemine lentement. Les progrès de la production sont quatre fois moins rapides que ceux de l’industrie, le revenu agricole par tête n’atteint que la moitié de celui des autres secteurs. Précarité des conditions physiques, mais aussi rigidité des structures agraires sont à l’origine des problèmes agricoles italiens.


Les problèmes agricoles

Sur les 30,1 millions d’hectares de la surface nationale, 9,1 p. 100 seulement sont improductifs. Sur les 27,3 millions restants, la majeure partie est occupée par des terres labourables où alternent céréales et cultures fourragères, avec des champs fréquemment complantés de vigne. Ce seminativo occupe 44,1 p. 100 de la superficie ; les cultures fourragères permanentes, 19,1 p. 100 ; les cultures arbustives, 10 p. 100 ; les bois, 22,5 p. 100 ; enfin, 4,3 p. 100 de la superficie sont incultes. Ces données d’ensemble masquent le contraste entre le Nord, intensément mis en valeur, et l’Italie centrale et méridionale, où des îlots de riches cultures sont entourés de vastes espaces où dominent bois, pâtures et cultures extensives. Cette terre était surchargée d’hommes. Vers 1950, l’Italie recensait 350 000 chômeurs agricoles, mais le sous-emploi touchait des centaines de milliers de paysans. La situation s’est transformée. Dans le Nord, la main-d’œuvre agricole fait défaut et, dans le Sud, si la sous-occupation approche encore 50 p. 100 de la force de travail disponible, l’exode rural modifie rapidement le déséquilibre démographique des campagnes. En fait, l’efficacité agricole est freinée par d’autres conditions. Il y a d’abord l’exiguïté et le morcellement des exploitations. Une des plaies de la vie rurale italienne a été l’extension du latifundium, en particulier dans le Sud. Si ce problème demeure, aujourd’hui le microfundium est une question plus grave encore. Le recensement de 1970 indique que la superficie moyenne des 4 293 924 exploitations agricoles italiennes est de 6,2 ha !

Les petites exploitations l’emportent en nombre ; plus des trois quarts des exploitations ont moins de 5 ha et n’occupent guère que le cinquième de la superficie. À l’autre extrémité, 0,47 p. 100 des exploitations ont plus de 100 ha et détiennent 29,12 p. 100 de la superficie. Les entreprises moyennes sont écrasées. Le morcellement aggrave ce fait. En moyenne, chaque exploitation est composée de 3,65 parcelles ; le travail agricole supporte de ce fait des pertes considérables de temps, obstacle sérieux à la mécanisation. Les structures agraires ont bien changé avec le déclin du métayage. Le faire-valoir direct progresse et représente 58 p. 100 de la superficie.


Les essais de solution

Une première solution aux difficultés agricoles a été recherchée dans l’action technique. L’irrigation est pratiquée sur 20 p. 100 de la surface cultivée, et 50 000 ha sont gagnés chaque année, surtout dans la plaine du Pô. Déjà, sous le fascisme, des travaux de « bonification » avaient été entrepris ; ils ont été poursuivis après la guerre. Il s’agit de travaux de drainage, d’irrigation, de régulation des cours d’eau, de lutte contre l’érosion des sols, de reboisements, de construction de maisons et de routes... La mécanisation a été intensifiée. Il y avait 66 000 tracteurs en 1951, il y en a plus de 630 000 en 1970, dont les deux tiers, il est vrai, se trouvent dans les provinces septentrionales. L’utilisation des engrais et la sélection des semences progressent aussi, tout en restant à des niveaux inférieurs à ceux des autres pays de l’Europe occidentale.

Mais les efforts techniques ne peuvent tout résoudre. C’est pour cela qu’en 1950 une réforme agraire a eu lieu. Visant à créer une petite paysannerie, elle a eu pour but d’exproprier tous les domaines de plus de 200 ha sous-exploités et de les redistribuer. Son application n’a pas été facile et elle a coûté très cher (deux fois plus que prévu). De plus, la petite propriété n’ayant qu’une faible productivité, elle n’a pas eu les résultats escomptés. Le « Plan vert », à partir de 1962, a davantage le souci d’aider à la modernisation et à la restructuration des exploitations, tout en soutenant certains prix agricoles. On songe maintenant au remboursement et au développement des coopératives, afin d’intensifier les systèmes de cultures et d’améliorer les conditions d’écoulement des produits agricoles dans le Marché commun.


Les principales productions

La valeur de la production agricole (y compris l’exploitation forestière et la pêche) augmente régulièrement, mais sa part dans le produit national régresse. Elle était de 57,8 p. 100 en 1861, encore de 31,7 p. 100 en 1950, elle n’est plus en 1970 que de 10,2 p. 100 (produit intérieur brut au coût des facteurs).

Tant en superficie qu’en valeur, les céréales demeurent les cultures les plus importantes. Le blé arrive en tête ; il est présent dans presque toutes les exploitations. Le blé tendre, au rendement moyen de 26 q à l’hectare, est surtout cultivé dans la plaine padane et les Marches. Le blé dur, au rendement inférieur (15 q/ha), est fixé dans le Sud (Pouille et Sicile). Le riz (50 q/ha) se localise dans les provinces de Verceil, de Novare et de Pavie. Le maïs s’étend en superficie ; il se trouve dans toute la plaine du Pô. Un deuxième groupe de cultures est celui des légumes et de la pomme de terre. Ce sont des produits de bonne valeur marchande qui progressent rapidement. Ici, le Nord n’a pas la priorité. Les primeurs de Ligurie, les centres légumiers de Vérone et de l’Émilie sont dépassés par ceux de la Campanie, de la Pouille et du Latium.

Les cultures fruitières viennent ensuite. L’Italie a ici le deuxième rang mondial après les États-Unis. Les améliorations sont continues en quantité et en qualité. Les grandes régions productrices sont au nombre de cinq. L’Émilie-Romagne fournit des pommes, des poires et des pêches ; la Sicile (avec la Calabre) est le domaine des agrumes. La Vénétie, le Haut-Adige et la Campanie ont une vaste gamme de productions fruitières.