Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I
I

Iacopo della Quercia

Sculpteur italien (Sienne v. 1374 - id. 1438).


Fils d’un peintre, Iacopo della Quercia reçut sa première formation dans un milieu artistique encore très attaché aux formules de l’art gothique* « international » de la fin du xive s. On sait qu’en 1401 il participa au concours organisé à Florence pour l’exécution de la seconde porte du baptistère, concours dont Ghiberti* fut proclamé vainqueur. En 1408, il signe une Vierge à l’Enfant, conservée à la cathédrale de Ferrare. Dès 1409, il travaille à ce qui sera l’œuvre majeure de sa vie, la Fonte Gaia, sur la piazza del Campo de Sienne. Le programme, d’abord assez modeste (sept bas-reliefs représentant la Vierge et des figures de Vertus), fut amplifié en 1416 et terminé en 1419 ; mais les sculptures originales, très érodées, ont été remplacées au xixe s. par des copies et déposées au Palazzo pubblico.

C’est probablement en 1413 (et non en 1406-07, date traditionnellement avancée) qu’il faut placer l’exécution du gisant d’Ilaria del Carretto à la cathédrale San Martino de Lucques, complété sans doute après 1430 par un sarcophage orné de putti et de guirlandes. De 1413 également datent quelques autres sculptures pour la cathédrale (cinq têtes décoratives) ainsi que le début des travaux de la chapelle Trenta à San Frediano, interrompus à la suite d’un scandale qui obligea Iacopo à quitter Lucques. Le grand polyptyque de marbre qui formait l’ornement principal de cette chapelle ne fut terminé qu’en 1422.

En 1425, alors que les travaux entrepris au baptistère auraient dû le retenir à Sienne, Iacopo reçoit la commande du portail principal de San Petronio de Bologne. Malgré les difficultés inévitables dues à l’éloignement de ses deux chantiers, il réalise dans cette œuvre — restée inachevée du fait de sa mort — l’un des ensembles les plus étonnants du quattrocento italien. D’un modelé à la fois mobile et puissant, les scènes de la Genèse sculptées aux piédroits du portail ont, semble-t-il, fortement marqué Michel-Ange* dans sa jeunesse.

À côté de ces œuvres certaines et de quelques autres sculptures moins importantes (Annonciation de San Gimignano ; reliefs pour les fonts baptismaux de Sienne, 1427-1430), il existe un certain nombre de pièces apparentées à l’art de Iacopo. Si le San Leonardo de Massa-Carrara est probablement de sa main, la Vierge d’humilité de Washington est sans doute de Giovanni Turino (v. 1385-1455), et l’on a récemment attribué la grande Madone en bois du Louvre à Antonio Federighi († 1490). Iacopo, par son mépris des effets spatiaux, son goût pour les masses denses fait, dans l’évolution de la première Renaissance italienne, figure d’anti-Donatello*. Sa forte personnalité a un peu rejeté dans l’ombre les autres sculpteurs siennois contemporains, dont certains, comme Francesco di Valdambrino (1re moitié du xve s.), il Vecchietta (v. 1412-1480) ou Neroccio de’ Landi (1447-1500), attestent l’importance de Sienne comme foyer artistique voisin, mais distinct, de Florence.

J. R. G.

 O. Morisani, Jacopo della Quercia (Milan, 1962). / A. Bertini, L’Opera di Jacopo della Quercia (Turin, 1965). / C. Del Bravo, Scultura senese del Quattrocento (Florence, 1970).

Iaroslavl

V. d’U. R. S. S., sur la Volga supérieure.



La situation

Située en aval du barrage-réservoir de Rybinsk, à 250 km environ au nord-est de Moscou, sur la voie ferrée Moscou-Arkhangelsk, Iaroslavl comptait 517 000 habitants en 1970 (407 000 en 1959). C’est l’une des plus anciennes villes de la Moscovie. Au centre d’une des belles clairières de la grande forêt, elle assurait le trafic fluvial sur la Volga supérieure et ravitaillait en bois et en poissons les villes voisines. Siège d’industries locales (bois, cuir, céramique), elle devint l’un des centres textiles les plus importants à partir de Pierre le Grand. La manufacture de toiles, à la fin du xviiie s., était considérée comme la plus grande de toute l’Europe orientale. Les capitaux de la bourgeoisie locale et étrangère s’y investirent au cours du xviiie s. : de nouvelles filatures et des tissages de coton et de laine s’ajoutèrent à la première manufacture. La population s’élevait à 70 000 habitants au premier grand recensement de 1897. La ville ancienne, étalée au bord du fleuve, est toujours reconnaissable. Son plan radial a été conçu de telle façon que toutes les avenues aboutissent à un monument ou à une église. Le régime soviétique, au cours des deux premiers plans, mais surtout depuis 1945, a modernisé le textile et implanté des activités plus modernes : une grande usine de montage automobile, sous la dépendance de l’industrie moscovite, une raffinerie de pétrole et un combinat pétrochimique avec, notamment, l’une des plus grandes usines de caoutchouc synthétique de l’Union, la matière première, naphte et gaz naturel, étant livrée par un oléoduc et un gazoduc en provenance des gisements de Second-Bakou (république de Bachkirie) et se prolongeant en direction du combinat sidérurgique de Tcherepovets (au nord-ouest). Ainsi s’est étendue une ville moderne, qui s’accroît à un rythme un peu inférieur à celui de la moyenne des villes de plus de 500 000 habitants, mais qui rayonne sur une province (oblast) de plus de 1 400 000 habitants, dont 70 p. 100 sont urbanisés et où se dispersent de nouvelles industries du bois, de la papeterie, des constructions mécaniques. Le port de Iaroslavl est un relais important dans le système des Cinq Mers.

A. B.


L’histoire

Iaroslavl fut fondée vers 1025 par Iaroslav Vladimirovitch dit le Sage (978-1054). Prince de Novgorod en 1015 à la mort de son père, saint Vladimir, puis grand prince de Kiev en 1019, Iaroslav dut lutter contre ses frères pour établir son pouvoir. Il combattit victorieusement les Petchenègues, consolida le christianisme en Russie et entretint de bons rapports avec l’Occident (mariage de sa fille Anne avec le roi de France Henri Ier).