Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Indonésie (suite)

À Bornéo, comme à Bali*, des sculptures découvertes seules se laissent rattacher à cette période (images de la grotte du Gunung Kombeng ; Bouddha en bronze, apparenté au style indien post-Gupta, de Kota Bangun, etc.). Pour Sumatra, bien moins riche en vestiges que Java, citons les trois bronzes bouddhiques retrouvés dans la rivière Komering, près de Palembang. Sur la péninsule Malaise, les grands Avalokiteśvara en bronze provenant de Vat Brah Dhātu dans Jaya peuvent dater du ixe ou du xe s.


La période de Java-Est (xe - xve s.)

Vers l’an 930, la capitale est transportée dans Java-Est. Au xe s., puis, au xie s., sous le règne javanais de Airlanga, fils du roi de Bali, apparaissent des sanctuaires dont une « piscine funéraire » constitue un élément majeur (sur le Penanggungan, Jalatunda et Belahan ; à Bali, Goa Gajah et le Gunung Kawi) : les eaux saintes issues de la montagne, assimilée au mont Meru de la cosmologie indienne, encore sanctifiées par leur passage à travers les statues verseuses de la piscine (figurant des divinités féminines), vont ensuite irriguer les rizières. Les quatre-vingt-dix statuettes en bronze provenant de Nganjuk, remarquables par leurs formes élégantes, ne doivent pas être antérieures au xe s. et sont peut-être à attribuer au royaume de Kediri (xie-xiie s.), dont on possède fort peu de vestiges monumentaux.

Les temples — funéraires et rattachés à tel ou tel souverain des royaumes successifs de Singasari (xiiie s.) et de Majapahit — présentent, comparés à l’ancien type indo-javanais, divers développements et changements : étirement général en hauteur, modénature tout en bandeaux à arêtes vives, délimitation des motifs décoratifs en médaillons cernés, le plus souvent circulaires, se détachant sur un fond nu, disparition des makara, modification de la tête de kāla (c. Kidal, c. Singasari, c. Bangkal, « temple au millésime » au c. Panataran...). Certains sanctuaires ont pour soubassement une pyramide à trois gradins (c. Singasari, c. Jago, c. Panataran). Les frises en bas relief se développent, faisant tout le tour du sanctuaire ou du soubassement et illustrant des épopées religieuses proprement javanaises, dans une manière généralement très dynamique et familière (c. Jawi, c. Jago, c. Panataran, c. Tigawangi, c. Surawana, etc.). Des différences de style considérables se rencontrent d’un sanctuaire à un autre et même dans un seul sanctuaire, ainsi par exemple entre les éléments du c. Panataran (seconde moitié du xive s. pour la plus grande partie de ce qui en subsiste), sanctuaire non plus centré mais se développant en cours successives le long d’un axe (cf. l’art ultérieur balinais).

La statuaire de Singasari, au modelé encore souple, traduit l’imagerie macabre du bouddhisme et du śivaïsme alors pratiqués à la cour (Ganeśa de Bara, daté de 1239, Cakracakra du musée de Leyde). Les statues funéraires sur fond de stèle de Majapahit se durcissent et s’engoncent peu à peu (Pārvatī provenant du c. Ngrimbi). De beaux bronzes (enseignes, instruments de culte, lampes, miroirs...) ont été retrouvés, ainsi que de très belles terres cuites (pièces ornementales de toiture, figurines humaines, etc.), ces dernières provenant surtout de la capitale, Majapahit. Sur ce même site subsistent quelques sanctuaires (c. Brahu, c. Tikus...) et aussi des portes d’enceinte (Bajang Ratu ; Wringin Lawang, qui est du type « candi bentar » : le passage est une brèche à travers les deux moitiés massives d’une structure en forme de candi, fendue de haut en bas).

Les monuments de Sumatra-Centre, principalement des stūpa, sont encore mal datés ; diverses sculptures (Bhairava de Padang Roco...) illustrent le bouddhisme mahāyānique à rites sanglants d’un vassal de Majapahit.

Au xve s., à Java, les royaumes indianisés cèdent la préséance aux établissements islamisés de la côte nord (Tuban, Leran, Gresik), et les ultimes sanctuaires, dont l’hindouisme est de plus en plus mêlé aux vieilles croyances protohistoriques, se trouvent dans les montagnes (quatre-vingts sites au Penanggungan ; au mont Lawu, le c. Sukuh et le c. Ceta : terrasses successives, pyramides, menhirs et sculptures illustrant des épopées indianisées).


Après le xve siècle

Les mosquées et les cimetières islamiques (Kudus, Sendangduwur, xvie s.) reprennent, en les adaptant et les expurgeant à peine, les formes architecturales et les décors indonésiens (candi pour les minarets, candi bentar pour les portes d’enceinte, etc.).

Les formes artistiques traditionnelles les plus importantes qui se soient perpétuées à Java sont la danse, le théâtre (wayang topeng avec masques, wayang wong), et en particulier le théâtre de marionnettes. Parmi ces dernières, les plus célèbres, plates et en cuir de buffle découpé, peint et doré, correspondent au répertoire le plus ancien (wayang purwa). Les représentations de wayang purwa, accompagnées par un orchestre à percussion, le gamelan, ont encore le caractère de cérémonies religieuses.

Les peintres contemporains javanais ne se réfèrent plus guère au passé artistique de leur pays ; leur art n’est pas resté étranger aux luttes pour l’indépendance ni aux conflits idéologiques. Deux des plus grands sont S. Sujoyono (né en 1913), qui, vers 1930, œuvre pour un art nouveau réaliste, et Affandi (né en 1910), originaire de Jogjakarta, dont la prodigieuse virtuosité, développée à l’école du graphisme japonais, atteint à la force expressive de certaines œuvres de Van Gogh.

A. L. B.

 N. J. Krom, Inleiding tot de Hindoe-Javaansche Kunst (La Haye, 1923). / H. R. Van Heekeren, The Bronze-Iron Age of Indonesia (La Haye, 1957). / A. J. Bernet Kempers, Ancient Indonesian Art (Amsterdam, 1959). / F. A. Wagner, Indonésie, l’art d’un archipel (trad. du néerlandais, A. Michel, 1961). / C. Holt, Art in Indonesia. Continuities and Change (Ithaca, N. Y. 1967). / T. Bodrogi, l’Art de l’Indonésie (Cercle d’art, 1972).

Indre. 36

Départ. de la Région Centre ; 6 778 km2 ; 247 178 hab. Ch.-l. Châteauroux*. S.-préf. Le Blanc, La Châtre, Issoudun.


Il a été découpé en 1790 dans les anciennes provinces du Berry, de Touraine, du Poitou et de la Marche.