Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Indre. 36 (suite)

L’Indre, département de bordure du Bassin parisien, en reflète la disposition zonale. Il se partage en quatre régions d’égale étendue. Au nord, un ensemble de plateaux de craie altérée en surface donne, autour d’Écueillé et de Valençay, sur des sols lourds d’argile à silex, des gâtines boisées longtemps vouées à une polyculture extensive, orientées aujourd’hui vers une riche spéculation laitière (races normande et frisonne). Un vignoble de coteau sur le Cher, un château illustre (Valençay) annoncent la Touraine. Au nord-est, au pied d’un talus de côte qui en marque la limite, une table de calcaires jurassiques diversement doués (limons, placages sidérolithiques), mais favorables à la culture céréalière et livrés à l’engrais, porte de grandes campagnes découvertes, uniformes. C’est la Champagne berrichonne, pays de grandes exploitations mécanisées où le blé, associé jadis à l’élevage du mouton, l’est aujourd’hui à l’orge, au maïs, au colza, celui-ci en pleine expansion depuis le succès, sur le marché, des « huiles de table » après la décolonisation (300 000 q). L’élevage s’est maintenu, ovin pour la boucherie (Issoudun), caprin pour le lait (Levroux), comme à l’est le petit vignoble de sauvignon des coteaux de la Théols et de l’Arnon (Reuilly). Au sud, une dépression vallonnée, le Boischaut, déblayée dans les tendres assises argileuses et marneuses du Trias et du Lias, dominée au nord par la côte de Champagne, s’adosse au midi au glacis primaire du Massif central, où le département atteint son point culminant (Signal de Fragne, 459 m). Bocager — son nom en dérive —, herbager, le Boischaut est devenu un grand fournisseur de viande où, à côté d’un nombreux cheptel bovin charolais et limousin, prospèrent le porc (Yorkshire Large White), l’agneau gras (berrichon et Southdown croisés), le petit élevage de basse-cour (poules, canards). Ses vallées, pittoresques, imprégnées du souvenir littéraire de George Sand (la « vallée Noire »), attirent les touristes : Indre autour de La Châtre-Nohant-Vic, Creuse, du lac de Chambon-Eguzon (centrale hydro-électrique de 64 200 kW, 90 GWh par an) à Gargilesse-Dampierre et Argenton-sur-Creuse. Rompant seulement au sud-ouest la zonation régionale, la Brenne offre son charme austère. Ombilic tertiaire comblé de sables et d’argiles détritiques issus du Massif central, mal drainée par la Claise, pauvre, imperméable, elle est le domaine de la lande, des bois, des étangs (pisciculture, chasse). Amendée, elle s’adonne à l’élevage, ovin et bovin. Ses bordures sont plus riantes (gros bétail, porcs, cerisiers autour du Blanc, vignoble de Saint-Gaultier).

L’Indre, important département agricole, associe à son économie un secteur industriel actif (35 920 actifs sur 100 270 en 1968 [36 p. 100] contre 29 p. 100 pour l’agriculture et 35 p. 100 pour les échanges et services). L’industrie y est ancienne. Moins profondément enracinée que dans le Cher voisin, elle ne s’en distingue pas moins par de fortes traditions, dans le textile surtout. À l’ancestral travail de la laine en campagne se sont substitués, restés dispersés ou concentrés en ville, ateliers de confection et de lingerie (Issoudun, Tournon-Saint-Martin), de chemiserie (Châteauroux, Buzançais, Argenton-sur-Creuse, Le Blanc), de tapis et moquettes (Châteauroux). D’autres secteurs demeurent vivaces. La mégisserie et la parcheminerie animent Issoudun et Levroux ; la maroquinerie, Issoudun. Saint-Gaultier fabrique de la chaux, Saint-Genou des porcelaines. Châteauroux possède une biscotterie, trois laiteries. Des apports du dehors, anciens ou récents, soutenus depuis 1917 par diverses formes de décentralisation, ont élargi de nombreuses branches d’activités, dans les industries mécaniques surtout. Principalement localisés à Châteauroux, ils ont aussi gagné les petits centres (cellules d’avions et appareils électriques à Issoudun, imperméables à Argenton-sur-Creuse, articles ménagers à Saint-Benoît-du-Sault). Quatre villes, Issoudun, Argenton-sur-Creuse, Châtillon-sur-Indre, Vatan, emploient plus de la moitié de leur population active dans l’industrie (Issoudun, 65 p. 100).

Le diagnostic humain est plus réservé. L’Indre est un département faiblement peuplé (36 hab. au km2 ; France, 92). Sa population, stagnante depuis l’entre-deux-guerres, accuse entre 1962 et 1968 une baisse de 1,8 p. 100. En proie à l’exode (perte de 3,4 p. 100), démographiquement vieillie (croissance de 1,6 p. 100), elle a perdu en huit ans 7 p. 100 de ruraux sans trouver dans l’accroissement urbain de compensation (+ 5 p. 100). Son taux d’urbanisation est bas : 44 p. 100. Son chef-lieu, Châteauroux, historiquement bien assis (ancienne capitale du bas Berry), géographiquement bien centré, mais limité dans son rôle de carrefour par un axe (Paris-Toulouse) qui manque de grandes radiales, ébranlé en outre, après la fortune d’un moment, par la fermeture d’une base militaire américaine (1949-1967) qui compta jusqu’à 7 000 salariés, est une préfecture de second ordre (57 700 hab., plus 5 p. 100 entre 1962 et 1968). Issoudun (15 692 hab.), Argenton-sur-Creuse (9 828 hab.), Le Blanc (7 350 hab.), La Châtre (6 482 hab.) ne connaissent pas non plus une expansion vigoureuse. Sur un marché du travail qu’encombrent l’arrivée des jeunes, la mécanisation des campagnes, la concentration industrielle, un chômage intense a sévi. L’Indre bénéficie de la part de l’État d’un régime d’aide à la décentralisation croissant du nord au sud.

Y. B.

➙ Berry / Centre / Châteauroux.

Indre-et-Loire. 37

Départ. de la Région Centre ; 6 124 km2 ; 437 870 hab. Ch.-l. Tours*. S.-préf. Chinon et Loches.


Le département, dans le centre-ouest de la France, a été substitué en 1790 à l’ancienne province de Touraine, amputée à l’est, étendue à l’ouest sur l’Anjou et le Poitou. L’Indre-et-Loire est, naturellement, une mosaïque de régions de basse altitude (point culminant : 188 m), fortement individualisées par la diversité de leurs sols et une dense convergence de vallées. Au nord de la Loire, qui le traverse d’est en ouest, des collines de craie altérée en surface donnent, sur des sols lourds d’argile à silex, une Gâtine boisée, longtemps vouée à une polyculture extensive (seigle associé à l’élevage du mouton), aujourd’hui orientée vers la spéculation herbagère (vaches laitières normandes et frisonnes), la pomiculture (Saint-Paterne-Racan), l’aviculture. Des placages de calcaires lacustres (Neuvy-le-Roi, Mettray) et de limon (Château-Renault) portent des céréales. Tout à l’ouest, des dépôts stériles de sables argileux, couverts de forêts (Château-la-Vallière), de bois de pins, d’étangs, propices à la chasse, entourent le riant bassin de Savigné-sur-Lathan (faluns tertiaires coquilliers, élevage laitier).