Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Internationales (les) (suite)

Elle semble de nouveau à portée de la main lorsqu’en juillet 1920 l’armée rouge avance victorieusement au cœur de la Pologne. La IIIe Internationale, certaine de la victoire, fixe les « 21 conditions » que doit accepter tout parti socialiste désireux d’adhérer au Komintern. Elles sont toutes inspirées par la conviction que seule la tactique suivie par les bolchevistes mène à la conquête du pouvoir. K. Kautsky, J. Longuet, F. Turati et leurs amis sont exclus. Il en résulte toute une série de scissions qui affectent, avec les indépendants d’Allemagne, les partis socialistes de France, d’Italie, de Norvège et de Tchécoslovaquie.

Finalement, la révolution européenne est repoussée dans un avenir indéfini. Lénine paraît alors compter davantage sur l’action des peuples d’Orient et d’Extrême-Orient et sur le soulèvement des peuples coloniaux, où l’Internationale communiste entreprend une action de longue haleine.

En Europe centrale et occidentale, où les partis socialistes, qui se souviennent du sort réservé à Kerenski, ont fait barrage contre le bolchevisme, l’Internationale communiste préconise la tactique du front unique entre socialistes et communistes avec le désir d’isoler les chefs socialistes des masses ouvrières. Mais cette tactique se heurte à la méfiance des socialistes.

La mort de Lénine en janvier 1924 ouvre une période de crise dans l’Internationale communiste. À Trotski* s’oppose Staline*, qui l’emporte. En 1926, celui-ci écarte Zinoviev de la présidence et le remplace par Boukharine*, puis se retourne contre celui-ci. En 1930, Staline nomme à la tête de l’Internationale un triumvirat composé de Molotov, D. Z. Manouilski et O. Kuusinnen. L’objectif premier est alors d’éliminer la social-démocratie, considérée comme le dernier rempart de la bourgeoisie. Après l’avènement de Hitler en janvier 1933, Staline met plusieurs mois à modifier sa politique : c’est en 1935 seulement que le congrès de l’Internationale fait sienne la tactique du Front populaire (VIIe congrès de l’I. C).

Résolument hostiles à la subordination de l’Internationale à la politique de Staline, Trotski et ses amis envisagent la constitution d’une IVe Internationale, qui grouperait les commun stes demeurés internationalistes. La parti bolcheviste est considéré par eux comme dégénéré ; mais ce n’est qu’à partir de 1935 que l’État soviétique est lui aussi tenu par les trotskistes pour incapable de redressement ; la IVe Internationale est créée en 1938.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le 15 mai 1943, l’Internationale communiste est dissoute. La raison donnée est « la croissance et la maturité des divers partis communistes », qui n’ont plus besoin d’être soumis à un centre dirigeant. Dans l’impossibilité où l’on est alors de tenir un congrès, la dissolution est décidée par le Présidium.


La reconstitution d’une Internationale socialiste

En février 1919, 97 délégués venant de 26 pays s’étaient réunis à Berne pour tenter de reconstituer la IIe Internationale. Mais les oppositions demeuraient vives entre socialistes partisans de la défense nationale et socialistes partisans d’une paix de compromis, de même qu’entre socialistes de pays alliés et socialistes allemands. En février 1921, les partis socialistes de France, d’Autriche, de Suisse, les indépendants d’Allemagne et de Grande-Bretagne se retrouvèrent à Vienne pour créer une union, appelée ironiquement l’« Internationale deux et demie », qui espérait jouer un rôle de médiation. Mais les efforts tentés à Berlin en avril 1922 n’aboutirent pas. Finalement, en mai 1923, à Hambourg, 620 délégués appartenant à 43 partis de 30 États, groupant 6 700 000 adhérents et 25 millions d’électeurs, créèrent l’Internationale ouvrière socialiste (l’I. O. S.), qui réunissait tous les partis acceptant le principe d’une émancipation économique des travailleurs de la domination capitaliste, mais refusant les directives de Moscou.

Le secrétariat fut alors confié solidairement à Tom Shaw (Britannique), secrétaire de l’Internationale syndicale du textile, qui se retira au bout de quelques mois, et à l’Autrichien Friedrich Adler, qui assuma seul la charge jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Au lendemain du congrès de Hambourg, Arthur Henderson, Britannique, devint président.

L’I. O. S. tint des congrès à Marseille (1925), à Bruxelles (1928) et à Vienne (1931). Affaiblie par l’avènement de Mussolini plus encore que par celui de Hitler, puis par la victoire de Franco, elle réunit encore une conférence d’information à Paris en 1933. De graves divergences apparurent entre ceux qui demeuraient fidèles au marxisme et ceux qui s’en écartaient de plus en plus.


Depuis la Seconde Guerre mondiale

L’Internationale communiste ne s’est pas reconstituée. Mais en septembre 1947 était créé le Kominform, organisme réunissant les partis communistes de Russie et des démocraties populaires, plus ceux de France et d’Italie. Le siège en était fixé à Belgrade. La rupture entre Staline et Tito, intervenue en juin 1948, et l’opposition de l’Albanie à Moscou ôtèrent pratiquement toute activité au Kominform, qui disparut en 1956.

La reconstitution d’une Internationale socialiste, préparée par des rencontres à partir de 1946, s’est opérée à Francfort-sur-le-Main en juin 1951.

Une quarantaine de partis représentant dix millions d’adhérents et soixante-quatre millions d’électeurs ont adhéré à l’Internationale socialiste. Une certaine décentralisation a été opérée : il existe un Secrétariat d’Amérique latine installé à Montevideo ; en 1953, une Conférence socialiste asiatique a été fondée à Rangoon. Il existe aussi une union des partis socialistes en exil. Près de l’Internationale socialiste fonctionnent une Internationale des femmes, une Internationale des jeunesses socialistes, une Internationale des enseignants.

G. L.

➙ Anarchisme / Communisme / Marx (K.) / Marxisme / Socialisme.