Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Ieyasu (Tokugawa) (suite)

Afin d’administrer plus sûrement les turbulents seigneurs, il leur avait imposé une sorte de code de comportement : Buke-shohatto, ou « Règles des maisons militaires », qui limitait leurs possibilités d’action. Il fit développer sa marine grâce à l’aide d’un naufragé anglais, Will Adams, et prit comme conseiller un habile marchand, Honda Masanobu, et comme confident un philosophe confucéen de grand renom, Hayashi Razan (ou Dōshun, 1583-1657) ; il s’entoura en outre de quelques moines savants. Mais, pour des raisons politiques, en 1614, il déclara illégale la religion chrétienne et fit détruire toutes les églises, considérant que les doctrines chrétiennes allaient à l’encontre des prescriptions du Buke-shohatto. Bien qu’il n’ait pas lui-même fait œuvre de législateur, il peut être considéré comme le père du Japon, ayant réussi pour la première fois à unifier les îles et à leur donner un gouvernement unique. Pour deux cent cinquante ans, grâce à lui, le Japon connaîtra une paix relative, celle des Tokugawa.

L. F.

➙ Japon.

Ife

V. du Nigeria.


Ife est l’ancienne capitale spirituelle du pays yorouba (sud-ouest du Nigeria) et le site archéologique le plus important de toute l’Afrique occidentale.

Les mythes yoroubas placent à Ife la création du monde. C’est là qu’Odoudoua, fils du dieu suprême Olorun, déversa sur l’océan primordial la poignée de sable qui fut à l’origine de la Terre, et sur laquelle apparut l’humanité. Les rois des différentes cités yoroubas (l’alafin d’Oyo, l’alakétou de Kétou, l’olowou d’Owou, etc.) ainsi que l’oba du Bénin*, selon une légende qui dissimulait peut-être une conquête de son pays par les Yoroubas, prétendaient descendre des fils d’Odoudoua et recevaient de l’oni (roi) d’Ife, lui aussi descendant d’Odoudoua, une sorte d’investiture spirituelle au moment de leur intronisation.

Ife, qui n’était connue que des anthropologues, devint mondialement célèbre à la suite de la découverte, en 1938, à l’occasion d’un chantier de construction, de treize têtes de bronze, ou, plus exactement, de laiton, de grandeur nature. Ces têtes firent songer, par leur naturalisme idéalisé, au classicisme grec à son apogée, mais leur beauté, leur sensibilité étaient puissamment originales. Depuis, les découvertes dues au hasard ou à des fouilles systématiques se sont multipliées à Ife même et dans ses environs immédiats. On a trouvé : des bronzes, mais aussi des statues de terre cuite, plus nombreuses et d’un style plus varié ; des monolithes, comme le bâton d’Oranmiyan (du nom du fondateur des lignages royaux d’Oyo et du Bénin), mince aiguille haute de plus de 6 mètres ; enfin des autels et des sièges sculptés dans la pierre, surtout le quartz.

Les Portugais avaient entendu parler d’Ife, au xvie s., comme d’un centre religieux, mais les Européens n’eurent une connaissance directe de la cité qu’à partir du milieu du xixe s., et son histoire a donné lieu aux spéculations les plus étonnantes. L’anthropologue Leo Frobenius (1873-1938), par exemple, en faisait en 1910 une colonie fondée au xiiie s. av. J.-C. par des navigateurs venus de la Méditerranée. Le mythe grec de l’Atlantide aurait conservé le souvenir non d’un continent englouti, mais d’une route oubliée... La découverte, en 1943, sur le plateau central nigérian, des terres cuites de Nok, datées au carbone 14 de 900 av. J.-C. à 200 apr. J.-C., a au moins permis de créditer la civilisation d’Ife d’un précurseur africain.

Au total, l’obscurité reste épaisse. L’interprétation des mythes, les chronologies fondées sur les listes dynastiques, les comparaisons stylistiques avec le Bénin, mieux connu, aboutissent à des résultats extrêmement fragiles. Par ces méthodes, on a daté les célèbres têtes de bronze d’Ife des xiiie-xive s. apr. J.-C. Cette hypothèse généralement admise laisse un trou chronologique fort gênant de plus d’un millénaire avec la civilisation de Nok. Par ailleurs, l’évidence de l’antériorité d’Ife par rapport au Bénin, sur laquelle cette date repose, a été elle-même récemment remise en question.

Les plus grands espoirs sont fondés sur la datation par la thermoluminescence des fragments de poterie qu’on trouve en abondance. Mais, pour que la datation des tessons soit utile à celle des bronzes, il faudrait que les sites n’aient pas été bouleversés. Or, au cours des cérémonies religieuses, les statues préalablement enterrées sont déterrées et réenterrées. Aucun des sites supposés anciens des autels fouillés jusqu’à présent à Ife ne remonte à plus d’un siècle. Toutefois, on peut espérer progresser à la fois par la mise au point de nouveaux procédés de datation et par l’exploration de nouveaux sites dans les régions voisines, en particulier au Noupé (au nord du pays yorouba), où l’on a trouvé des bronzes aussi mystérieux que ceux d’Ife.

D. B.

➙ Afrique noire / Nigeria.

 D. Forde, The Yoruba-Speaking Peoples of South-Western Nigeria (Oxford, 1951). / W. B. Fagg, Nigerian Images (Londres, 1963). / M. Leiris et J. Delange, Afrique noire, la création plastique (Gallimard, 1967). / A. F. C. Ryder, A Reconsideration of the Ife Benin Relationship (Londres, 1967). / F. Willett, Ife in the History of West African Sculpture (Londres, 1967 ; trad. fr. Ife, une civilisation africaine, Tallandier, 1971).

Ignace de Loyola (saint)

Fondateur de la Compagnie de Jésus (Azpeitia 1491? - Rome 1556).



La période mondaine : v. 1491-1521

Íñigo naît au château de Loyola, près d’Azpeitia : il est le treizième enfant de Beltrán Yáñez de Oñaz y Loyola. Page de Juan Velázquez de Cuéllar, grand financier du roi, il fréquente la Cour. À la mort de Velázquez, il entre au service du vice-roi de Navarre et défend Pampelune, qu’assiègent les Français : il est grièvement blessé le 20 mai 1521. C’est alors un jeune gentilhomme dur au combat et de foi vigoureuse, mais non moins ardent dans les affaires d’amour.