Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Inde (suite)

La saison sèche et fraîche

De décembre à février, le temps sur l’Inde est sec et beau, relativement frais (très relativement dans le Sud, beaucoup plus nettement dans le Nord, où les nuits peuvent connaître des températures de 4 à 5 °C, parfois des gelées).

La circulation atmosphérique est simple et régulière. Tous les jours, les vents sont dirigés des cellules de hautes pressions subtropicales. Le centre de l’anticyclone indien se trouve en général dans la région de Bombay : les vents soufflent donc de l’ouest sur le nord de l’Inde, puis ils passent à nord-ouest, à nord et enfin à nord-est sur la baie du Bengale. Les vents de nord-est sur la baie du Bengale se prolongent ensuite sur le sud de l’océan Indien. Ils ont depuis longtemps attiré l’attention des marins, qui les désignent sous le nom de mousson du nord-est, ou mousson d’hiver.

Cette situation explique la sécheresse de l’hiver. D’une part, l’air qui circule autour d’un anticyclone n’est jamais le siège d’ascendances : il ne peut donc pas s’y produire de condensations de vapeur d’eau, et il n’y a ni nuages ni pluies. D’autre part, l’air arrive de régions continentales (plateau iranien, Moyen-Orient) : il est donc sec. Cependant, sur la marge septentrionale du monde indien, quelques perturbations en provenance de la Méditerranée peuvent arriver et donner des pluies sur le nord-ouest de l’Himālaya ainsi que dans la plaine du Gange.

Mais, dans le reste du pays, le ciel est perpétuellement clair, les journées sont chaudes (autour de 30 °C dans le Sud et de 20 °C dans le Nord), et les nuits fraîches (autour de 20 °C dans le Sud et de 5 à 10 °C dans le Nord).


La saison très chaude et sèche

Les mois de mars, d’avril, de mai et parfois de juin sont caractérisés par le maintien de la sécheresse et par une augmentation très nette de la température : les moyennes des maximums (températures du jour) sont supérieures à 35 °C, atteignant 40 °C, voire 45 °C sur les régions intérieures. Les nuits sont aussi très chaudes, généralement entre 25 et 30 °C.

Quelques régions du monde indien commencent, cependant, à connaître un temps un peu différent : des pluies se produisent en effet dans l’extrême Sud et sur le Nord-Est (Bengale et Assam). Dans ces régions, la saison des pluies débute ainsi à la fin d’avril ou dans le courant de mai.

La sécheresse et la chaleur s’expliquent par le maintien de la circulation de type hivernal, alors que l’activité solaire augmente et fait sentir fortement ses effets sous les ciels maintenus clairs justement par l’existence des anticyclones.

Les pluies encore limitées s’expliquent par l’apparition, dans les basses couches de l’atmosphère, d’une aire de basses pressions centrée au sud de la péninsule indienne. Cette dépression dirige des vents d’ouest dans les régions méridionales et des vents du sud sur la baie du Bengale ; ces vents sont chargés d’humidité, puisqu’ils atteignent les côtes de l’Inde du Sud et du Bengale après avoir traversé des surfaces marines.


La saison des pluies

Les pluies se généralisent au cours de juillet et durent sur la majeure partie de l’Inde en août et en septembre. Ce changement fondamental est dû à une réorganisation complète de la circulation atmosphérique.

Celle-ci est dominée alors par une grande dépression semi-permanente, très creuse, installée sur le nord-ouest du monde indien. Certains jours, cette dépression se prolonge vers l’est par un axe de basses pressions qui s’étend le long de la bordure méridionale de la plaine du Gange, en direction de la baie du Bengale.

Au sud de la dépression et de l’axe dépressionnaire, la pression remonte jusqu’à l’équateur, puis, au-delà, jusqu’aux anticyclones subtropicaux de l’hémisphère Sud (cellules de hautes pressions alignées vers 25 à 30° de lat. S.). Un énorme courant aérien est déterminé par ce champ de pression. Il commence par un vent de sud-est dans l’hémisphère Sud ; arrivé à l’équateur, ce vent le franchit, puis l’air souffle d’ouest à sud-ouest et atteint ainsi l’Inde. Le vent traverse alors la péninsule, atteint la baie du Bengale, s’avance vers le nord, puis remonte la plaine du Gange comme un vent d’est.

Parfois, la situation est un peu plus complexe. De la baie du Bengale à l’Inde du Nord-Ouest, il y a en effet souvent des dépressions mobiles, qui parcourent cet axe en trois à six jours. Il apparaît alors un tourbillon de vents, lié à l’existence de ce centre dépressionnaire mobile, ce qui vient compliquer un peu le schéma. De telles dépressions apparaissent entre trois et six fois par mois, si bien qu’elles sont présentes deux jours sur trois et sont un élément essentiel de la circulation.

Celle-ci explique assez bien un certain nombre de faits majeurs. Tout d’abord le fait que les pluies sont quasi générales sur l’Inde. En effet, le courant décrit ci-dessus accomplit un très long trajet sur des mers chaudes et se charge d’une quantité énorme de vapeur d’eau. D’autre part, les reliefs et les dépressions mobiles déclenchent dans ce courant mobile humide des ascendances qui déterminent des précipitations.

Mais cette circulation explique aussi l’inégale répartition des pluies. Celles-ci sont importantes et fréquentes surtout là où les ascendances se déclenchent le plus souvent, c’est-à-dire d’abord au vent de tous les reliefs (Ghāts de l’Ouest, montagnes du nord-est de la péninsule, bordure du plateau de Shillong et de l’Himālaya) et ensuite dans toutes les régions où le courant humide est perturbé, notamment par les dépressions mobiles, qui sont de véritables cheminées d’ascendance tourbillonnaire.

Il pleut, par contre, beaucoup moins là où l’air humide n’est pas entraîné par des ascendances, c’est-à-dire là où il n’y a ni perturbations atmosphériques, ni reliefs importants. C’est le cas pour les plateaux de tout l’est et du centre de la péninsule ainsi que pour les côtes méridionales de la baie du Bengale. Il y a aussi des régions qui ne sont pas atteintes par l’air humide : c’est le cas du nord-ouest du monde indien, atteint très indirectement par la mousson après un long détour sur des surfaces continentales.

C’est pendant cette saison qu’est acquise la répartition des régions sèches et arrosées résultant donc du fonctionnement d’un système assez complexe, dont l’élément essentiel est le grand courant humide de la « mousson d’été ».

Ce système fonctionne pendant les mois d’été, mais pas avec une régularité complète. En effet, certaines années, les pluies sont moins abondantes que d’habitude dans le nord de l’Inde. Il en résulte des sécheresses qui peuvent être catastrophiques dans un pays surtout agricole.