Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Anatolie (suite)

L’hellénisation de l’Anatolie (viie s. av. - iie s. apr. J.-C.)

L’apparition, à partir du viie s., d’écritures inspirées du modèle hellénique, de monuments funéraires originaux ou de petits États révèle à l’historien les autres communautés culturelles de l’Anatolie du Ier millénaire av. J.-C. : sur la côte de la mer Noire, les Bithyniens, les Paphlagoniens ; dans la partie sud de l’Anatolie, les Cariens, les Lyciens, les Pisidiens, les Pamphyliens, les peuples de Cilicie. La domination perse fondée par Cyrus ne s’impose en Anatolie que dans les régions d’accès commode et laisse persister la marqueterie politique et culturelle de la péninsule ; si la colonie perse en Cappadoce et au Pont s’impose comme une aristocratie locale, les Achéménides n’entravent pas la formation de nouvelles principautés en Bithynie et en Paphlagonie. Après les Perses, la dynastie gréco-macédonienne des Séleucides (iiie-ier s. av. J.-C.) doit, plus rapidement et de façon plus étendue, abandonner l’Anatolie aux rois locaux. Pendant ce temps, l’hellénisation, commencée dès le viie s., triomphe peu à peu des cultures indigènes ; mais la persistance des dynasties sacerdotales, des noms propres à racine louwite en Lycie et en Cilicie montagneuse, de l’emploi du phrygien dans les inscriptions funéraires (jusqu’au iie s. apr. J.-C.) montre la résistance du vieux fonds culturel anatolien. Ainsi se constitue une Grèce d’Asie, appelée à constituer la base de la puissance byzantine, avant d’être annihilée par l’expansion des Turcs (xie-xxe s.), qui, à partir d’Atatürk, remettront en honneur le souvenir des peuples anatoliens antérieurs aux Grecs.

Textes historiques

À Kanesh (Cappadoce, xviiie s.), inscription sur un poignard : « Palais d’Anitta Roi. »

À Van (Ourarthou, ixe s.), inscription sur un mur : « Inscription de Sardouri, fils de Loutipri, roi superbe, roi puissant, roi de l’univers, roi du pays de Naïri, roi qui n’a pas d’égal, pasteur admirable, qui ne craint aucun combat, roi qui a abaissé ceux qui ne voulaient pas se soumettre à son autorité. À moi Sardouri, fils de Loutipri, roi des rois, tous les rois me font porter le tribut. Sardouri, fils de Loutipri, dit : ce calcaire, je me le suis procuré dans la ville d’Alniounou ; j’ai élevé ce mur. »

La tradition grecque concernant la fin de Midas : « Les Cimmériens ont à plusieurs reprises envahi les provinces qui s’étendent à la droite du Pont, soit la Paphlagonie, soit même la Phrygie, l’une de ces incursions en ce dernier pays coïncidant précisément avec l’époque où le roi Midas mit fin, dit-on, à ses jours en buvant du sang de taureau. » (Strabon, Géographie, I, III, 21.)

Les sujets de Crésus, d’après un auteur grec : « Presque tous les peuples habitant en deçà du fleuve Halys avaient été soumis ; excepté les Ciliciens et les Lyciens, Crésus avait soumis et tenait en sa sujétion tous les autres : Lydiens, Paphlagoniens, Mysiens, Mariandyniens, Chalybes, Thraces Thyniens et Thraces Bithyniens, Cariens, Ioniens, Doriens, Éoliens, Pamphyliens. » (Hérodote, I, 28.)

G. L.

➙ Arménie / Assyrie / Cappadoce / Hittites / Iran / Mésopotamie / Phrygie / Syrie / Turquie.

 C. W. Blegen, Troy (Cambridge Ancient History, no 1, 1961). / J. Mellaart, Anatolia c. 4000-2300 B.C. (Cambridge Ancient History, no 8, 1962) ; Anatolia before c. 4000 B.C. and c. 2300-1750 B.C. (Cambridge Ancient History, no 20, 1964) ; Earliest Civilizations of the Near East (Londres, 1965 ; trad. fr. Villes primitives d’Asie Mineure. Les premières civilisations, Sequoia-Elsevier, Bruxelles, 1969). / P. Garelli, les Assyriens en Cappadoce (A. Maisonneuve, 1963) ; le Proche-Orient asiatique des origines aux invasions des Peuples de la mer (P. U. F., coll. « Nouvelle Clio », 1969). / E. Akurgal, Orient und Okzident, die Geburt der griechischen Kunst (Baden-Baden, 1966 ; trad. fr. Orient et Occident, A. Michel, 1969). / R. D. Barnett, Phrygia and the Peoples of Anatolia in the Iron Age (Cambridge Ancient History, no 56, 1967). / S. Lloyd, Early Highland Peoples of Anatolia (Londres, 1967). / U. Bahadir Alkim, Anatolie I (Nagel, 1968). / H. Metzger, Anatolie II (Nagel, 1968). / B. Piotrovsky, Ourartou (Nagel, 1969).
Catalogue. L’Art au pays des Hittites (exposition du Petit-Palais, 1964 ; édité par la Réunion des musées nationaux, 1964).

anatomie

Science qui étudie la structure des êtres vivants, par opposition à celle qui étudie leur fonctionnement.



Définition et domaine

Le terme d’anatomie a vraisemblablement été créé par Théophraste, élève d’Aristote, et appliqué au monde végétal. Il provient du verbe grec anatemnein, qui signifie « disséquer ». L’anatomie est donc, au sens propre, l’étude de la structure des animaux (anatomie) ou des végétaux (anatomie végétale), telle qu’elle apparaît à la suite de la dissection.

Le sens moderne du terme s’est assez nettement éloigné de ce sens originel, et cela pour des raisons diverses, qui proviennent des progrès réalisés dans les méthodes d’étude elles-mêmes. C’est ainsi que lorsque les moyens d’investigation ont repoussé les limites du visible, notamment grâce à l’invention de la loupe, puis du microscope, il a fallu distinguer l’anatomie macroscopique (visible à l’œil nu) de l’anatomie microscopique. Cette dernière est souvent, et à tort, confondue avec l’histologie, qui est l’étude des tissus dont sont composés les divers organes, et quelquefois avec la cytologie, qui est l’étude des cellules dont sont constitués les tissus.

D’autres progrès techniques ont entraîné la naissance de nouvelles branches de l’anatomie. On peut ainsi parler d’anatomie radiologique, avec l’utilisation des rayons X, ou d’anatomie biochimique, avec la localisation d’un certain nombre de constituants chimiques de la matière vivante.