Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

intestin (suite)

• L’intestin grêle est parfois atteint par certains agents thérapeutiques. C’est le cas, notamment, de certaines substances anticancéreuses utilisées par voie injectable, qui ont une action malencontreuse sur le tractus digestif, dont les cellules muqueuses ont un renouvellement très rapide. Il s’ensuit des épisodes de diarrhée qui peuvent conduire à suspendre le traitement.


Affections médicales du côlon

• Certaines, là aussi, relèvent de causes infectieuses et sont responsables de diarrhées. Il existe alors une colite, dont on a décrit des aspects très variés (colite congestive, purulente, muco-membraneuse...). De nombreux germes peuvent être en cause. Citons ceux du genre Shigella, responsables de la « dysenterie bacillaire ». En effet, les atteintes du côlon donnent plus souvent lieu à une dysenterie qu’à une diarrhée vraie. Les émissions sont fréquentes, douloureuses, mais le volume quotidien n’est pas considérable, et beaucoup de ces émissions sont afécales et ne méritent pas le nom de selles. Ce sont de simples rejets de mucus, de pus, de glaires, parfois de quelques stries de sang, qui traduisent l’exsudation colique sans qu’il y ait d’accélération du transit alimentaire. Si l’on effectue une rectoscopie (v. endoscopie), on observe une muqueuse congestive, dépolie, moins brillante, recouverte d’un dépôt de pus et parfois parsemée de fines ulcérations. Si de telles colites peuvent être dues à- divers Microbes, signalons, inversement, que certaines colites peuvent être déclenchées par des antibiotiques administrés pour une autre raison, surtout s’ils sont absorbés per os. En effet le côlon, on l’a vu, contient à l’état normal une grande quantité de germes (ils constituent à eux seuls le quart ou le tiers de la selle normale) utilisés pour la fermentation (côlon droit) et la putréfaction (côlon gauche). La plupart de ces Microbes sont sensibles à l’action des antibiotiques, qui les détruisent. Seules ne persistent que quelques souches résistantes qui vont pouvoir pulluler, car les autres germes ne seront plus là pour limiter cette croissance. On aboutit ainsi à une flore microbienne déséquilibrée, qui peut entraîner des accès de diarrhée. Quelquefois, ce sont des champignons qui remplacent les germes banals du côlon. Ces candidoses digestives après antibiotiques sont très inconfortables et de traitement difficile.

• Des parasites peuvent entraîner des atteintes coliques. Le plus connu est l’Amibe, responsable, même en métropole, d’accès de « dysenterie amibienne ».

• Parmi les atteintes inflammatoires du côlon, il faut mettre en relief une maladie très particulière, la recto-colite hémorragique, ou recto-colite ulcéro-hémorragique. C’est une affection de l’adulte jeune, de l’adolescent, voire de l’enfant. Elle donne lieu à un syndrome colique fait d’émissions de glaires, de pus et de sang. La muqueuse a, en rectoscopie, un aspect caractéristique : elle est dépolie, « chagrinée », recouverte d’un film purulent. Quand on retire ce film avec un coton, la muqueuse se met à saigner en nappe. Cette fragilité est assez particulière à ce diagnostic. L’atteinte est précisée par le lavement baryte, qui décèle une réduction de calibre, une perte des contractions et du plissement normaux, parfois des images d’ulcérations. Fait important, cette maladie a toujours son point de départ et son maximum au niveau du recto-sigmoïde. Quand elle atteint le reste du côlon, c’est toujours par voie rétrograde, de la gauche vers la droite. La totalité du cadre colique peut ainsi être touchée. Les lésions histologiques s’arrêtent au millimètre près à la jonction du gros intestin avec l’intestin grêle. Assez souvent, cette affection s’accompagne de traits psychologiques particuliers, souvent en relation avec des épisodes du jeune âge. Quand l’évolution est sévère, on est parfois amené à proposer — soit d’emblée, soit après plusieurs rechutes — une colectomie totale. Il n’y a alors jamais de récidive sur l’intestin grêle. On verra plus loin que les choses sont très différentes pour la maladie de Crohn.

• Enfin, le côlon est l’un des segments digestifs préférés des atteintes fonctionnelles. Ce sont des côlons qui, bien qu’indemnes de toute lésion, donnent lieu à des troubles fonctionnels : diarrhée, constipation, alternance des deux avec accès de « fausse diarrhée », accès de ballonnements, de gaz douloureux... Ces colopathies fonctionnelles sont souvent entretenues par des régimes aussi inappropriés que variés, par l’abus de laxatifs irritants ; elles constituent un motif fréquent de consultation chez le gastro-entérologue. Le traitement est nécessairement prolongé. Il peut utilement s’aider de cures thermales.


Atteintes globales de l’intestin

Un certain nombre d’affections sont susceptibles de toucher aussi bien le grêle que le côlon, isolément ou en association.

• Parmi les causes infectieuses, rappelons la tuberculose intestinale, devenue rare de nos jours. Elle touche soit des tuberculeux pulmonaires qui déglutissent des Bacilles de Koch, soit des sujets qui ingèrent des Bacilles tuberculeux bovins vivants en buvant des laitages crus. La localisation préférentielle de l’affection est la jonction iléo-cæcale, où elle donne lieu à des images radiologiques caractéristiques.

• Une affection inflammatoire s’en rapproche beaucoup : c’est la maladie de Crohn. Elle fut initialement décrite en 1932 comme une iléite terminale avec infiltration du mésentère. En effet, les lésions muqueuses sont modérées. Par contre, la sous-muqueuse est très lésée, et la sous-séreuse est le siège d’une sclérolipomatose caractéristique. Puis on a appris à reconnaître des formes iléo-cæcales ou iléo-coliques. Enfin, actuellement, tout le monde admet la possibilité de localisation colique isolée de la maladie de Crohn. Outre les caractères histologiques déjà cités, cette affection se caractérise par la possibilité d’atteintes plurisegmentaires séparées par des zones parfaitement saines ; par la fréquence des fistules, soit internes, soit extériorisées à la peau. Enfin, le caractère évolutif est le plus pernicieux. Quand l’intensité des lésions justifie une exérèse chirurgicale, la tendance naturelle de la maladie est l’apparition de récidives sur les segments restants. On est ainsi amené parfois à des résections intestinales itératives qui finissent par poser des problèmes nutritionnels très délicats.