Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Israël (suite)

L’économie

Dans le Moyen-Orient, Israël constitue un cas tout à fait exceptionnel d’une économie très développée, à haut niveau d’activité et d’efficience, qui se rattache beaucoup plus à la civilisation européenne qu’à l’environnement local. Sur un espace très restreint se réalisent des combinaisons très complexes, largement tournées vers l’extérieur et liées au commerce international, qui contrastent vigoureusement avec l’économie de subsistance des pays arabes voisins.


Les ressources en eau

Le fondement de l’occupation du sol a été la colonisation rurale, qui nécessitait la mise en œuvre de toutes les ressources en eau, même dans la plaine côtière, où la pluviosité ne dépasse pas 500 à 600 mm par an et où il était impossible de fonder sur l’agriculture pluviale une production intensive. La surface irriguée a atteint 165 000 ha, sur un total cultivé de 415 000 ha. L’agriculture utilise environ les deux tiers du total des eaux disponibles (1 500 millions de mètres cubes annuels, y compris la récupération des eaux usées). Ces eaux sont fournies par diverses sources et puits (800 millions de mètres cubes environ), par les petites rivières des monts de Judée et de Galilée (notamment le Yarkon, dont les eaux ont été depuis longtemps envoyées vers le Néguev), et enfin, en dernier lieu, depuis la renonciation aux projets d’aménagement global du Jourdain avec partage de ses eaux entre les États riverains, par le plan national d’adduction d’eau, qui prélève dans le lac de Tibériade 320 millions de mètres cubes par an, amenés jusque dans le Néguev par des canalisations de 2,70 m de diamètre ; 90 p. 100 du total des eaux disponibles sont déjà utilisées, et il n’existe plus de marge d’expansion en dehors de la désalinisation des eaux.


L’agriculture

On s’explique ainsi l’orientation de l’agriculture, que les ressources limitées en sol et en eau ont conduite vers des productions très spécialisées. Les cultures de champs, qui occupent encore 78 p. 100 des terres de la minorité arabe, n’assurent au total que 18 p. 100 de la valeur de la production agricole. Israël ne satisfait pas la moitié de sa consommation de blé. Plus importantes relativement sont les cultures fourragères (sorgho, foin). Plus de la moitié de ces cultures de champs, pour lesquelles le travail mécanisé sur de grandes parcelles constitue un avantage, sont pratiquées dans les kibboutzim.

Beaucoup plus importantes sont les cultures de plantations, qui comptent pour 30 p. 100 de la valeur de la production agricole et pour plus de 80 p. 100 des exportations de produits de la terre. Au premier rang viennent les agrumes (essentiellement oranges et pamplemousses), qui assurent à eux seuls 20 p. 100 de la valeur de la production agricole. Cultivés essentiellement dans la plaine côtière, ils ont pénétré dans les vallées de Jezre‘el et du Ḥarod. Puis viennent les oliviers, cultivés surtout par les Arabes en Galilée, et la vigne, cultivée surtout par les colons israéliens dans la plaine côtière. Les pommes, les poires et les pêches sont cultivées dans les collines de Judée et de Galilée, et les bananes dans la plaine côtière et la dépression du Jourdain. Les cultures maraîchères (9 p. 100 de la valeur de la production agricole) sont relativement moins importantes, ainsi que les cultures industrielles (coton, betterave à sucre, arachide, tabac). Un trait tout à fait remarquable est d’autre part le développement d’un important élevage laitier de gros bétail, anomalie sous ce climat méditerranéen. Il est d’ailleurs toutefois dépassé en valeur par l’élevage de la volaille (20 p. 100 de la valeur de la production agricole, avec une production de viande égale au double de celle de gros bétail et de notables exportations d’œufs), qui exprime bien l’intensité de l’agriculture. D’autres spécialités (pisciculture, notamment pour les carpes, élément traditionnel de l’alimentation des Juifs d’Europe centrale ; élevage des animaux à fourrure) témoignent de l’ingéniosité et du haut degré de technicité de cette production. La pêche est active en Méditerranée et même en mer Rouge. En même temps, le paysage a été transformé par un reboisement massif qui a bouleversé les perspectives de conservation du sol.


L’industrie

Les dimensions du pays et les conditions naturelles ont nécessairement limité ce développement agricole ; 15 p. 100 de la population active seulement sont employés dans l’agriculture, la pêche et les forêts, contre 25 p. 100 dans l’industrie, et c’est là de plus en plus que réside la force d’Israël, fondée sur une main-d’œuvre extrêmement habile, qui permet une production très diversifiée, en grande partie avec des matières premières importées. Malgré l’absence quasi totale de ressources énergétiques locales, la médiocrité des ressources minières (cuivre à Timn‘a au nord d’Eilat, surtout potasse de la mer Morte, phosphates, sel et gypse), Israël a bâti une industrie puissante à base de produits hautement élaborés ; petite métallurgie et électronique, industries alimentaires et textiles, industries du bois et du meuble, industries chimiques (à Haïfa autour du terminus de l’oléoduc, aujourd’hui fermé, qui apportait le pétrole irakien avant l’indépendance d’Israël). Une spécialité caractéristique est la taille des diamants, dont les immigrants des communautés juives européennes ont apporté la tradition.


Le commerce extérieur

Ce sont ces produits industriels qui dominent les exportations, en assurant plus des deux tiers du total. Les diamants viennent au premier rang (40 p. 100, mais la valeur ajoutée dans le pays représente seulement le tiers du prix de vente). Les agrumes viennent au second rang (15 p. 100), suivis, parmi les produits agricoles, par les autres fruits, les légumes et les œufs. Le commerce extérieur reste, de toute façon, fortement déficitaire. Le taux de couverture des importations ne dépasse guère 50 p. 100. Israël n’équilibre tout de même ses comptes qu’avec un constant apport de capital extérieur (aide des communautés juives mondiales, réparations de l’Allemagne occidentale, etc.) et un net excédent de sa balance des services.

X. P.

➙ Jérusalem / Moyen-Orient / Tel-Aviv.